Le Québec est plongé dans une nouvelle crise due au bras de fer qui oppose les fédérations de médecins et le gouvernement du Québec. La grogne est si intense que plusieurs médecins menacent de quitter le Belle Province pour aller exercer leur métier ailleurs au Canada ou même aux États-Unis.
La loi 2 que le gouvernement a adoptée en imposant le bâillon dans la nuit du 24 au 25 octobre dernier est jugée trop sévère tout comme la loi 106. La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec qualifie le geste du gouvernement « d’acte autoritaire et contraire au dialogue social ». Elle parle d’un jour noir pour la médecine au Québec.
La Fédération des médecins spécialistes du Québec va s’adresser à la cour supérieure pour demander la suspension de cette loi. De son côté, le Collège des médecins se dit préoccupé quant à l’impact déontologique de la loi 2 pour garantir l’autonomie clinique des médecins et la qualité des soins. Il demande au gouvernement de la suspendre.
Le débat s’étend à l’ensemble du Québec. Sur la Côte-Nord, il y a eu deux manifestations contre ces lois samedi, une première à Baie-Comeau devant le bureau du député de René-Lévesque et l’autre à Sept-Îles face à l’hôpital de l’endroit. Le président du Conseil des médecins de la Côte-Nord accuse le député Yves Montigny, qui appuie la loi 2, de « méconnaissance sur la réalité des soins dans sa région » en réaction à sa prise de parole lors de l’adoption du projet de loi alors qu’il parlait d’attente importante pour les chirurgies. Le président Youssef Ezahr est en total désaccord avec le propos du député en ce qui a trait aux soins dispensés à Sept-Îles et Baie-Comeau.
Quand les gens sortent dans la rue, c’est qu’il y a un problème. Selon le Conseil des médecins de la Côte-Nord, une vingtaine de médecins envisageraient de quitter la région. Une omnipraticienne de Baie-Comeau a même confié à une journaliste de La Presse sous le couvert de l’anonymat par crainte des sanctions sévères prévues à la loi qu’elle ne restera pas ici. « C’est définitif, je ne reste pas ici », a-t-elle déclaré, en ajoutant qu’elle s’en irait au Nouveau-Brunswick au printemps.
Advenant que cet exode se produise, la Côte-Nord se retrouvera dans une situation dramatique. Elle manque déjà cruellement de médecins. En 2024, on faisait état d’un manque de 40 médecins de famille et de 36 médecins spécialistes. Actuellement, notre population s’élève à 89 846 personnes. Au 29 janvier de cette même année, il y avait 22 000 noms sur les listes d’attente. Près de 15 000 personnes grossissent le rang des patients orphelins. Une personne sur cinq n’a pas de médecin de famille.
Le gouvernement du Québec cherche à rendre accessibles les soins de première ligne. Il a mis en place l’Agence Santé Québec pour l’organisation de soins universels afin de répondre aux besoins de la population et assurer la gouvernance du système de santé et de services sociaux institué en 1971. On fonde beaucoup d’espoir sur le travail de cette dernière, mais l’organisation du système de santé chez nous relève d’un casse-tête perpétuel et d’un défi gigantesque.
Quelque 2,3 millions de Québécois n’ont toujours pas accès à un médecin de famille. Les temps d’attente aux urgences défient le gros bon sens. Le Québec consacre 41,9 % de ses dépenses à la santé qui récolte la part du lion avec un colossal montant de 61,9 milliards de dollars. Malgré cela, notre système n’arrive pas à performer d’une manière adéquate. Attention, ce constat ne concerne pas la qualité des soins de santé lorsqu’une personne est prise en charge par une équipe médicale ou un établissement. De ce côté, le Québec mérite une médaille d’or.
On comprend pourquoi l’Ontario et d’autres provinces canadiennes sont disposées à faire un pont d’or à nos médecins qui contestent la loi 2 et le mode de rémunération que le gouvernement veut mettre en place. La CAQ a posé un geste politique que l’on peut qualifier de courageux, car s’il existe un groupe de travailleurs se percevant comme intouchables, c’est bien celui des médecins. Le Parti libéral l’a compris et promet d’abolir la loi s’il prend le pouvoir en 2026. De son côté, le PQ veut la maintenir et l’améliorer en misant sur le dialogue.
On dit que le premier ministre mène le combat de sa vie. Il veut réussir là où d’autres ont échoué. Aux yeux du public, les médecins ne sont pas à plaindre en ce qui a trait à leur rémunération. La confrontation ne mène nulle part, surtout que l’objectif recherché par tous est de rendre accessibles les soins de santé.
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