Absence de grands rorquals dans le parc marin : le monde scientifique se questionne
Photo GREMM
Du 6 au 17 août, aucun grand rorqual n’a été observé dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent. Annonciateur de futures tendances ou simple hasard ? Le monde scientifique se questionne.
Les grands rorquals ont pris leurs vacances de la construction un peu plus tard cette année, une pratique assez inusitée pour ces grands mammifères qui fréquentent le fleuve de manière continue année après année.
Eux qui n’ont généralement aucun problème à se montrer ont fait douter le monde scientifique, qui n’a pas tardé à sortir ses lunettes et son calepin pour tenter de documenter et comprendre le phénomène.
Le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) a voulu savoir par le biais d’articles sur son site Baleines en direct s’il s’agissait d’une situation exceptionnelle ou d’une situation comparable aux années antérieures.
Une question de nourriture
L’amour profond des grands rorquals pour les krills et les bancs de poissons pélagiques, comme le hareng, le capelan et le lançon, explique en bonne partie leurs allées et venues dans le fleuve.
L’écologiste de Parcs Canada Samuel Turgeon indique que dans les zones du parc marin étudiées, « c’était une année de krill ».
« C’est clair que les animaux vont venir et rester s’il y a de la nourriture, c’est la première raison qui explique leur présence dans le parc marin », fait-il savoir.
Ce qui est moins clair cependant, c’est un souvenir vif qui revient aux scientifiques concernant une pareille absence de grands rorquals dans le passé.
Tendances à l’appui ?
Samuel Turgeon préfère parler de cycles que de tendances pour décrire la présence de krill ou de bancs de poissons, qui parfois concordent ou non avec la présence de grands rorquals.
« On ne constate pas de tendances à la hausse ou à la baisse dans les populations, seulement des cycles. Mais comment ça se traduit pour notre secteur, c’est encore un mystère », explique-t-il.
L’hypothèse du simple hasard qui concorde avec la disponibilité de la nourriture semble plausible pour le moment, mais Samuel Turgeon convient de mentionner que le réchauffement des eaux du fleuve a « assurément » quelque chose à voir là-dedans, même s’il ne peut en évaluer la mesure exacte pour le moment.
« Ça demeure préoccupant, car la diminution de l’oxygène et le réchauffement a un impact sur l’ensemble de la biodiversité, et sur les proies des mammifères marins comme le krill et les espèces d’eaux froides », dévoile-t-il.
La fin des croisières ?
Rassurez-vous, on n’en est pas rendu là.
Cependant, cet épisode démontre que parfois, les baleines et ce qu’elles mangent peuvent être visibles ou non sur de très longues distances.
Le président et directeur scientifique du GREMM, Robert Michaud, met l’emphase sur d’éventuels changements dans les pratiques des navigateurs.
« Les animaux peuvent ajuster leurs déplacements pour aller où il y a de la nourriture, ce n’est pas le cas pour les croisiéristes », dit-il.
M. Michaud se garde de conclusions gravées dans la pierre, puisque l’ensemble du système est dynamique et « qu’il est difficile de prédire la direction et l’amplitude des prochains changements ».
« Il y a là une tendance qui semble déjà affecter les excursionnistes au départ de Tadoussac depuis quelques années, car il me semble que les baleines ont moins souvent été observées à la tête du chenal dans les derniers étés », observe le chercheur.
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