Économie: Aluminerie Alouette s’en tire bien, mais doit «aller plus loin»

Par Fanny Lévesque 4 mars 2016
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Le cycle baissier du cours des matières premières n’épargne pas celui de l’aluminium, dont le prix de la tonne a chuté de 40% en cinq ans. À Sept-Îles, Aluminerie Alouette parvient à tirer son épingle du jeu, mais consent qu’elle doive «aller plus loin» pour atteindre son «plein potentiel» et «demeurer compétitive» à l’échelle mondiale.

Dans le contexte difficile des marchés, Aluminerie Alouette peut se targuer d’être parvenue à enregistrer un record de production en 2015 avec un bilan de 604 770 tonnes de métal gris. Un exploit qui n’est pas étranger «à l’effort de ses employés» mais également au fait que l’aluminerie a eu à implanter sa nouvelle technologie dans la moitié moins de cuves qu’en 2014.

«Je qualifierais l’année 2015 de très bonne et de belle stabilité opérationnelle», a indiqué le président-directeur général de l’entreprise, Claude Boulanger. «C’est la première fois qu’on dépasse le cap des 600 000 tonnes, nous avons eu moins de cuves à changer, nous avons eu plus de rigueur dans nos standards de production et une meilleure fiabilité de nos équipements».

Aluminerie Alouette a presque mis la touche finale à son vaste changement technologique vers le 40APLE pour rendre ses 594 cuves plus performantes. «Étirer la durée de vie de nos cuves, c’est majeur dans nos coûts de production, souligne M. Boulanger. Moins on les change, mieux on se porte». En 2016, quelque 48 cuves uniquement seront à migrer à l’usine.

Le «plein potentiel»

Malgré sa performance, Alouette ne peut se permettre de lésiner sur les efforts pour réduire ses dépenses. «On a eu une belle année oui, mais comme le marché n’est pas bon, il faut se repositionner pour être compétitif», assure-t-il. En ce sens, l’aluminerie n’a d’autres choix que de bonifier son plan 60/60, qui prévoyait des économies de 60 millions $ et une augmentation de la production de 60 000 tonnes.

«Il faut continuer d’aller plus loin, explique le grand patron. Pour la production, l’objectif demeure le même, mais pour le 60 millions, il va falloir aller en chercher plus, mais combien, on n’est pas encore rendu-là», poursuit-il. L’aluminerie dit «raffiner» ses analyses connaître ses nouvelles visées pour 2020.

«On ne roule pas sur l’or, nous sommes à la limite de la profitabilité avec les prix actuels».

Avenir intéressant

Reste que l’aluminerie de Sept-Îles n’est pas en péril, martèle M. Boulanger. Le marché laisse par ailleurs entrevoir de meilleures perspectives, explique la direction, notamment avec le choix de nouveaux fabricants d’ajouter des composantes en aluminium à leurs véhicules automobiles. «La vision du futur, c’est une croissance de 3 à 4% par année selon les experts», rapporte-t-il.

Les inventaires d’aluminium dans le monde ont également commencé à décroitre, malgré le faible impact pour l’heure sur les prix. En février, la tonne de métal gris s’est vendue environ 1565 dollars, une baisse de 14% par rapport à la même période l’an dernier, selon le London Metal Exchange.

C’est aussi en 2017 que les nouveaux tarifs d’électricité négociés avec l’État entreront en vigueur pour les phases 1 et 2 de l’aluminerie. «C’est une très bonne nouvelle pour Alouette et la région (…) Il reste à définir les modalités avec Hydro-Québec, ce qui est dans la normale des choses», soutient M. Boulanger. Alouette poursuit en parallèle son étude de préfaisabilité pour sa fameuse phase 3.

L’aluminerie maintient donc le cap pour 2016 et mire une production de 610 000 tonnes. «Il faut aller chercher le plein potentiel de notre technologie, allez chercher le maximum de tonnes et aussi, travailler sur nos coûts, nos dépenses pour les réduire au minimum», a conclu M. Boulanger. Alouette embauche quelque 900 employés à Sept-Îles.

Appui au gaz naturel

Lors de l’annonce de l’octroi de nouveaux tarifs énergétiques en septembre, Aluminerie Alouette s’est entre autres engagée à maintenir ses efforts pour favoriser l’implantation d’un terminal régional pour la réception et la distribution de gaz naturel liquéfié sur la Côte-Nord à partir de ses installations. L’entreprise se dit toujours à la recherche d’une «solution durable» pour convertir ses fours à cuire du mazout au gaz naturel.

«On va supporter l’arrivée du gaz naturel sur la Côte-Nord, mais ce n’est pas nous qui allons gérer son arrivée», a nuancé M. Boulanger. La conversion de fours nécessiterait des investissements de 8 à 10 millions pour l’entreprise. «On est prêt à le faire (…), mais, il faut que ce soit commercialement viable», a-t-il poursuivi. L’usage du gaz naturel permettrait aussi à Alouette de réduire son empreinte environnementale.

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