Décision de la CRT: La CSN se réjouit, la FTQ conteste

Par Fanny Lévesque 2 avril 2013
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La Commission des relations du travail (CRT) donne raison à Harold Richard, un travailleur de la construction qui affirmait avoir été victime de discrimination syndicale après avoir perdu son emploi à la suite de son adhésion à la CSN-Construction en 2009. La plainte visait l’entreprise, Équipements Nordiques et la FTQ-Construction.

La commissaire, Kim Legault, conclut que l’agent d’affaires de la FTQ-Construction, représentant de l’Union des opérateurs de machinerie lourde, section locale 791, Bernard Gauthier, a exercé des pressions auprès de Nordiques pour l’inciter à mettre à pied le plaignant. Selon elle, l’entreprise a ainsi cédé à Bernard Gauthier et à Michel Bezeau, représentant de l’Association des manœuvres internationaux, son droit de gérance en matière d’embauche et de mise à pied de sa main-d’œuvre.

La CRT va même plus loin en affirmant que les représentants syndicaux ont mis sur pied un système de placement impliquant les employeurs de la Côte-Nord et que «ce système ne laisse aucune latitude à ces employeurs, dont Nordiques, dans la sélection de cette main-d’œuvre ni dans le choix du moment de son embauche ou de sa mise à pied.»

Victoire pour les travailleurs
La CSN-Construction, qui a qualifié la décision de «victoire pour tous les travailleurs de la construction», s’est réjouie que la Commission confirme l’existence d’un climat d’intimidation et de discrimination sur les chantiers nord-côtiers, comme tentait de le démontrer depuis plusieurs mois la centrale syndicale.

«Ça fait des années qu’un tel climat règne sur la Côte-Nord. Espérons que cette décision permettra à tous les travailleurs et les travailleuses honnêtes de gagner leur vie sans avoir à subir de telles pressions», s’est exclamé le président de la CSN-Construction, Pierre Brassard, qui a salué le courage d’Harold Richard et de tous les travailleurs qui ont dénoncé «le régime de terreur qui prévaut sur certains chantiers.»

Selon la CSN-Construction, les conclusions de la CRT mettent en lumière toute la pertinence de l’application de la Loi 33, qui mettra un terme au placement syndical. L’organisation réitère que la Commission de la construction du Québec est amplement qualifiée pour devenir «l’unique intermédiaire entre les entrepreneurs et les syndicats, afin d’éviter que des pratiques discriminatoires se poursuivent.»

La FTQ conteste
Dans un court communiqué, la FTQ-Construction affirme qu’elle étudie les moyens pour contester la décision de la Commission des relations du travail. La centrale syndicale demeure convaincue que la preuve ne démontre pas la culpabilité de l’organisation dans le dossier. «Notre organisation n’a jamais encouragé l’intimidation et ne le fera jamais», a soulevé le directeur général de la FTQ-Construction, Yves Ouellet.

Loi sur les relations du travail
Dans sa décision rendue le 27 mars, la commissaire déclare que la mise à pied du plaignant par Équipements Nordiques et les agissements de Bernard Gauthier, aussi appelé Rambo, contreviennent à la Loi sur les relations du travail et la formation professionnelle dans l’industrie de la construction.

Rejoint au téléphone, l’agent d’affaires, Bernard Gauthier, n’a pas voulu commenter la décision. Le directeur de l’entreprise Équipements Nordiques, Michel Lessard, a indiqué pour sa part qu’il attendait les recommandations de son avocat, qui était en déplacements mardi, avant d’émettre des commentaires.

La Commission a également dit réserver «sa compétence pour décider, si nécessaire, des mesures de réparation.» Harold Richard demande à réintégrer son emploi, le paiement du salaire et des avantages perdus. Le plaignant réclame aussi 50 000$ à la FTQ-Construction pour dommages et intérêts.

Photo: Le plaignant Harold Richard en compagnie de son avocat lors de l’audition de sa plainte, en 2011. (Photo : archives – Le Nord-Côtier)

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