Alaclair Ensemble : un univers créatif basé sur l’histoire du Bas-Canada

Par Jean-Christophe Beaulieu 7 juillet 2018
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«Peu importe la température à Sept-Îles, le 12 juillet prochain, vous allez avoir chaud», promet Ogden Ridjanovic.

Le collectif hip-hop acclamé Alaclair Ensemble fait partie de la programmation 2018 du Vieux-Quai en Fête. Depuis 2010, le groupe va de succès en succès, ayant même remporté le premier Félix donné à un album hip-hop dans l’histoire du gala de l’ADISQ.

Ogden Ridjanovic, Maybe Watson, Claude Bégin, Vlooper, Eman et KenLo : avant de se rassembler dans le «collectif post-rigodon» Alaclair Ensemble, les six artistes étaient déjà bien établis.

«Ça fait un bon dix ans qu’on fait de la musique ensemble dans Alaclair. Tout le monde avait des projets professionnels chacun de son côté, une carrière dans le milieu. En parallèle de tout ça, on s’est dit : pourquoi pas juste faire de la musique entre amis sans se poser de questions, sans stratégie de commercialisation, sans se prendre au sérieux», raconte Ogden. «Mais avec l’engouement du premier album et les offres de spectacles qui en ont découlé, ça a donné une structure au groupe. C’est ça le paradoxe, le projet pas sérieux de la gang est devenu le plus sérieux», poursuit-il.

Tradition bas-canadienne et rigodon

Ayant étudié la littérature à l’Université McGill, l’histoire a un intérêt significatif pour Ogden Ridjanovic. En fait, un des éléments dominants de l’univers créatif d’Alaclair Ensemble est l’histoire du Bas-Canada, soit le Québec jusqu’au milieu du 19e siècle.

«Quand les gens nous demandaient si on avait une ambition politique, comme Loco Locass par exemple, on tournait ça à la blague. On leur expliquait qu’Alaclair se situe dans le contexte que la révolte des Patriotes de 1838 a fonctionnée et que le Québec est devenu la République libre du Bas-Canada», explique l’artiste, qui porte d’ailleurs le nom de Robert Nelson sur scène, figure de proue des Patriotes canadiens-français à l’époque.

Pour expliquer leur musique, les membres d’Alaclair aiment bien se définir comme un «collectif post-rigodon».

«C’est la rencontre de la tradition orale bas-canadienne, avec les musiques contemporaines américaines comme le rap, le R&B et tout ça. Au début du 20e siècle au Québec, la façon de faire une musique rythmée et basée sur les mots, c’était le rigodon. Avec toutes les influences culturelles et l’ouverture sur le monde qui ont marqué le 20e siècle, on s’est tournée vers de nouvelles formes d’art.»

«Si la Bolduc était en vie aujourd’hui, je parie qu’elle ferait du rap. C’est la suite logique du rigodon.»

Briser les stéréotypes

Le rap et le hip-hop, qui ont longtemps été sous-représentés au Québec, semblent être en pleine ébullition depuis quelques années.

«Le Québec est en train d’effectuer son rattrapage, en fait. C’est la dernière place en Occident qui a compris que la musique du futur, et du présent, c’est le rap. Les jeunes l’avaient compris, certains festivals aussi, mais maintenant on voit que les sphères culturelles et professionnelles se rattrapent», affirme Ogden. Les membres d’Alaclair Ensemble ont remporté en novembre dernier le premier Félix à être remis dans la catégorie hip-hop dans l’histoire de l’ADISQ. Ils contribuent, à leur façon, à briser les stéréotypes acculés au rap depuis longtemps.

«C’est bien que les institutions culturelles commencent à s’ouvrir à des groupes de rap. Il est temps qu’elles comprennent qu’il ne faut pas les exclure du dialogue culturel et médiatique simplement parce que leurs sujets ne font pas l’unanimité».

«Sept-Îles, on s’en vient!»

Conscients qu’ils auront plusieurs heures de route à faire pour se rendre à Sept-Îles, les membres du groupe ne semblent pas intimidés.

«On sait à quoi s’attendre!», lance Ogden en riant. «Mais personnellement, j’adore cette route, c’est tout simplement magnifique», poursuit le rappeur qui vient d’ailleurs de lancer un vidéoclip entièrement tourné aux îles Mingan et à Natashquan.

Il avertit à l’avance les gens de Sept-Îles, en vue de la performance du 12 juillet.

«On est là pour s’amuser et ça va bouger en masse. On suggère les étirements avant le spectacle, pour prévenir les blessures», conseille-t-il, à la blague.

 

 

 

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