Air Tunilik redonne l’accès au Nord en rachetant deux bases d’Air Saguenay

Par Charlotte Paquet 1:29 PM - 26 mai 2020
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Air Tunilik opérera les bases d’hydravion du lac Louise à Manic-5 et de Havre-Saint-Pierre, permettant de rendre accessibles à nouveau des territoires de chasse, de pêche et de villégiature non reliés par route. Photo Air Tunilik

Air Tunilik vole vers la Côte-Nord pour offrir du transport de brousse à partir de deux bases auparavant desservies par Air Saguenay. Du coup, c’est l’accès à des territoires de chasse, de pêche et de villégiature du Nord qui redevient possible.

L’entreprise, dont le siège social se trouve à Laval, a racheté une partie des actifs de l’ancien transporteur de la région voisine. Elle opérera la base du lac Louise à Manic-5 ainsi que celle de Havre-Saint-Pierre, en plus d’un hangar pour l’entretien de ses hydravions à l’aéroport de Baie-Comeau.

La base de Natashquan est également dans sa mire, mais rien n’est assuré, précise le jeune patron d’Air Tunilik, Simon Contant, âgé de 31 ans.

Reste que c’est à partir de la base du lac Louise, « accessible à trois heures de route de Baie-Comeau », indique M. Contant, que le transporteur prévoit son plus gros volume d’affaires. « On a une centaine de chalets qu’on dessert par cette base, en plus de quelques pourvoiries. »

Air Tunilik s’attend d’ailleurs à un nouvel achalandage du côté de Manic-5 en raison de la fermeture de la base d’hydravion de Chute-des-Passes au nord du Lac-Saint-Jean. « Le monde va voyager par votre région. On prévoit du nouvel achalandage en tourisme », note M. Contant.

L’effet COVID-19

L’entreprise lance ses opérations en territoire nord-côtier sur fond de pandémie de COVID-19, ce qui n’a rien de réjouissant en raison de l’incertitude.

« J’ai eu une liste de cancellations pour juin pour tous les pourvoyeurs (une dizaine) qu’on dessert. C’est pas jojo pour nous. Pour l’instant, il n’y a personne qui veut aller en pourvoirie au moins d’ici le 21 juin », souligne M. Contant. Il rappelle que c’est à cette date que devrait rouvrir la frontière entre le Canada et les États-Unis et que des clients américains sont attendus dans le nord de la Côte-Nord pour des voyages de pêche.

Les assouplissements annoncés récemment par le gouvernement du Québec pour les activités de plein air autorisent uniquement la pêche journalière pour le moment. Selon le propriétaire, il n’y a pas un client qui se déplacera en hydravion pour le plaisir d’aller pêcher quatre heures.

M. Contant espère évidemment que Québec ouvre le robinet davantage afin de permettre aux pourvoyeurs de passer à travers la crise actuelle. Il prévoit même un boum dans ce secteur en 2021.

« Je pense que ça va être meilleur l’an prochain, car les gens n’auront pas le goût d’aller s’entasser dans un avion de ligne pour aller sur une plage de Cuba », dit celui qui affirme que son arrivée a été accueillie avec soulagement par les pourvoyeurs de la Côte-Nord.

Créée en 2002

La flotte d’Air Tunilik comprend cinq hydravions de type Beaver et deux de type Otter.

Le transporteur de brousse a déposé une aide financière de 5 M$ au gouvernement du Québec pour obtenir un coup de main dans ses opérations actuelles et « pour étendre possiblement les opérations aux bases de Sept-Îles, de Wabush et du lac Pau (secteur de la Baie James) ».

L’entreprise est venue au monde en 2002 à Schefferville afin de répondre à un besoin pour la pratique de la chasse au caribou. En 2013, avec l’interdiction de cette chasse dans le secteur, Air Tunilik a convergé vers la Baie James pour assurer le transport des clients de la pourvoirie Mirage, spécialisée dans la chasse au caribou. L’interdiction de cette chasse sur tout le territoire québécois en 2018 a plombé ses affaires.

Après deux années d’activités « très au ralenti », Air Tunilik rebondit donc dans la foulée des déboires d’Air Saguenay.

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