BAPE: Mine Arnaud satisfaite malgré les débats

Par Fanny Lévesque 30 août 2013
Temps de lecture :

Mine Arnaud ressort entièrement satisfaite des quatre jours intensifs de travaux de la commission d’enquête du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), qui a examiné son projet d’exploitation d’une mine d’apatite à ciel ouvert à Sept-Îles. Le son de cloche n’est cependant pas le même chez les environnementalistes qui dénoncent entre autres la complaisance des intervenants et du promoteur.

Mine Arnaud trace un bilan positif des séances publiques du BAPE. Selon lui, les travaux ont permis d’apporter un éclairage significatif sur le projet en plus de permettre d’apaiser les craintes de citoyens et répondre à leurs préoccupations.

«Les réponses fournies par Mine Arnaud depuis le début, ont été confirmées et corroborées par les différents ministères au niveau des enjeux de la qualité de l’eau potable, de la santé publique et de la qualité de l’air, s’est réjoui le directeur de projet, François Biron. Sur ces enjeux, la population a eu droit à des réponses claires et précises.»

Étude toxicologique
Bien que les ministères n’en voient pas la nécessité, Mine Arnaud prend également la décision de commander une étude sur les risques toxicologiques associés au projet, pour davantage rassurer les populations, qui le demandaient depuis un certain temps. «Je ne connais pas les conclusions, mais je peux prédire que, comme il n’y a pas d’éléments déclencheurs pour une étude toxicologique, cette étude va conclure qu’il n’y a pas d’impacts négatifs sur la santé humaine», a affirmé M. Biron.

Les résultats de l’étude, qui a été amorcée il y a environ un mois, seront rendus publics et déposés auprès du BAPE. C’est la firme Sanexen qui réalise l’ouvrage.

Déception chez les opposants
Les sentiments exprimés par Mine Arnaud au terme des travaux de la commission sont loin d’être ceux des opposants au projet, qui ont occupé une large place lors des périodes de questions. À leur avis, certains fonctionnaires auraient fait preuve de complaisance en n’assurant pas un suivi rigoureux de certains enjeux environnementaux et de santé publique.

«Il y aurait dû aussi y avoir des intervenants fédéraux, nous aurions été à tout le moins plus rassurés, a exprimé la porte-parole de Regroupement pour la sauvegarde de la grande baie de Sept-Îles, Louise Gagnon. Il y a beaucoup de préoccupations, que nous avions déjà soulevées, qui ont cependant été confirmées par les ministères. Je pense qu’en résumé, il y a encore trop d’incertitudes autour de ce projet.»

Les comités de citoyens ont d’ailleurs l’intention de ramener dans le débat la tenue d’un référendum consultatif sur le projet, une initiative appuyée par 5000 Septiliens dans une pétition.

«Un désastre»
La Coalition pour que le Québec ait meilleure émet également de nombreuses réserves quant au respect des normes en matière de qualité de l’air et l’eau par le promoteur. «On a affaire à un désastre, une catastrophe. On ne voit pas comment les commissaires vont pouvoir émettre des avis favorables. Le promoteur n’était pas prêt de toute évidence et je pense que ça va transparaître dans les mémoires et dans le rapport final, a lancé le porte-parole, Ugo Lapointe. C’est un projet à notre avis qui ne passe pas la barre, qui ne passe pas les standards et qui ne peut pas être accepté.»

Selon lui, la participation citoyenne nombreuse témoigne «des inquiétudes tangibles”, de certains d’entre eux. «Après un rapport du BAPE, va falloir que la population puisse se prononcer sur ce projet-là et un référendum, c’est un des moyens de le faire», propose-t-il.

Innus
Les séances ont pris fin à Uashat mak Mani-Utenam, où plusieurs Innus ont fait part de leurs craintes vis-à-vis la perte d’habitats et les impacts du projet sur leurs activités ancestrales. Pour l’heure, le conseil de bande n’a pas encore fait connaître son point de vue sur le projet. «Nous prendrons position quand Mine Arnaud aura fait la démonstration qu’il n’y a aucun risque pour les populations», a fait savoir en début d’audiences, le directeur de la protection des droits, Jean-Claude Therrien-Pinette. «Les inquiétudes de la communauté pour l’instant sont les mêmes que celles des gens de Sept-Îles.»

La deuxième partie des audiences publiques s’amorcera le 24 septembre, avec la présentation des mémoires.

Partager cet article