Automobiles : Le Plan Nord cause plus de maux de tête que de profits

Par Fanny Lévesque 2 mars 2012
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Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’effervescence économique que connaît actuellement Sept-Îles ne rime pas avec des affaires en or pour tout le monde. Dans l’industrie de l’automobile par exemple, les concessionnaires sont davantage occupés à jongler avec une importante pénurie de main-d’œuvre qu’à compter les profits.

Les ventes de véhicules n’ont pas explosé avec l’annonce des différents plans d’expansion des minières nord-côtières. Au contraire, la hausse de 2 à 3% des ventes enregistrées en 2011 s’apparente à la tendance québécoise. Rien d’exceptionnel donc à Sept-Îles, où les géants miniers embauchent à gros salaire.

«Quand les gens arrivent dans une nouvelle ville ou commencent un nouvel emploi, la priorité n’est pas de s’acheter un véhicule», a expliqué le président de l’Association des marchands automobiles de Sept-Îles (AMASI), Richard Beaulieu. «La priorité, c’est le logement et puis avec les coûts actuels, il en reste moins pour les autos.»

Richard Beaulieu

Richard Beaulieu

Cependant, M. Beaulieu concède que la santé économique assure tout au moins une pérennité dans l’industrie. «C’est certain que ça nous assure de bonnes affaires pour plusieurs années (…) Quand les nouveaux arrivants auront pris le temps de s’installer, d’ici un an ou deux, ont en ressentira davantage les effets», a-t-il indiqué.

En 2011, quelque 3020 véhicules ont été vendus à Sept-Îles, dont 25 à 30% de camions. «Les camions sont toujours de gros vendeurs, c’est attribuable aux propriétés de notre coin de pays, les gens aiment aller dans le bois par exemple», a ajouté M. Beaulieu. Du côté de l’industriel, environ 130 véhicules ont été livrés.

Pénurie de main-d’œuvre
C’est plutôt la pénurie de main-d’œuvre entraînée par l’embauche agressive de la grande industrie qui affecte actuellement le secteur de l’automobile à Sept-Îles. Les employés en général, surtout les mécaniciens, quittent pour les minières. «C’est un très gros problème, on le ressent à tous les niveaux, je ne connais pas un commerçant qui n’a pas besoin de main-d’œuvre actuellement», a confirmé M. Beaulieu. Selon lui, il sera très difficile de trouver une solution durable au problème. «Il faut promouvoir le métier, le rendre attirant chez les jeunes», suggère-t-il.

Richard Beaulieu déplore également qu’il n’existe plus de formation professionnelle en mécanique automobile depuis plusieurs années à Sept-Îles. «Le cours est à Baie-Comeau, en même temps, ils ont peine à remplir les classes, c’est vraiment un problème complexe.» M. Beaulieu explique que les concessionnaires de la région font actuellement ce qu’ils peuvent pour combler leurs besoins, notamment en embauchant à l’extérieur. En période de pointe, un client peut attendre jusqu’à trois semaines pour obtenir un rendez-vous chez son concessionnaire.

L’industrie de l’automobile compte environ 200 employés et représente une masse salariale approximative de 8,5 millions $ à Sept-Îles. L’AMASI regroupe douze concessionnaires.

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