Droit de cité : la plus haute distinction pour les 30 ans du pénitencier

Par Jean-Christophe Beaulieu 20 septembre 2018
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Le maire de Port-Cartier, Alain Thibault, saluant un membre de la parade protocolaire.

La plus haute distinction vient d’être accordée au pénitencier de Port-Cartier par la municipalité. C‘est le premier établissement de l’histoire de Service correctionnel Canada à obtenir le «droit de cité» au Québec.

Tout le personnel du pénitencier de Port-Cartier a défilé dans les rues de la ville le 19 septembre. Au son des tambours de parade, ils se sont rendus jusqu’aux portes de la mairie pour demander le «droit de cité », la plus haute distinction qu’une municipalité puisse accorder à un organisme militaire ou de protection du public. Pour faire le parallèle, cela correspond à donner les «clés de la ville» à un individu. Michaël Bond, gestionnaire correctionnel à l’établissement de Port-Cartier, rappelle les origines de cette démarche.

«Historiquement parlant, c’est une tradition qui remonte à quelques siècles. Lorsque des armées se déplaçaient de ville en ville, il arrivait qu’elles se fassent confronter par le chef de la police locale en arrivant aux portes de certaines cités», raconte-t-il. «Le chef de la police leur demandait alors de décliner leur identité et le but de leur venue. Il escortait ensuite le chef de l’armée en question jusqu’au maire de la ville. Lorsque le maire et les citoyens étaient convaincus qu’ils ne représentaient aucun danger pour eux, ils les laissaient passer au travers de la ville avec leurs drapeaux, tambours et tout leur arsenal. C’était le droit de cité», explique M. Bond.

C’est ce qui s’est déroulé, de manière symbolique, alors que le personnel du pénitencier s’est fait escorter par le chef de police vers la mairie. Le maire de Port-Cartier, impressionné par l’ampleur de l’évènement, se dit particulièrement fier.

«C’était protocolaire et solennel, mais aussi très beau. J’étais surtout ravi de voir ma fille à travers le défilé. J’ai salué chacun des membres présents et quand je suis arrivé à elle, on était tous les deux émus. Le père était fier de sa fille», affirme Alain Thibault.

En 1988

Le pénitencier de Port-Cartier est arrivé à un moment clé sur la Côte-Nord. L’économie régionale était dans un creux rappelle, Michaël Bond.

«À la fin des années 80, c’était la crise du bois et du fer. Le gouvernement Mulroney, pour relancer l’économie de la région, avait pris la décision de construire un pénitencier fédéral sur le territoire. Ça amenait son lot d’emplois stables, qui ne risquaient pas d’être impactés par les marchés économiques et boursiers. Ça amenait aussi des salaires élevés pour l’époque», souligne-t-il.

Si le droit de cité a été accordé par la Ville de Port-Cartier, c’est en bonne partie pour reconnaitre les 30 années d’opération de l’établissement de détention. C’est d’ailleurs la première fois au Québec que cette mention est accordée. Une reconnaissance méritée, selon Alain Thibault.

Le défilé a eu lieu dans l’après-midi du 19 septembre. (Photo : Le Nord-Côtier)

«C’est 300 emplois bien rémunérés dans la communauté, ça contribue à l’économie locale et régionale. C’est sans compter que ça rapporte des taxes à la municipalité. Outre ça, c’est une fierté pour Port-Cartier d’avoir cet établissement sur le territoire. Je tiens à les remercier et à souhaiter une bonne retraite à la directrice qui quitte à la fin du mois», mentionne le maire de Port-Cartier.

 

 

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