Dans le documentaire La cartomancie du territoire, le dramaturge québécois, Philippe Ducros, emprunte les routes 132 et 138, afin de rencontrer des membres des Premières Nations et des Inuits, motivé par un désir de comprendre les ravages du colonialisme, un système dont il est l’héritier.
« C’est le travail d’une vie d’essayer d’être bien dans une société qui est de plus en plus stressante », partage Philippe Ducros, le réalisateur et scénariste derrière le projet. « C’est important de voir s’il y a d’autres manières de lire le monde. C’est ce que j’ai amorcé avec ce projet-là. »
La cartomancie du territoire, basé sur la pièce de théâtre du même nom, est parsemé de témoignages poignants de la part d’individus autochtones qui ont dû vivre avec les conséquences d’un système qui voulait les effacer.
Ceux-ci, interprétés par des comédiens issus des Premières Nations, comme Sharon Fontaine-Ishpatao (Uashat), Marco Collin (Mashteuiatsh) et Charles Bender (Wendake), ont été recueillis auprès de véritables survivants, en 2004 et en 2015, dans un esprit d’écoute.
S’asseoir et écouter
Bien capter ces réalités en tant qu’allochtone peut s’avérer être une mission complexe, selon Philippe Ducros.
« Quand je débarque dans les communautés des Premières Nations […] j’incarne le colonisateur », reconnaît-il. « J’ai hérité d’un système qui a mené aux atrocités qui ont eu lieu dans les pensionnats. »
La clé pour accéder à cette réalité, souvent protégée par peur de blessures, réside dans le respect, selon le réalisateur.
« Il faut accepter d’y aller en humilité et de se dire que l’on essaye de comprendre, que l’on essaye de faire un travail de réflexion », enchaîne-t-il. « Il y a des gens des Premières Nations qui disent : “nous, on sait ce qu’on souhaite pour l’avenir”, alors il faut peut-être juste se fermer la gueule et écouter, se demander qu’est-ce qu’on peut faire pour cohabiter. »
Le territoire comme personnage
De Mani-utenam jusqu’au pont de Sheldrake, le paysage nord-côtier occupe une place centrale dans les images de ce long-métrage.
Cet esthétisme se range dans une intention de représenter le territoire comme une entité vivante.
« Je voulais que le territoire soit un personnage en soi, qu’il cohabite avec les humains, qu’il ait la même valeur, la même grandeur, un personnage principal de cette histoire », raconte-t-il.
En ce sens, Philippe Ducros honore la cosmogonie autochtone, où l’être humain et la nature sont sur le même pied d’égalité.
Le titre du documentaire est d’ailleurs un commentaire sur la survie des ressources territoriales à long terme. La cartomancie, un art divinatoire, devient ici une métaphore des incertitudes entourant la préservation de ces ressources.
« Si on est dans une croissance économique sans borne, le territoire, lui, est restreint », signale Philippe Ducros. « Si on pense qu’au Québec on vit dans un océan d’arbres et qu’il va toujours en rester, ce n’est pas vrai. »
La cartomancie du territoire sera diffusé à la Salle Jean-Marc-Dion, à Sept-Îles, le 24 mars à 10 h, 13 h 30 et 19 h.
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