Billet ǀ Un « congé pour les accouchements », qu’il dit

Catherine Lauzon, directrice générale de la Ville de Sept-Îles, lors de la séance publique du conseil municipal du 31 mars. Photo capture d'écran, nousTV
Les choses ont dégénéré dans les dernières séances publiques du conseil municipal de Sept-Îles. Mais, on ne s’entend pas tous sur les raisons.
Ça s’est envenimé au point où le maire, Denis Miousse, a décidé de recadrer la période de questions réservée aux citoyens : deux questions par personne, maximum cinq minutes. Et les questions doivent s’adresser au maire.
Rien de bien sorcier.
Ça lui a quand même valu un « c’est quoi votre problème » du citoyen Claude Lessard, ex-conseiller municipal. Pour ceux qui n’écoute pas assidument la messe du conseil, M. Lessard a l’habitude de venir régulièrement prendre la parole au micro, pour challenger le conseil sur différentes décisions et dossiers.
Je ne ferai pas, ici, le procès de M. Lessard, qui a tout à fait le droit de venir adresser ses questions aux élus. Or, je vais me porter à la défense de ces derniers et de l’administration municipale et tenter d’expliquer « c’est quoi le problème ».
Sur sa page Facebook, un autre désormais habitué de la période de questions, Patrick Hudon (qui ne surprendra personne en proposant sa candidature de maire à l’automne), a vivement critiqué « certains membres » du conseil après cet épisode, les qualifiant « d’irrespectueux » envers les citoyens.
Il a parlé d’un « climat hostile » pour ceux qui viennent s’exprimer à l’avant.
« Vos micros sont ouverts, on vous entend, et parfois, c’est franchement gênant », écrit-il.
Ce qui crée un climat hostile au conseil, ce ne sont pas les élus.
Je vous ramène en 2012.
C’est un lundi soir. Je suis assise à la table des journalistes de la salle du conseil. Claude Lessard est conseiller. Il est en beau fusil, pour faire changement. Il traite ses collègues « d’imbéciles », de « pourris », puis, dans un élan de rage, il garroche un verre d’eau au bout de ses bras, en pleine séance publique.
Côté hostilité, on était servi.
Il a été expulsé de la séance publique, accusant ses collègues de mener une « dictature » au passage.
Bref, plus de 10 ans plus tard, la personnalité bouillante de Claude Lessard n’a pas changé, mais cette fois, il n’a pas été élu. Plusieurs conseillers qui sont à la table, incluant le maire Miousse, étaient aussi de cette époque houleuse, où les chicanes de conseil étaient devenues pratiquement une habitude.
Je le rappelle pour mettre en contexte les soupirs et exaspérations entendus au micro et soulevés par M. Hudon dans sa publication.
Revenons aux choses importantes, selon moi. La source de tout cela. Pourquoi le maire a décidé de recadrer ?
À la séance du 17 mars, la directrice générale de la Ville de Sept-Îles, Catherine Lauzon, a assisté à une conversation publique de monsieurs portant sur son utérus.
Claude Lessard est contre le fait que la Ville de Sept-Îles se paye une directrice générale adjointe (comme pas mal toutes les villes de la province pour des raisons d’obligations légales, mais bon).
« Si elle prend un fameux congé pour les accouchements », a-t-il déblatéré au micro, avant de décoller sur une analyse publique d’un hypothétique congé de maternité, pour employer le bon terme, de la directrice générale, afin de faire vivement valoir son désaccord sur le poste de DGA, récemment accordé à une femme qu’il estime « trop payée », qui viendrait alors en renfort… bref un gros show de mansplaining complètement hallucinant.
Vous irez l’écouter sur nousTV.
Heureusement, j’ai cru entendre dans les fameux « micros ouverts » des élus un « ça n’a pas de bon sens ».
Non, ça n’a pas de bon sens, et vivement que quelqu’un à qui nous avons fait un X à côté du nom sur un bulletin de vote l’ait dit en notre nom.
C’est à la séance suivante que le maire a recadré avec ses règles.
Faisons preuve de bon jugement svp, à l’égard de nos élus. Claude Lessard est souvent irrespectueux lorsqu’il s’adresse à eux. Non, il n’est pas élu. Oui, eux le sont et doivent par conséquent faire preuve de retenue. Mais pour honorer 2025, de mon côté, je choisis de ne pas faire preuve de retenue pour dénoncer le manque de respect envers la première femme directrice générale de l’histoire de la Ville de Sept-Îles et envers sa collègue (DGA) Mme Suzy Lévesque, auquel nous avons été exposés.
SVP, de ça, parlons-en haut et fort. Encore et encore.
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Merci Emy-Jane de recadrer ce débat, c’est reconfortant de te lire, tes propos représentent l’opinion de beaucoup de citoyens si je fie aux commentaires reçus suite aux rencontres publiques du conseil
Comme élue Charlotte, c’était de votre responsabilités et celles de vos collègues de le recadrer. Pas à Emy-Jane Déry. Remercions d’ailleurs les citoyens et cette journaliste d’avoir fait le travail du Conseil Municipal face aux propos problématiques envers la direction générale.