Conduite sanitaire défectueuse 

Elle devait durer plus de 100 ans

Par Sylvain Turcotte 5:00 AM - 29 octobre 2025
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Un des endroits où est survenu un des bris à la conduite sanitaire de la Ville de Sept-Îles. Photo Sylvain Turcotte

Une conduite sanitaire qui a brisé 20 fois en cinq ans pourrait se transformer en facture salée pour les Septiliens, tandis que son état ne fait qu’empirer. L’infrastructure qui devait durer plus d’une centaine d’années n’aura pas fait 30 ans. 

Preuve de sa dégradation qui part en vrille, sur la vingtaine de bris, huit sont survenus depuis le début de 2025. Le secteur incluant la rue Retty et l’avenue Brochu a particulièrement été touché. En fait, 85 % des bris de la conduite sont survenus dans le secteur Mgr-Blanche.

Face à des problèmes récurrents depuis un premier bris en 2020, des consultants ont analysé la situation de la conduite à maintes reprises. Cinq rapports de firmes externes ont été produits. Installée dans les 90′, elle aurait dû avoir une durée de vie pouvant aller jusqu’à 100 ans. 

« Ce n’est pas de l’usure normale. Elle nous a pris quand même tout le monde par surprise », lance le directeur du service de l’ingénierie de la Ville de Sept-Îles, Oussama Boulahia.

Le dernier en lice est survenu le 17 octobre dernier sur la rue Retty, pratiquement cinq ans pile après le premier rapporté le 14 octobre 2020. Cette fois, ce n’était pas une grande surprise. 

« Malheureusement, c’était prévisible, parce que l’usure est quand même exponentielle. La conduite est pas mal fragilisée. On voyait venir ça tranquillement. On passait de un par année, deux par année, ainsi de suite », dresse comme portrait M. Boulahia.

Avec l’année qui n’est pas terminée, il y a un certain découragement, mais « il n’y a pas grand-chose à faire que d’essayer de réparer le plus vite possible », indique-t-il. « Malheureusement, le mal est fait, il va falloir vivre avec et on va essayer de trouver une solution qu’on va concrétiser pour régler le problème, une fois pour toutes », ajoute-t-il.

Rapport attendu

Un autre rapport d’une firme externe, qui cette fois ne viendra pas expliquer le problème, mais plutôt définir la meilleure solution, est attendu. Ainsi, un scénario de travaux devrait être déposé au conseil municipal, dans les prochaines semaines.

Des plans et devis seront nécessaires pour détailler la solution retenue, et par la suite un appel d’offres.

« En fonction du scénario, on va voir est-ce que ce sont des travaux qui vont se faire en 2027-2028, ou ça va aller plus 2026-2027. C’est en fonction de la recommandation. Si le conseil donne son aval à la solution retenue en 2026, on va aller en plans et devis pour préparer les travaux pour 2026 », espère Oussama Boulahia. 

D’ici là, il faut dire que les interventions des équipes des travaux publics deviennent de plus en plus rapides lorsqu’un bris survient, puisqu’une certaine « expertise » a été acquise par les employés, fait-il valoir.

Facture salée

En termes de chiffres, chacun des bris coûte en moyenne entre 80 000 et 120 000 $, tout dépendamment des travaux à exécuter. Seulement pour le pavage de l’asphalte, c’est entre 40 000 et 50 000 $. 

Pour chacun des bris, une présence 24 h/24 est obligatoire, pour limiter le déversement d’eaux usées non traitées dans la baie. « Il faut tout le temps essayer de réduire le temps et réduire les débits déversés dans le fleuve », dit M. Boulahia.

Il y a aussi l’endroit qui entre en ligne de compte. 

« Quand on excave, il y a des services qui sont à côté. Sur Retty, la bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de conduites. Par contre, si c’est un bris sur Brochu, il va durer plus longtemps, il va coûter plus cher. Pourquoi ? Il y a souvent une conduite d’aqueduc qui est dans les jambes qu’il faut couper », explique le directeur.

Si la réparation des bris sur la rue Retty ou Brochu relève des équipes de la Ville, pour celui survenu en juin à l’intersection Arnaud/Napoléon, la Ville a dû donner le tout à contrat.

« Il a coûté plusieurs centaines de milles, parce qu’il y a eu la rue quand même à refaire. Il y avait du béton, il y avait du pavé uni », a mentionné M. Boulahia.

À savoir combien coûteront les travaux pour remplacer la conduite, selon le scénario proposé par les experts, le directeur de l’ingénierie préfère ne pas s’avancer, mais il sera certainement question de « plusieurs millions ». La Ville pourra alors déposer un projet pour espérer aller chercher des subventions gouvernementales, qui pourraient potentiellement venir couvrir la majorité des coûts. 

Au bout du tunnel

Dans toute cette situation, Oussama Boulahia essaie de regarder vers l’avant. 

« Ce que je dis souvent à l’équipe, c’est qu’il ne faut pas se démoraliser. Malheureusement, on est pogné avec cette situation-là. Commencer à brailler pour dire qu’est-ce qu’on fait? On répare les bris en attendant la solution. La solution, elle s’en vient. On commence à voir de la lumière au bout du tunnel », assure-t-il. 

Son équipe demeure en communication permanente « avec les ministères de l’Environnement, que ce soit fédéral ou provincial. Ils sont au courant des démarches qu’on fait. Quand le rapport sera déposé aux élus, ils vont avoir une copie pour dire où on est rendu. »

Un échéancier a été déposé au ministère de l’Environnement, pour démontrer le travail fait par la Ville.

Rejets dans le fleuve

(ST) Au-delà de l’argent, ce qui est important, c’est la quantité d’eaux usées rejetées dans le fleuve. Ça tourne entre 12 000 et 18 000 mètres3 pour chacun des bris. Le premier bris en 2020 se chiffrait à 40 000 m3. 

Pour réparer le bris survenu en juin dernier sur l’avenue Arnaud, c’est près de 250 000 m3 d’eaux usées qui ont alors été déversés, ce qui représente 40 % du total de 2025 jusqu’à maintenant. 

“ Ce n’était pas une belle expérience le bris qu’on a eu sur Arnaud. Parce qu’on était dans la nappe, il y avait des bâtiments qui étaient collés là-dessus, les fondations et ainsi de suite ”, raconte Oussama Boulahia.

L’endroit exact du bris avait également été difficile à déceler.

Hydro-Québec a notamment dû intervenir, pour soutenir un poteau électrique et transférer le circuit ailleurs. 

Le directeur espère ne pas avoir à gérer d’autres bris ailleurs que dans le secteur connu, même s’il doit garder en tête que les infrastructures municipales prennent de l’âge.

 Avec Emy-Jane Déry

Le directeur du service de l’ingénierie de la Ville de Sept-Îles, Oussama Boulahia, voit une lumière au bout du tunnel pour les bris de la conduite sanitaire dans le secteur Mgr-Blanche.
Sur ce plan de la Ville de Sept-Îles, les points rouges représentent les endroits où la vingtaine de bris sont survenus sur la conduite de refoulement depuis 2020. Photo courtoisie Ville de Sept-Îles Photo Sylvain Turcotte

Sur ce plan de la Ville de Sept-Îles, les points rouges représentent les endroits où la vingtaine de bris sont survenus sur la conduite de refoulement depuis 2020. Image courtoisie Ville de Sept-Îles

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Pierre Morneau
Pierre Morneau
15 jours il y a

Erreur de matériel ou d’installation. La punition en sera une de “mauvaise conduite” avec les frais.