Pêche au saumon

De 3 à 2 remises à l’eau quotidiennes

Par Emelie Bernier 10:09 AM - 27 mars 2025 Initiative de journalisme local
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Des craintes sont émises par les biologistes quand au taux de survie des saumons remis à l'eau, lorsque l'eau de surface est très chaude. Photo courtoisie FQSA

Pêcheurs, il faudra limiter à deux vos tête-à-tête quotidiens avec le roi des rivières. Le contingent de saumons pris et remis à l’eau est fixé à deux par jour dans toutes les rivières à l’ouest de la Kegaska. À l’est, le quota de « catch and release » est fixé à trois poissons par jour. 

Les modalités de pêche sont désormais connues pour la saison 2025. La remise à l’eau de tous les saumons capturés à la pêche sportive sera obligatoire. Dans les rivières Moisie, Saint-Jean (Côte-Nord), Natashquan, et dans toutes les rivières de la Basse-Côte-Nord, la rétention d’un petit saumon par jour par pêcheur sera autorisée. 

Myriam Bergeron, directrice générale de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA), estime que ces modalités sont nécessaires dans le contexte.

« Que ce soit pour le saumon ou les autres espèces, il y a un ajustement annuel des modalités et dans le cas de la saison de pêche au saumon 2025, ce sont les craintes par rapport aux faibles montaisons qui justifient la règlementation », indique-t-elle.

Les consultations ont été menées dès l’automne.

« On l’avait demandé, dès septembre, d’annoncer les modalités de pêche le plus tôt possible, pour que les pêcheurs soient au courant et puissent décider s’ils souhaitent ou pas participer au tirage présaison, réserver leur séjour… »

L’an dernier, une annonce tardive avait causé de l’irritation chez les gestionnaires de rivières et les pêcheurs.

« Par le plan de gestion, il y a différentes fenêtres où le ministère peut faire des modifications au règlement de pêche au saumon atlantique et c’est ce qui s’est passé l’an dernier », explique Mme Bergeron.

Le « principe de précaution » est l’approche préconisée par Saumon Québec (FQSA).

« Dans l’ensemble, on est en accord avec les modalités. Elles sont évolutives dans le temps. Il y aura, souhaitons-le, de meilleures années, mais c’est le temps de faire un effort pour la protection de la ressource », indique-t-elle.

Sur la rivière Moisie, la Pourvoirie Nipissis devra composer avec la règlementation. André Michel, biologiste pour ITUM, s’interroge sur les impacts de la réduction de 3 à 2 prises (avec remise à l’eau).  

« À la pourvoirie, on fait la remise à l’eau intégrale sans problème, c’est une bonne mesure de protection. Mais si un client vient et paie quelques milliers de dollars par jour et qu’au bout de deux saumons, il ne peut plus pêcher, qu’est-ce qu’il va faire du reste de sa journée ? Se tourner les pouces ? C’est contraignant », estime-t-il.

Il a fait parvenir une lettre au ministère, pour faire valoir ce point de vue, mais les dés étaient jetés.

« Cette année, ce sera comme ça, on verra l’an prochain », indique M. Michel.

Le problème est-il au niveau des rivières, s’interroge le biologiste. « En rivière, on a fait beaucoup d’effort. Le problème est peut-être en mer. La Moisie, la rivière Saint-Jean et la Natashquan ne sont plus dans l’exception. Je trouve qu’on demande beaucoup aux gestionnaires de rivières. Ça met un frein au développement économique… »

M. Michel est depuis peu administrateur de la Fédération canadienne du saumon atlantique (ASF). Il entend y porter la voix des communautés autochtones du Québec.

« J’ai accepté pour être représentant des communautés touchées par la pêche. Je pense qu’au niveau de la rivière, on est allé au maximum des efforts qu’on peut faire. Il faut faire des études pour comprendre aussi ce qui se passe en mer. L’élevage de saumon en pleine mer, on a bien évalué ses impacts ? Il y a plusieurs facteurs qui doivent expliquer pourquoi il y a moins de montaison. »

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