Oui, la morille de feu pousse à Sept-Îles

Par Johannie Gaudreault 10:55 AM - 29 mai 2025
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L'équipe de l'expédition Morille de feu en action. Photo Charlotte B.-Domingue

C’est confirmé, la morille de feu, ce champignon qui pousse au printemps suivant les incendies de forêt, se développe dans le coin de Sept-Îles. C’est le résultat de l’expédition qui s’est tenue en juin 2024 qu’est venue partager Claire Benoit lors d’une conférence à Forestville.

En marge du Mois de l’arbre et des forêts, la propriétaire de l’entreprise Trésors des Bois, située à Clarke City, a rapporté les conclusions de l’expédition qu’elle a organisée l’an dernier au nord de Sept-Îles, un an après le feu dévastateur qui a dépassé les 30 000 hectares.

La conférence en images se tenait au Complexe Guy-Ouellet le 28 mai en soirée et une quinzaine de participants y ont pris part. Parmi eux, des participants à l’expédition, des cueilleurs débutants ou d’expérience ainsi que des partenaires du projet comme Agriboréal – service-conseil et le Groupement Agro-Forestier Côte-Nord.

En plus d’expliquer tout le déroulement de cette expédition d’envergure qui s’est tenue sur 16 jours, soit du 3 au 19 juin 2024, il a été possible d’apprendre les conclusions qui ont été tirées puisqu’une seule morille de feu a été découverte par l’équipe. 

« Vous allez me dire tout ça pour une petite morille, mais elle a fait toute la différence parce qu’au départ, pourquoi on est allé, on ne savait pas si dans la MRC de Sept-Rivières, il y en avait de la morille, si le mycélium était présent. Donc, cette petite morille, aussi petite soit-elle, fait toute la différence. Elle prouve que le mycélium est présent dans ce coin-là », a témoigné Claire Benoit, qualifiant l’aventure de succès scientifique. 

Mentionnons que la découverte ne s’est pas réalisée par hasard. Il a fallu que les participants travaillent pour arriver à en dégoter une de petit format.

Effectivement, puisque l’expédition tirait à sa fin et que l’équipe était toujours bredouille après des kilomètres de recherche en forêt brûlée, Claire Benoit a cultivé un site choisi pour être parfait pour la morille de feu. Elle l’a arrosé de 92 litres d’eau une première fois et a récidivé deux jours plus tard avec 40 litres d’eau. C’est ce qui a permis de voir enfin une morille de leurs propres yeux.

Pour que la morille de feu pousse, plusieurs conditions sont nécessaires. Il faut d’abord qu’un feu de forêt ait brûlé suffisamment fort pour consumer la matière organique du sol forestier. Puis, des spores de champignon doivent être présentes dans le sol qui doit être sablonneux. La morille de feu préfère les plantations de pins gris.

Finalement, il faut assez de pluie au printemps. Cette dernière condition n’étant pas remplie, c’est pourquoi l’équipe a décidé d’arroser un site qui répondait aux autres conditions.

Des participants et partenaires de l’expédition étaient présents à la conférence donnée à Forestville le 28 mai. De gauche à droite, Laurier Tremblay (Agriboréal), Philippe Tremblay (Agriboréal et participant), Claire Benoit, chef d’expédition, Samuel Jalbert (Groupement Agro-Forestier), Ceylan Yuksel (Agriboréal) et Marie-Eve Gélinas (Association forestière Côte-Nord). Photo Johannie Gaudreault

Échanges

D’une durée d’une heure, la conférence a suscité une multitude de questions et d’échanges parmi les participants. Certains étaient venus chercher des trucs et astuces pour cueillir davantage et ils ont pu trouver réponse à leurs questions. D’autres ont aussi partagé leur expérience de cueillette de morilles de feu. C’était le cas de Philippe Tremblay, participant à l’expédition et employé d’Agriboréal – service-conseil, et Samuel Jalbert, directeur du Groupement Agro-Forestier. 

Ces derniers ont eu la chance de ramener quelques kilos de morilles de feu après des expériences de cueillette à Labrieville, notamment. Samuel Jalbert a même fait analyser une de ses trouvailles pour séquencer son ADN. « Ça a été la première occurrence confirmée au Québec de la morchella exuberans, qui est la morille exubérante, qui est probablement la morille de feu la plus abondante dans les feux du Québec », a-t-il expliqué en précisant l’espèce exacte pour les plus érudits.

Notons que la conférence en images sur l’expédition Morille de feu a été présentée à plusieurs reprises au cours de la dernière année. « On trouvait que c’était pertinent de venir la présenter à Forestville puisqu’il y a un bassin d’amateurs intéressés à la mycologie ici », fait savoir Marie-Eve Gélinas, directrice de l’Association forestière Côte-Nord, qui a chapeauté l’expédition en termes de communications.

Pour Claire Benoit, qui dresse un bilan satisfaisant de l’aventure scientifique qu’elle a portée, il aurait été intéressant de retourner en forêt brûlée cette saison, deux ans après le feu de 2023. Ce n’est toutefois pas possible, mais elle ne ferme pas la porte à refaire l’expérience l’an prochain. « Peut-être en 2026, qui sait ? », a-t-elle conclu. 

La seule morille retrouvée durant l’expédition à la suite d’un arrosage. Photo Claire Benoit

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