Des États généraux sur le phoque du Saint-Laurent

Chasseurs de phoques. Photo Pierre Aucoin, source ACPIQ
La tenue d’états généraux sur le phoque du Saint-Laurent du 11 au 14 novembre a été annoncée aujourd’hui par un consortium composé de l’Association de chasseurs de phoques intra-Québec, l’Agence Mamu Innu Kakussesht (AMIK) et Exploramer. L’objectif des États généraux est de parler d’une même voix, mais les organisateurs soutiennent que même les voix divergentes auront droit au chapitre.
Les travaux débuteront au cours des prochaines semaines. Les intervenants comme les citoyens seront invités à déposer des mémoires qui alimenteront les discussions lors du Grand chantier des États généraux sur le phoque du Saint-Laurent, à Matane, du 11 au 14 novembre 2025.
Le processus s’articulera autour de trois enjeux, chacun d’eux portés par un «président d’enjeu».
L’enjeu 1, la réglementation ( permis, période de chasse, zones, etc.) sera présidé par Patrick Vincent. Mike Hammill présidera le second, la science, (ex. : biomasse, prédation, recherche, etc.). Les deux hommes ont fait carrière au ministère Pêche et Océan (MPO). Le troisième et dernier enjeu, la valorisation de la ressource (alimentaire, textile, pharmacologique, etc.) sera présidé par Geneviève Myles, directrice développement des affaires du Créneau.
Chacun sera appelé à colliger les mémoires, interventions et commentaires autour de son enjeu et ces informations serviront de matière première lors de l’événement de novembre.
Gil Thériault, directeur de l’Association de chasseurs de phoques Intra-Québec (ACPIQ), rappelle que la demande dépasse largement l’offre dans l’industrie.
«Les gens sont toujours surpris de savoir qu’il y a beaucoup plus de demande que de produit. Ce qu’on dit, c’est que l’industrie doit devenir un modèle qui respecte l’environnement et les communautés», clame M. Thériault.
Il relate que la Boucherie Côte à Côte, aux Iles-de-la-Madeleine, seule entreprise à qui on permet de commercialiser le phoque au Québec, aurait de la demande pour 3000 phoques annuellement, alors qu’elle n’a accès qu’à 800 bêtes.
Des perceptions qui changent
La chasse au phoque, estime Marilou Vanier de l’AMIK, n’a plus aussi mauvaise presse qu’avant.
«Le discours change, les mentalités changent. Des voix commencent à s’élever de l’autre côté de l’Atlantique alors que l’Europe était très fermée», illustre-t-elle.
L’AMIK «fait partie de cette mouvance-là, selon Mme Vanier, parce que les communautés autochtones ont un apport important à apporter à l’industrie du phoque», dit-elle, rappelant l’aspect traditionnel de cette pratique pour plusieurs communautés de la Côte-Nord et de la Basse-Côte-Nord.
La valorisation des prises est un mot-clé, pour la directrice de l’AMIK.
«Ce qu’on veut, c’est une valorisation pleine et entière de l’animal, on veut que cette chasse soit éthique, qu’elle se fasse dans le respect de l’animal, mais on veut que les savoirs qui sont ceux des communautés autochtones soient reconnus, on veut l’entendre pendant les États généraux et ils vont prendre une place prépondérante dans l’organisation et la planification des grands chantiers qui vont avoir lieu dans novembre», ajoute-t-elle.
Les écologistes seront entendus
Un des objectifs des États généraux est d’écouter les parties prenantes et d’arriver à un consensus pour avoir davantage de poids auprès du MPO.
«On est là dans une vision holistique. On veut vraiment que tout le monde ait la possibilité de s’exprimer. Le but n’est pas nécessairement de faire débloquer automatiquement des facilités, mais on veut justement une réponse concertée», indique Mme Vanier qui évoque une «organisation des voix qui s’élèvent d’un peu partout pour un impact plus significatif auprès du MPO».
«Les gens de la capture, de la transformation au niveau des ressources halieutiques, au niveau des communautés, ce sont des gens de paroles, mais quand vient le temps de synthétiser, de mettre ça au clair, je pense que ça vaut la peine de s’assoir, de se voir, de se parler pour être capable de s’entendre sur des conclusions», indique Mme Vanier.
Les voix divergentes, notamment celles des environnementalistes, seront-elles les bienvenues aux États généraux?
«Évidemment, la voix écologique est là. L’AMIK est non seulement là pour soutenir les communautés qui ont des activités de pêche, mais aussi pour la protection et la conservation des ressources aquatiques et océaniques. Le volet environnemental n’est pas du tout exclus pendant les États Généraux du phoque», affirme-t-elle sans ambages.
Gil Thériault abonde dans le même sens, avec un bémol.
«Généralement, les véritables écologistes et environnementalistes sont les bienvenus parce qu’ils vont clairement appuyer nos démarches. Les ” pseudos “, ils auront le droit de s’exprimer aussi, mais on peut les détecter assez vite», nuance-t-il.
Les présidents d’enjeux débuteront sous peu les rencontres de consultation, en présentiel et en virtuel. Ils procéderont également à des appels de mémoire. On pourra suivre les travaux sur Facebook sur la page États généraux sur le phoque du Saint-Laurent.
Le dépôt d’un rapport final est prévu en décembre. Celui-ci sera remis aux instances concernées, tant fédérale que provinciale, mais aussi à des organisations locales et régionales.
Ce n’est pas demain la veille que les Québécois troqueront le boeuf pour le phoque dans leurs assiettes, insiste Mme Vanier. «C’est un marché de niche, mais certains vont apprécier cette ressource et c’est ce marché qu’on va chercher tout en respectant la capacité de l’écosystème à supporter cette industrie. On veut travailler tous ensemble pour le développement de la filière phoque», conclut Mme Vanier.
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