En Basse-Côte-Nord, cueillir des petits fruits est aussi commun qu’aller faire les courses. En voulant documenter cette pratique ancestrale, deux artistes ont déterré une admiration renouvelée pour le territoire et les gens qui l’habitent.
De 2023 à 2024, Éloïse Lamarre et Raphaëlle Ainsley-Vincent ont multiplié les séjours à Lourdes-de-Blanc-Sablon, Tête-à-la-Baleine, Saint-Augustin et Pakua Shipi, pour rencontrer celles et ceux qui font vivre cette tradition.
Parti avec l’objectif de créer un recueil de poésie documentaire, alimenté par les récits de ces cueilleurs et des photos de leur quotidien, le duo cherchait avant tout à mettre en lumière la fierté des communautés innues, francophones et anglophones qui continuent de cueillir cette fameuse chicoutai.
« On s’est comme rendu compte que parler de cueillette, c’est aussi de parler de la vie sur le territoire, de pratiques culturelles qui sont restées, de la vie sur les îles », raconte Éloïse Lamarre, en entrevue avec le Journal.
Plus qu’un simple fruit
Pour certains, le temps de la chicoutai est le moment parfait pour revenir en Basse-Côte-Nord.
À l’arrivée de juillet, période idéale pour la cueillette, plusieurs Coasters, un surnom pour les habitants de la Basse-Côte-Nord, se rapatrient au-delà de la 138 pour retrouver leurs familles et revivre des souvenirs d’antan.
« C’est le moment où les jeunes reviennent. […] C’est quelque chose de précieux qui ramène vite à un souvenir d’enfance », rapporte Éloïse Lamarre. « Tu vas un peu à la cueillette comme tu vas à l’épicerie, tout le monde le fait. »
Pour d’autres, la cueillette relève plutôt d’une routine. Autrefois, la récolte de chicoutais et de graines rouges représentait un important moyen de subsistance pour les habitants de la Basse-Côte-Nord.
Ces petits fruits leur permettaient d’atteindre le seuil nécessaire, pour avoir droit à l’assurance-chômage après la saison de pêche.
« Certaines personnes nous racontent qu’ils en ont trop cueilli, mais pour la plupart, ça reste un beau souvenir, un moment hors du temps. »
Tisser des liens
Au cours de leurs nombreuses visites, Éloïse Lamarre et Raphaëlle Ainsley-Vincent disent avoir tissé des liens importants avec les personnages de leurs récits, les sujets de leurs clichés.
Pour les deux artistes, l’amour que les locaux éprouvent pour cette région n’est plus une surprise.
« Nous aussi, on est tombées en amour avec les communautés, mais surtout, les gens. C’est impossible de ne plus y aller », partage Éloïse Lamarre. « Les gens voyagent beaucoup à l’international, mais je pense qu’on n’a rien à envier à personne quand on découvre la Basse-Côte-Nord », ajoute-t-elle.
Les récits et images recueillis seront à l’honneur dans l’exposition De tourbières et d’îles : Portraits de cueillette en Basse-Côte-Nord, présentée du 16 avril au 30 novembre au Musée de la Côte-Nord.
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