Produits d’hygiène féminine réutilisables : qu’est-ce qu’on attend dans Sept-Rivières ? 

Par Emelie Bernier 6:00 AM - 20 mai 2025 Initiative de journalisme local
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Julie Rousseau, directrice de À La Source, Sept-Îles, tenant des produits d'hygiène féminine réutilisables. Photo Emy-Jane Déry

Au cours de sa vie, une femme aura ses règles pendant… 6 ans ! Elle utilisera de 10 000 à 15 000 items de protection féminine jetable, des articles souvent bourrés de produits néfastes pour sa santé qui termineront inévitablement leurs jours dans les sites d’enfouissement ou les réseaux d’égout. Et si on vous disait qu’il existe une alternative et qu’en plus, de l’aide financière est disponible pour l’adopter ?

Certes plus coûteux que leurs vis-à-vis jetables au moment de passer à la caisse, les produits d’hygiène féminine réutilisables (PHFR) s’avèrent toutefois beaucoup plus économiques et indubitablement plus écologiques sur le long terme. Ils sont également moins dommageables pour la santé des femmes que les tampons et serviettes hygiéniques à usage unique. De plus en plus de villes, MRC et municipalités encouragent l’achat de PHFR en subventionnant une partie importante du coût à l’achat.

Tentées ? 

Contrairement aux MRC de La Haute-Côte-Nord et de Manicouagan, il n’existe actuellement pas d’incitatifs à l’achat de PHFR dans la MRC de Sept-Rivières. L’intérêt pour mettre en place un tel programme est bien là, confirme la directrice de la MRC, Elisabeth Chevalier.

« Le gouvernement du Québec revoit actuellement les cadres d’utilisation des sommes liées à certaines de nos ententes de financement. Il est certain que notre MRC vérifiera la faisabilité de mettre en place un tel projet (…) dès que nous connaîtrons les nouveaux paramètres qui régiront nos actions futures d’investissement dans la communauté », a indiqué la directrice par courriel.

Le sujet a déjà été abordé il y a quelques années, rappelle Julie Rousseau, directrice de l’organisme À La Source. 

« Avant la COVID, il y avait une volonté de la MRC d’aller de l’avant avec les subventions pour l’achat de PHFR. On avait monté un comité pour instaurer cette politique, on était allé voir ce qui se faisait ailleurs, le processus était entamé ! Certaines personnes ont quitté entre temps et personne n’a pris le relais », indique Mme Rousseau. « Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. »

À La Source intervient en santé hormonale des femmes et en périnatalité. Une petite écoboutique, attenante aux bureaux de l’organisme, propose d’ailleurs des produits d’hygiène féminine réutilisables.

La Corporation de protection de l’environnement de Sept-Îles (CPESI) a évalué que pour la Ville de Sept-Îles seulement, l’utilisation de protections jetables correspond à près de 26 tonnes de déchets par année, excluant le poids du sang. Andréane Levesque-Kombila, conseillère en écoresponsabilité, espère que les incitatifs ne tarderont pas à être offerts aux femmes qui souhaitent faire la transition, en tout ou en partie, vers les PHFR.

« Il ne reste qu’à trouver la manière de mettre le programme en marche », estime-t-elle.

Chiffres sur les produits d’hygiène féminine jetables. Image Les Éditions Nordiques

L’aspect environnemental est important, mais l’angle socioéconomique également.

« Bien que les produits réutilisables représentent une économie à long terme, de 500 $ à 1 200 $ pour une durée de 5 à 10 ans, ils demeurent assez dispendieux sur le moment, soit environ 150 $ en moyenne pour un kit de départ », résume la conseillère.

L’argument « santé » devrait achever de convaincre les sceptiques.

« Plusieurs études montrent que l’utilisation des produits jetables, qui contiennent du chlore et d’autres produits chimiques et qui vont entrer directement en contact avec les muqueuses, peut être un risque pour la santé. On parle d’irritation, d’inconforts, mais également d’endométriose. Les protections jetables peuvent même être un facteur pour certains cancers », relate Mme Levesque-Kombila. 

C’est d’ailleurs là qu’un programme de subvention rejoindrait les valeurs d’À La Source. « Dans notre mission, la santé hormonale est très importante. Quand on sait qu’on peut utiliser quelque chose qui est beaucoup plus sain et sécuritaire, ça va de soi qu’on va le promouvoir ! Il faut réactiver la machine, ce n’est pas quelque chose qui est complexe à mettre en place », indique Mme Rousseau.

La Ville de Sept-Îles rembourse une partie des frais liés à l’achat de couches réutilisables, mais n’a pas de programme à ce jour pour les PHFR.

« Ce sera assurément évalué au moment de la révision de notre politique environnementale », indique Amélie Robillard, conseillère en communication.

6000 $ dans une vie pour des produits de protection féminine