Environnement ǀ À suivre en 2024

Par Émélie Bernier 4:00 PM - 10 janvier 2024 Initiative de journalisme local
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La stratégie de protection du caribou forestier et montagnard sera enfin dévoilée après plusieurs reports. Phoro courtoisie: Peuple Loup

Quels seront les sujets à surveiller en matière d’environnement en 2024 sur notre territoire? Le Nord-Côtier vous en offre un survol et s’assurera d’être le fil conducteur entre l’information et vous.

Le Plan Nature 2030 de la CAQ : la barre des 30 %

Le Plan Nature 2030 de la Coalition Avenir Québec doit permettre d’atteindre les cibles de conservation de 30 % des milieux naturels de la province, suivant le Cadre mondial de Kunming — Montréal pour la biodiversité. Une vaste consultation publique a été menée en 2023 et les résultats sont attendus cette année. Les mesures du Plan se déclineront selon trois axes : donner davantage accès aux Québécoises et aux Québécois à la nature et atteindre la cible de conservation de 30 % du territoire d’ici 2030 ; agir sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité et protéger nos espèces menacées et vulnérables ; appuyer le leadership autochtone en matière de conservation de la biodiversité. Un budget de 650 millions de dollars sur sept ans lui est alloué. Le compte à rebours est commencé. Quelles seront les actions concrètes de ce plan en 2024 ? À suivre.

La Stratégie de protection du caribou forestier et montagnard : enfin

Québec devait dévoiler la stratégie « caribou », maintes fois reportée, avant la fin de l’année 2023. Le 19 décembre, le ministre Benoît Charette déclarait qu’il reportait le dévoilement à la « mi-janvier ou à peu près ». Rappelons que la raison invoquée pour justifier les plus récents reports est l’ampleur des feux de forêt qui ont ravagé le Québec l’été dernier, dont une partie de l’habitat de l’animal emblématique des Innus, Atik. La patience du fédéral s’étiole dans ce dossier.

Mi-décembre, la stratégie était « en consultation auprès des ministères » et « pour ainsi dire prête » selon les propos du ministre Charette. Début janvier, elle devrait être soumise au conseil des ministres avant de faire l’objet d’une consultation auprès des communautés des Premières Nations.

Le ministre a avisé que la stratégie ne fera pas l’affaire des groupes « qui sont campés », qu’ils soient environnementalistes, autochtones et industriels.

Les crevettes sont cuites

Alors que le homard profite des variations à la hausse de la température de son habitat, tout indique que la crevette nordique en pâtit. La plus récente revue scientifique de Pêches et Océans Canada (MPO) conclut que la biomasse du petit crustacé a atteint ses valeurs les plus faibles des 30 dernières années dans les zones de pêche de la Côte-Nord. Et un revirement de la situation ne semble pas probable. La refonte de l’approche de précaution, qui oriente les décisions du ministère des Pêches et Océans en matière de quotas de pêche, pourrait avoir une incidence importante sur une industrie déjà fragilisée dès 2024.

Photo : Produits de la mer du Canada

Gros chantiers à Port-Cartier

Un avis d’ébullition est en vigueur depuis 2003 dans le secteur Rivière-Pentecôte de Port-Cartier, la faute aux trihalométhanes (THM) qui se retrouvent en concentration d’environ 300 microgrammes par litre, bien au-delà des 80 de la norme québécoise. Le projet d’usine qui desservira le secteur (eau usée et eau potable) fera un bond en avant en 2024. Les démarches d’acquisition de terrains sont en cours et la production des plans et devis en sera à 90 % d’avancement en début d’année. C’est aussi à ce moment que l’appel d’offres pour la pré-sélection du système de traitement d’eau potable sera lancé. Port-Cartier aura un gros programme au point de vue environnemental, puisque la livraison du projet d’agrandissement de 50 M$ en cours à l’usine de filtration de Port-Cartier est prévue pour janvier 2025. Port-Cartier élaborera également sa toute première « politique environnementale » en  2024, année qui verra l’apparition des compteurs d’eau pour tous les ICI (industrie, commerce, institution) et pour certaines résidences ayant adhéré au programme sur une base volontaire.

Je décarbone, tu décarbones, nous décarbonons

L’Aluminerie Alouette, ArcelorMittal et Rio Tinto IOC passent en mode « décarbonation ». Des chercheurs s’affaireront à définir les meilleurs moyens de capturer les millions de tonnes de CO2 que ces gros joueurs industriels émettent, afin de les transformer en produits à valeur ajoutée. Cette approche permet de considérer le CO2 comme une matière première. « On peut refaire du plastique, des carburants, des matériaux, du gravier… On peut donner à manger au monde, faire pousser des plantes. Il y a beaucoup d’options d’utilisation ! », s’enthousiasme Louis Fradette, responsable de l’étude pour la décarbonation industrielle à Sept-Îles et Port-Cartier. L’étude durera 6 mois et coûtera près d’un demi-million $. Les trois entreprises travailleront ici main dans la main, en plus de financer le projet, une première en Amérique. 

Le compost arrive !

Rognures de légumes, restes de table, pelures de fruits seront enfin revalorisés à Port-Cartier et Sept-Îles grâce à la collecte de matières putrescibles. Conformément aux orientations gouvernementales, Sept-Îles (dès juillet) et Port-Cartier (dès octobre)  entameront la collecte de matières organique, communément appelée 3e voie. Une grande campagne de sensibilisation est prévue en 2024, en partenariat avec la Ville de Sept-Îles. 

 Anticosti et l’UNESCO, la suite

Consacrée Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2023 après un processus qui a duré 7 ans, l’Ile d’Anticosti doit maintenant prendre cette nomination prestigieuse par les cornes. Comme l’a si bien dit l’ex-maire John Pineault, ce titre est un « coffre à outils ». Comment Anticosti bâtira-t-elle son futur ? La capacité d’accueil insulaire, le projet de navette fluviale mené par le Port de Havre-Saint-Pierre et la création d’un parc marin Anticosti-Mingan en cogestion par Parcs Canada et la Sépaq ne sont que quelques-uns des sujets qui feront sans aucun doute les manchettes. Un dossier à suivre en 2024, mais également pour plusieurs années à venir.  

Parlant de parc marin…

Les gouvernements québécois et canadien ont annoncé en mars 2023 un important projet d’agrandissement pour le parc marin Saguenay–Saint-Laurent, premier parc du genre opéré en cogestion par les deux paliers. L’agrandissement contribuerait à protéger les écosystèmes d’une partie de l’estuaire du Saint‑Laurent et ferait passer de 37 % à 100 % la proportion de l’habitat essentiel du béluga intégrée dans le parc. Une consultation conjointe est prévue à l’automne 2024.

Le Québec, appuyé par le BAPE, a toutefois autorisé la Société des traversiers du Québec à effectuer des travaux de dragage au port de Rivière-du-Loup, et ce, pour les 10 prochaines années. La zone de travaux se situe dans l’habitat essentiel du béluga.

Le président du comité de coordination du parc marin Émilien Pelletier, ici entouré des ministres Steven Guilbeault et Benoît Charette lors de l’annonce officielle de l’agrandissement le 10 mars 2023.

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