L’objectif de la consultation de la Tournée Vision Énergie, pilotée par Yves Montigny le 10 juin à Baie-Comeau, n’a pas réellement été atteint selon certains participants. Il y en a qui décrivent l’exercice d’une « opportunité ratée ».
Ce sont des mots utilisés par la représentante de Mères au Front Baie-Comeau, Audrey Givern-Héroux, ainsi que Shawn Bourdages, coordonnateur à la TROC Côte-Nord.
Pour le préfet de la MRC de Manicouagan, Marcel Furlong, c’était un « exercice démocratique un peu trop encadré ».
« J’ai trouvé ça court et j’ai trouvé dommage de répartir les intervenants par groupe d’intérêt. Oui, il y a eu une plénière à la fin où on a pu entendre les points des autres groupes, mais j’aurais aimé un dialogue », indique Shawn Bourdages.
Les participants ont expliqué que les élus étaient assis ensemble à une table. Même chose pour les acteurs du secteur économique, les représentants des Premières Nations et les intervenants des secteurs sociaux et environnementaux.
« On s’est fait remettre un cahier de participation qui incluait les prémisses du plan du gouvernement, dans lequel il y avait une orientation d’augmenter la production d’énergie pour faire du développement économique. D’un point de vue environnemental, on trouve que c’est biaisé à la base », déclare Audrey Givern-Héroux.
Selon elle, la consultation aurait dû permettre aux gens de se mélanger et d’échanger avec des personnes à qui elle n’a pas toujours l’occasion de discuter.
« Tout ça s’est passé très rapidement et c’était très encadré. On ne pouvait pas sortir du cadre. On avait deux ateliers où on pouvait discuter, mais seulement entre nous autres », dit M. Furlong.
Compenser une région productrice
« Avec ces consultations, le gouvernement entend des préoccupations de plusieurs régions. Mais, sur la Côte-Nord, étant un gros producteur, on a beaucoup de demandes. Surtout au niveau des blocs énergétiques et des compensations », soutient Marcel Furlong.
Parmi sa liste de demandes, le préfet soutient que la rétention est au cœur des préoccupations des élus.
Il souhaite que le gouvernement prenne en compte les enjeux de démographie, de transport et de logements, mais aussi qu’il supporte les municipalités dans la transition énergétique.
« Au niveau municipal, quand on parle de transition, on veut que tout devienne électrifié, qu’on cesse d’utiliser des énergies fossiles. Mais, pour ça, il faudra changer beaucoup de choses. Ça prendra une aide financière pour avoir un support dans tout ça », précise-t-il.
D’un côté social, Audrey Givern-Héroux lance l’idée que les communautés qui reçoivent de grands projets soient parallèlement aidées pour la question du logement.
« Si on donne de l’argent pour un projet de construction d’infrastructure électrique dans une région, il faudrait que ce soit accompagné d’argent pour la construction de logement et pour les services publics dans cette région, pour soutenir les travailleurs qui vont s’ajouter », dit-elle.
Cette dernière demande aussi au gouvernement de mieux choisir la distribution des blocs d’énergie aux entreprises, d’assurer une meilleure transparence dans cette gestion et de considérer les retombées pour les régions productrices d’électricité.
Écouter les préoccupations
Le but initial de cette tournée, amorcée par le gouvernement dans le cadre de son Plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIR), était de consulter les différents milieux dans plusieurs régions.
Daniel Cardin, représentant pour Transition Manicouagan, était aussi présent à la consultation.
Il dénonce non seulement la formule de l’activité, mais se questionne sur l’intention du gouvernement d’écouter la population dans ses demandes.
« D’entrée de jeu, j’ai eu un grand malaise. On a un député d’un gouvernement qui prétend vouloir dialoguer, mais qui passe, sous bâillon un projet de loi qui concerne notre avenir énergétique », lance-t-il.
Selon lui, le gouvernement regarde dans une seule direction, sans réellement penser à une vraie transition énergétique.
« Je crois en l’éolien, au solaire, aux nouvelles technologies, la recherche et le développement. […] On a besoin d’un grand changement de vision. En ce moment, on semble axé sur le gros développement économique, comme attirer de gros joueurs », partage-t-il.
Shawn Bourdages souhaiterait, pour sa part, voir le document qui permettrait de voir ce qui a été retenu et pris en considération.
« Mais ça sera aussi notre travail, comme acteurs de la société civile, de continuer à faire valoir nos enjeux et de poursuivre le dialogue. […] J’invite aussi la population à s’y intéresser. Pour la Côte-Nord, les années à venir seront déterminantes pour l’avenir de la région. Il y a une opportunité à saisir », exprime-t-il.
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