Plus de transparence sur les établissements de détention

Par Johannie Gaudreault 1:00 PM - 22 mai 2025
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L'établissement de détention de Baie-Comeau.  Photo Johannie Gaudreault

Ce qui se passe dans les établissements de détention semble être un secret bien gardé pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde. Le ministère de la Sécurité publique (MSP) veut faire preuve de transparence et dévoile des statistiques sur la lutte contre la contrebande dans le réseau correctionnel.

Le 22 mai à 13 h, des données concernant les mois de janvier à mars 2025 ont été rendues publiques par le MSP via le site Web Quebec.ca. Elles sont en lien avec les événements liés aux drones, aux saisies de téléphones cellulaires en établissement de détention et aux bracelets antirapprochements.

En entrevue avec le Journal, Anie Gagné, directrice générale par intérim aux programmes, au conseil et à l’administration au MSP, confirme que ce partage d’information vise à mieux informer le public des actions déployées à l’intérieur et à l’extérieur des établissements de détention pour assurer la sécurité.

« C’est vraiment dans un souci de transparence que les autorités ministérielles ont choisi de publier de façon récurrente des statistiques comme celle-là. Je pense que c’est important au niveau du public, qu’il sache toutes les actions qu’on prend. Il y a quand même beaucoup de travail qui s’accomplit et on souhaitait le ventiler aussi », affirme celle qui est originaire de Baie-Comeau.

Les statistiques sont divisées par réseau correctionnel. On en retrouve trois au Québec, dont celui qui regroupe les établissements de l’Est-du-Québec. 

Donc, entre janvier et mars, pour le réseau correctionnel de l’Est-du-Québec, 115 drones ont été observés pour la livraison de 77 colis et la saisie de 37 d’entre eux, ce qui donne un pourcentage de récupération de 48 %. 

En ce qui concerne les téléphones cellulaires, 120 saisies ont été enregistrées durant la même période pour notre réseau correctionnel. Il s’agit d’une proportion de 13 % relative aux autres réseaux. C’est à Montréal que le plus grand nombre de saisies a été cumulé, soit un total de 751.

Quant aux bracelets antirapprochements (BAR), 953 ont été imposés au Québec. Les policiers ont dû intervenir à 2 804 reprises en lien avec ces bracelets et 86 personnes ont été incarcérées suivant le non-respect d’une condition liée au BAR. Les données pour les BAR demeurent nationales et ne sont pas ventilées par réseau.

« C’est important de démontrer qu’il y a des choses qui se font parce que si on ne le dit pas, on ne le sait pas. Les gens n’ont pas accès aux établissements de détention. Il y a beaucoup de choses qui se font à plusieurs égards, mais aussi au niveau de la sécurité dans les établissements de détention », commente Louise Quintin, porte-parole au MSP.

Pour l’instant, le ministère ne dévoile pas les statistiques par établissement de détention ou encore par région administrative. « Le souhait, c’est vraiment d’y aller par réseau seulement pour des enjeux de sécurité. On verra si avec le temps on est capable d’affiner cette pratique là », souligne Mme Gagné.

Comme le mentionne Louise Quintin, l’enjeu des saisies de drones et de cellulaires semble moins important en région, mais ce n’est pas le cas. « En zone urbaine, c’est vraiment plus un enjeu, mais on commence à le voir de plus en plus à l’extérieur des grands centres urbains aussi. Ça devient de plus en plus la réalité », divulgue-t-elle.

Constats

La haut gradée du réseau des services correctionnels constate avec les données publiées aujourd’hui que plusieurs drones ont été observés près des établissements de détention au cours des trois derniers mois.

« Ce sont des chiffres qui évoluent avec le temps. Donc à partir du moment où on sort les données trimestrielles de plus en plus fréquemment, nous ce qu’on observe dans ces dernières années, c’est une évolution, une augmentation », dit-elle.

Anie Gagné réitère qu’il y a beaucoup de travail qui est relié à ces observation notamment l’amélioration des systèmes de sécurité « pour tenter de contrer tout ça et d’actualiser les saisies qui viennent avec au niveau des colis ».

« Même chose au niveau du contenu de ces colis-là qui souvent vont contenir des cellulaires, d’où les statistiques qu’on sort au niveau des cellulaires », renchérit-elle en spécifiant que c’est cette augmentation qui est notée partout dans la province, mais aussi dans l’Est du Québec.

Investissements

Les établissements de détention de la Côte-Nord, situés à Sept-Îles et Baie-Comeau, ne seront pas oubliés dans les investissements prévus au cours des prochaines années pour l’amélioration de la sécurité, assure Anie Gagné. 

« C’est sûr qu’au prorata, au niveau des investissements, tout est pensé en fonction d’une répartition quand même équitable. C’est juste que le déploiement de ces mesures-là n’est pas nécessairement fait de la même façon. Il y a des annonces qui vont être faites ultérieurement et ça couvre la province », fait-elle savoir.

Pénurie d’agents

La Côte-Nord est une des régions particulièrement touchées par la pénurie d’agents de services correctionnels. Mais la situation s’améliore, selon Mme Gagné. 

« Heureusement, avec le centre de formation et le recrutement super actif qui est fait par nos équipes, on a des cohortes de nouveaux employés qui s’ajoutent chaque 8 semaines. On en a aussi qui vont toucher la Côte-Nord au niveau du nouveau personnel. »

Précisons également qu’au même titre que l’équipe volante en santé, des agents de services correctionnels d’autres régions du Québec viennent prêter main-forte dans la région, ce qui permet d’éviter les bris de services. 

Actuellement, moins de 220 postes d’agents sont vacants pour l’ensemble des établissements de détention de la province, dont 92 pour l’ensemble du réseau correctionnel de l’Est-du-Québec qui regroupe les établissements de détention de Sept-Îles, Baie-Comeau, Roberval, New Carlisle, Québec, Rimouski, Trois-Rivières et Percé. 

Statistiques pour le Québec

– 274 drones ont été observés et 195 transportaient un colis;

– 134 colis ont été saisis sur 195 observés, ce qui représente un taux de récupération de 69 %;

– Ce sont 896 téléphones cellulaires qui ont été saisis à la suite de fouilles, d’enquêtes ou d’interceptions par les agents et agentes des services correctionnels.