Dossier Oreilles dégourdies: Où sont les jeunes?

Par Éditions Nordiques 3 avril 2012
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Bien que se déroulant depuis quatre saisons à l’auditorium du Cégep de Sept-Îles, le public des Oreilles dégourdies n’est pas principalement composé de cégépiens, ni même des jeunes de moins de 25 ans. Et là se trouve la plus grande question pour les diffuseurs: comment rejoindre les jeunes?

Elle-même au Cégep de Sept-Îles, et ambassadrice pour la Salle Jean-Marc-Dion au Cégep (via le programme des Transmetteurs culturels), Amélie Whittom ne comprend pas plus certains préjugés qu’ont ses amis. Certains croient qu’il faut s’habiller, chic pour aller voir un spectacle, d’autres croient que c’est très solennel. «Ils voient ça plus gros que c’est», dit cette mordue de musique.

Il y a certainement les goûts musicaux qui entrent en ligne de compte. «Ils ont dans leur iPod des tounes qui jouent dans les bars. Le reste, ils trouvent ça bizarre. C’est difficile d’élargir les goûts musicaux.» Et parmi ceux qui aimeraient les artistes proposés dans la série des Oreilles dégourdies, plusieurs doivent alors jongler avec les études, les devoirs, le travail. Bref, la sortie peut facilement devenir secondaire.

Dur à intéresser
Technicien en loisir au Cégep de Sept-Îles, Pierre-Étienne Beausoleil admet qu’il est parfois difficile d’intéresser les jeunes. Son institution a même arrêté de présenter des conférences… parce que les jeunes ne venaient pas. Selon lui, il faudrait une meilleure intégration avec les cours. Par exemple, cet hiver, le professeur de français Jérôme Guénette a intégré les poèmes de Gaston Miron et le spectacle de Gilles Bélanger (qui chante Miron) dans son cours. Du coup, des dizaines d’étudiants ont assisté à ce spectacle présenté dans le cadre des Oreilles dégourdies.

Dans son cours en arts et lettres, Fannie Dubeau a aussi obligé ses élèves à aller voir un spectacle d’un artiste qu’ils ne connaissaient pas et devaient écrire une critique. Plusieurs élèves ont pu faire des découvertes grâce à ce devoir. Elle ne doute pas qu’une telle intégration officielle dans les cours du Cégep, comme il se fait au Cégep de la Gaspésie et des Îles, aiderait à intéresser les jeunes à la culture. Pour le moment, à Sept-Îles, ce type de mariage se fait grâce à la volonté du professeur.

Initier dès le primaire
Pour l’actuel directeur général de la Salle Jean-Marc-Dion, Stéphan Dubé, il faut initier les jeunes à la culture dès le primaire. En fait, en théorie, le ministère de l’Éducation des Loisirs et des Sports oblige tous les jeunes à assister à un spectacle culturel par année. Mais les chiffres qu’a recueillis Stéphan dans un récent sondage démontrent que c’est tout autre dans la pratique. À peine une centaine de jeunes des polyvalentes Manikoutai et Jean-du-Nord avaient vu un spectacle. Stéphan compte bien augmenter la participation des groupes scolaires.

«Sans rien enlever au sport, nuance en partant Pierre-Étienne, mais le sport est omniprésent, on donne parfois des congés pédagogiques pour des évènements sportifs, pourquoi pas la même chose pour la culture?» Selon Stéphan, une initiation dès le primaire permettrait au moins de faire tomber tous les préjugés évoqués par Amélie Whittom.

Voir aussi, dans le Dossier Oreilles dégourdies:
Dur dur de présenter des artistes émergents en région éloignée
Et si Sept-Îles avait son propre festival?
Sept-ÎLes et Port-Cartier, deux habitudes bien différentes
Sortir du cadre habituel

Photo: Fannie Dubeau

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