Lettre ouverte ǀ L’hôtel de ville de Sept-Îles remplacé par un stationnement

L'hôtel de ville de Sept-Îles. Photo archives
Depuis décembre 2022, l’organisme Action patrimoine se mobilise pour sauvegarder l’hôtel de ville de
Sept-Îles. En avril 2024, nous avons réitéré notre position, aux côtés d’autres organismes et associations
citoyennes qui se sont également prononcés en faveur de la réhabilitation et de la conservation de ce
bâtiment. Malgré ces appuis, la décision a été prise en mars 2025 de déconstruire l’hôtel de ville, afin d’y
aménager un stationnement à l’automne 2025.
L’hôtel de ville de Sept-Îles
Construit en 1960, l’hôtel de ville de Sept-Îles est un bâtiment emblématique de la région. Issu du
patrimoine moderne, ce bâtiment a fait l’objet d’une étude patrimoniale en mai 2020. Le mandataire, la
firme Patri-Arch, a jugé que l’hôtel de ville avait une valeur patrimoniale supérieure. L’immeuble est une
œuvre remarquable de la firme d’architectes Affleck, Desbarats, Dimakopoulos, Lebensold & Sise. Ces
architectes ont marqué le Québec de la Révolution tranquille par la qualité exceptionnelle de leurs projets. En ce sens, ce témoin de l’architecture moderne aurait dû être préservé et mis en valeur.
Un cas de plus
L’exemple de l’hôtel de ville de Sept-Îles illustre parfaitement le manque de vision et l’incohérence de
l’État dans la gestion du patrimoine immobilier. Dans son rapport de 2020, la Vérificatrice générale du
Québec (VGQ) soulignait déjà les lacunes en matière de connaissance, de sauvegarde et de valorisation
du patrimoine bâti.
Malgré les modifications législatives, notamment l’adoption en 2021 du projet de loi numéro 69, loi
modifiant la Loi sur le patrimoine culturel et d’autres dispositions législatives, qui vise à mieux outiller les
acteurs locaux dans leurs décisions en matière de patrimoine, à en améliorer la gestion et à encadrer plus strictement les demandes de démolition de biens patrimoniaux, force est de constater qu’en 2025, trop de bâtiments d’exception continuent de disparaître sous le pic des démolisseurs.
Afin de répondre au constat du manque d’exemplarité de l’État en matière de patrimoine soulevé dans le
rapport de la VGQ, les modifications apportées à la Loi sur le patrimoine culturel visaient notamment à
« favoriser l’exemplarité de l’État eu égard au patrimoine culturel immobilier gouvernemental. »
Une destruction inacceptable
Action patrimoine tient à souligner le caractère absurde et inacceptable de cette situation. Il est
incompréhensible qu’en 2025, un bâtiment d’une telle valeur soit détruit pour être remplacé par un simple stationnement. Au-delà de la perte irrévocable d’un joyau patrimonial de la Ville de Sept-Îles, cette décision est aussi un non-sens écologique.
La restauration de ce bâtiment aurait permis d’y aménager de nouveaux bureaux pour la mairie, tout en
conservant sa structure et en limitant les déchets générés par une démolition. Or, cette destruction
entraîne une série d’impacts négatifs : la perte de matériaux de qualité, des coûts d’enfouissement, des
émissions de CO₂ liées au transport des nouveaux matériaux, et bien d’autres conséquences environnementales. Il est temps de préserver et de valoriser notre patrimoine, afin de le léguer aux
générations futures, plutôt que de le détruire et continuer à surconsommer des ressources de plus en
plus limitées.
Ajoutons à cela la perte d’un élément structurant du paysage urbain, qui servait de repère aux résidents
dans leur appropriation de l’espace. Sa démolition appauvrira drastiquement l’environnement bâti, au
profit d’un aménagement sans âme ni valeur patrimoniale.
Qu’en est-il de la suite ?
Il est inconcevable que la réhabilitation de l’hôtel de ville n’ait pas été sérieusement envisagée pour y
réintégrer les bureaux de la mairie. Action patrimoine constate quotidiennement, à travers son
engagement, que ce type de situation n’est malheureusement pas un cas isolé. Un fossé grandissant se
creuse entre le discours officiel sur l’importance du patrimoine bâti et paysager au Québec et la réalité
des décisions prises sur le terrain.
Nous réitérons donc notre demande : faire preuve d’exemplarité en réhabilitant l’hôtel de ville de Sept-Îles et en y intégrant les futurs bureaux de la mairie.
Renée Genest, directrice générale et Chloé Breton, responsable des positions, Action patrimoine
Galerie photo
À découvrir
Des contenus marketing présentés par et pour nos annonceurs.