Chantier de la rivière Romaine : une autre méga poursuite intentée contre Hydro-Québec

Par Mathieu Morasse 8:00 AM - 3 juillet 2019
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Pour une première année d’ouverture, près de 3 000 visiteurs se sont rendus jusqu’à l’est de Havre-Saint-Pierre pour découvrir la centrale Romaine-1, ouverte au grand public au début de l’été 2019.

L’entrepreneur général Pomerleau Inc. réclame près de 21 M$ contre Hydro-Québec en lien avec des travaux à la centrale Romaine-1. Il s’agit d’une nouvelle poursuite contre la société d’État qui a déjà été jugée de mauvaise foi dans un autre litige de 63 M$ intenté par Construction Polaris.

En août 2013, Pomerleau a décroché un contrat de 51,8 M$ auprès d’Hydro-Québec pour fournir et installer des systèmes mécaniques, électriques, de commande et d’architecture pour la centrale Romaine-1, au nord de Havre-Saint-Pierre.

Dans sa demande déposée au palais de justice de Montréal le 14 juin, Pomerleau allègue qu’Hydro-Québec a demandé des travaux additionnels de 2,1 M$ avant même le début des travaux au printemps 2014.

Par la suite, les coûts de main-d’œuvre, d’équipements et de frais généraux de l’entrepreneur général auraient explosé de 16,2 M$ par la faute d’Hydro-Québec.

Pomerleau affirme qu’Hydro a apporté de nombreuses modifications à la conception de base, la forçant du même coup à modifier sa conception détaillée des travaux.

«La conception de base s’est avérée incomplète et à certains égards erronée, nécessitant l’émission de 1 021 demandes de modifications des travaux et 775 questions et réponses techniques», lit-on dans la poursuite.

De nouvelles demandes de travaux additionnels en ont découlé. «L’envergure des travaux additionnels demandés par Hydro-Québec ne pouvait être raisonnablement anticipée», prétend la plaignante.

La société d’État aurait également eu des difficultés dans la coordination entre les différents intervenants sur le chantier. «Hydro-Québec doit être tenue responsable des coûts d’impact résultant de son manquement à donner accès aux aires de travail tel que prévu par le contrat», plaide Pomerleau.

Malgré tout cela, Hydro-Québec aurait imposé de devancer la mise en service de la centrale de sept mois, une hypothèse non prévue au contrat. C’est l’ensemble de ces éléments qui aurait mené aux coûts additionnels de 16,2 M$.

Difficultés techniques

Pomerleau réclame également 1,2 M$ en lien avec la fourniture de la centrale sanitaire de la centrale et d’un puits d’eau potable. Elle prétend que des indications contractuelles erronées d’Hydro-Québec lui ont causé des difficultés techniques.

Ainsi, aucun endroit n’aurait été disponible pour forer un puits d’eau potable respectant la réglementation en vigueur à l’époque. De plus, Hydro-Québec aurait omis d’indiquer dans le contrat un dénivelé de 22 mètres, forçant du même coup l’entrepreneur à relever les eaux usées de pour les transférer du bloc sanitaire jusqu’au site de traitement.

Enfin, Pomerleau réclame la retenue contractuelle de 1,4 M$ conservée par Hydro-Québec après la fin des travaux.

La demande introductive d’instance n’avait pas encore été signifiée à Hydro-Québec au moment d’écrire le présent texte.

«Nous allons répondre à l’ensemble des prétentions de Pomerleau dans le cadre de notre défense. Nous avons la responsabilité de nous assurer d’une gestion rigoureuse de nos projets, au bénéfice de l’ensemble des Québécois», a déclaré Francis Labbé, agent aux affaires publiques et médias pour Hydro-Québec. Pomerleau n’a pas voulu commenter l’affaire.

Déjà vu

Même si Pomerleau ne remet pas en cause la bonne foi d’Hydro-Québec, l’affaire n’en rappelle pas moins le dossier Construction Polaris.

Le 17 mai 2019 dernier, la Cour d’appel du Québec a confirmé qu’Hydro-Québec a été de mauvaise foi envers Construction Polaris relativement à un contrat de 63,4 M$ au chantier hydroélectrique de la rivière Romaine.

Le tribunal a conclu qu’Hydro-Québec avait forcé Construction Polaris à signer une entente manifestement désavantageuse après avoir contribué à l’acculer à la faillite. Ledit contrat a donc été annulé et le dossier suit son cours pour décider de la réclamation de 63,4 M$.

 

 

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