Bernard Gauthier se retrouve avec un casier judiciaire

Par Fanny Lévesque 8 avril 2016
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Bernard Gauthier

La Commission des libérations conditionnelles du Canada révoque le pardon octroyé à Bernard «Rambo» Gauthier en 2007 pour des gestes posés il y a 18 ans.

En novembre, le représentant syndical de la Côte-Nord apprenait que la Commission révisait sa décision d’il y a presque 10 ans évoquant l’article 7 de la Loi sur le casier judiciaire, qui lui permet de révoquer un pardon s’il «existe des preuves convaincantes» que l’individu visé a «cessé de bien (se) conduire». L’affaire avait été médiatisée en décembre.

Une lettre envoyée par son avocat le 9 février visant à «sensibiliser» la Commission au dossier de M. Gauthier et à laquelle était notamment jointe la quinzaine de lettres d’acteurs du milieu socio-économiques et d’élus de la Côte-Nord –présentées à la cour dans une autre cause-, n’auront pas suffi.

Dans sa décision du 7 mars, la Commission a remis en lumière trois événements distincts «qui ont nécessité l’intervention du système de justice» au cours desquels M. Gauthier a eu des «comportements» jugés «inacceptables» et qui démontrent «une difficulté évidente à régler des situations problématiques par des moyens pros sociaux et adéquats».

Bernard «Rambo» Gauthier a été au cœur de plusieurs démêlés avec la justice depuis les dernières années. En décembre 2014, le représentant du local 791 de l’Union des opérateurs de machinerie lourde a été reconnu coupable d’intimidation sur un chantier de construction, une condamnation pour laquelle il a été absous conditionnellement.

Les «comportements (…) liés à votre condamnation pour intimidation, de même que ceux liés à la profération de menaces en 2009 où vous avez été acquitté et ceux liés à du harcèlement criminel où il y a eu un arrêt des procédures en 2014 (…) sont contraires aux critères légaux de bonne conduite de la Loi sur le casier judiciaire», peut-on lire.

Pas de risque pour son emploi

La FTQ-Construction a confirmé au Journal qu’une demande d’appel sera déposée au plus tôt vendredi devant la Cour fédérale pour «contester la décision» de la commission. Mais, peu importe l’issu des démarches entreprises, Bernard Gauthier ne risque pas de perdre son emploi de représentant, a assuré le syndicat de travailleur.

La loi interdit bien à un représentant syndical de posséder des antécédents judiciaires, mais pour des gestes qui remontent à cinq ans, a expliqué le syndicat, qui indique défendre son employé dans l’intérêt qu’il puisse se déplacer «facilement à l’extérieur du pays». La FTQ-Construction, auquel est affilié le local 791, assure qu’elle va continuer «d’accompagner M. Gauthier» dans ses démarches.

En 1998, Bernard Gauthier a été condamné pour avoir proféré des menaces et un an plus tard, en 1999, il était reconnu coupable d’avoir enfreint la Loi règlementant certaines drogues et autres substances. Sans pardon, ces deux infractions figurent maintenant sur son casier judiciaire.

Bernard Gauthier «dérouté»

«Ça n’a pas de sens, je suis dérouté un peu», a confié le principal intéressé, qui n’a pas l’intention d’en rester là. Bernard Gauthier s’est dit «dépassé» par les événements et demeure convaincu qu’on cherche à le faire taire. «Je fais juste exercer mes fonctions, je suis là pour défendre mes travailleurs et je me fais rentrer de dedans comme ça. C’est sûr que si je reste dans mon bureau et que je ne fais rien, il ne m’arrivera rien».

«C’est la confirmation ultime que je les (l’appareil gouvernemental actuel) dérange, c’est sûr et certain. Mais, une autre chose qui est certaine, c’est que je ne lâcherais pas», a-t-il poursuivi. Le leader syndical cite notamment la mise en place récente d’un projet-pilote par Québec pour accroitre l’embauche régionale sur les chantiers. «Il en reste moins à faire qu’il y en a de fait alors c’est sûr que je n’abandonnerai pas».

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