Vivre sans auto à Sept-Îles

Emilie Caron-Wart 5:30 AM - 8 octobre 2025
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Le vélo cargo électrique est une belle alternative pour une famille qui veut faire ses commissions et profiter du beau temps.  Photo Emilie Caron-Wart

Lors de la 11e étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), la ville de Sept-Îles s’est retrouvée une fois de plus en haut de la liste des villes du Québec où le coût de la vie est le plus élevé. L’une des principales raisons est l’utilisation d’un véhicule, car l’absence du transport en commun occasionne une dépense supplémentaire que les autres villes n’ont pas. 

« Alors que ce sont les frais du transport qui expliquent les coûts élevés de Sept-Îles, ce sont ceux du logement qui expliquent cette deuxième place pour Gatineau. On remarquera que le transport en commun est privilégié, tant pour ses avantages sur le plan environnemental que pour réduire les coûts du panier de consommation, mais qu’il n’est pas retenu pour la localité de Sept-Îles », indique l’étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) de 2025. L’étude n’a pas tenu compte du service de Taxibus, pour des raisons pratiques.

À la suite de cette étude, le Journal a voulu mieux comprendre la nécessité d’avoir un véhicule pour travailler à Sept-Îles. 

J’ai donc tenté l’expérience durant une semaine, de vivre à Sept-Îles sans utiliser ma voiture. L’expérience fut très enrichissante et j’avoue que j’ai été choyée par une température clémente. Je me doute que le résultat aurait pu être différent en hiver, ou sous la pluie battante. 

La marche

Même si je vis à Sept-Îles depuis plusieurs années, j’ai découvert de nouveaux endroits, des commerces que je n’avais pas pris le temps de regarder en me déplaçant en voiture. C’est sûr qu’il faut une meilleure gestion du temps lorsqu’on passe de quatre à deux roues. Je suis chanceuse de vivre en ville, à deux pas de l’école de mon fils. Si je résidais au parc Ferland ou aux plages, l’expérience aurait surement été très différente, étant donné la distance plus importante à parcourir pour accéder au centre-ville.

La grande difficulté est de respecter ses plus simples obligations, comme d’aller chercher son fils à l’école, ou d’arriver à l’heure au travail. J’avoue que j’ai sollicité mon entourage pour quelques déplacements à voiture pour mes activités en fin de soirée, comme la Zumba. J’ai aussi utilisé les services de DoorDash pour faire mon épicerie, et parfois, pour me faire livrer quelques ingrédients manquant pour faire mon souper.

La piste cyclable à Sept-îles Photo Emilie Caron-Wart

 

Le vélo

Pour ma part, le vélo est une activité de famille plaisante à faire un samedi matin. Mais dans une optique de nécessité plutôt que de loisir, parcourir le centre-ville de Sept-Îles sur mon vélo n’était pas aussi plaisant que de parcourir la piste cyclable en direction du Parc des écureuils.

Mon principal défi était la sécurité sur les artères principales de la ville et les constructions qui compliquaient les déplacements. Sept-Îles Vélo-Cité a fait des recommandations à la Municipalité en janvier 2023, pour améliorer les pistes cyclables. Plusieurs de leurs propositions sont très intéressantes et aideraient grandement les cyclistes si elles étaient appliquées, du moins, selon ce que j’ai constaté durant mon expérience. Le comité suggère notamment des aménagements cyclables qui relient les endroits les plus fréquentés et de tracer une grande boucle cyclable au centre-ville.

« La Ville de Sept-Îles comporte un grand potentiel cycliste, à la fois dans ses reliefs plats, son attrait pour la vue et son bord de mer, et dans les préférences en loisirs pour ses citoyens. En plus de comporter de sérieux enjeux de sécurité, les aménagements cyclables de Sept-Îles ne rendent pas justice à tout ce potentiel », indique le comité Sept-Îles Vélo-Cité.

J’avais également une crainte au niveau des vols de vélos, mais elle s’est avérée sans fondement durant ma semaine et j’ai vu plusieurs vélos à travers Sept-Îles non-attachés et être toujours au même endroit, quelques heures plus tard. 

Un vélo qui a retrouvé son propriétaire sans problème dans le centre-ville de Sept-Îles. Photo Emilie Caron-Wart

Le vélo électrique

J’avoue, c’est le gros luxe. La boutique Mon Vélo m’a généreusement prêté un vélo électrique pour finir la semaine. Ayant compris mes besoins, j’ai eu le privilège d’avoir accès à un vélo cargo pour amener mon fils à l’école et faire mon épicerie sans tracas. Le fait que le vélo soit électrique amène une facilité au déplacement qui nous donne le goût d’en faire plus. Je pense que cette option est la plus viable pour ceux qui n’ont pas de véhicule. Les trajets étaient rapides et efficaces. Cependant, nous restons à la merci de la température et des intempéries.  

« Il y a des façons de modifier son vélo, c’est un concept encore en adaptation, car il n’y a pas beaucoup de pays qui ont des hivers comme les nôtres. Des pneus cloutés, des mitaines pour guidon, des garde-boues, tout existe. Sept-Îles est plus facile sur la mécanique que Québec, car on sale moins les routes », indique Dominic Leblanc, gérant de la boutique Mon Vélo à Sept-Îles.

Le taxibus

L’étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) n’a pas pris en considération le taxibus dans son évaluation.

« Nous n’avons toutefois pas retenu ce moyen de transport [taxibus] pour la personne seule de Sept-Îles, car le service n’est disponible que du lundi au vendredi, de 5 h 30 à 18 h 30 et que son mode de fonctionnement ne nous semble pas optimal pour une vie active. Il s’agit d’une option intéressante pour des déplacements ponctuels, mais elle remplace difficilement une voiture, qui offre la flexibilité nécessaire à un mode de vie hors de la pauvreté », précise cette étude.

« Le taxibus est utilisé principalement par les étudiants du Cégep de Sept-Îles. On a plus de demandes en hiver, c’est sûr », indique Sylvie St-Pierre, directrice de la Corporation de transport adapté de Sept-Îles(CTASI).

En janvier 2025, il y a eu 2348 voyageurs pour ce service, comparativement à 1218 en juillet de la même année.

« On n’a pas assez d’achalandage à Sept-Îles, pour offrir un service de transport en commun comme dans les grandes villes. Par exemple, la Ville de Rimouski s’est dotée d’un transport en commun quand il a eu 99 000 déplacements durant l’année. Ici, on est à 24 500 présentement », conclut Mme St-Pierre. 

Sylvie St-Pierre, directrice de la Corporation de transport adapté de Sept-Îles(CTASI). Photo Emilie Caron-Wart

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Ronald Turgeon
Ronald Turgeon
1 mois il y a

Faut se comparer avec Baie Comeau et non Rimouski.