Forum annuel de l'assurance-emploi

Beaucoup d’écoute, pas de promesses

Par Renaud Cyr 2:30 PM - 6 mars 2025
Temps de lecture :

Line Sirois a fait valoir les intérêts des travailleurs de la Côte-Nord au Forum annuel de l'assurance-emploi, tenu à Gatineau le 27 février. Photo courtoisie

Action-Chômage Côte-Nord a trouvé beaucoup d’écoute pour faire valoir les intérêts des travailleurs saisonniers de la région lors du Forum annuel de l’assurance-emploi, mais repart bredouille de promesses de réformes ou d’améliorations pour le court terme.

Le Forum annuel de l’assurance-emploi, organisé le 27 février à Gatineau par le Commissaire aux travailleurs et travailleuses Pierre Laliberté, a réuni les groupes de défense des travailleurs de partout au pays, dont Action-Chômage Côte-Nord, pour faire le tour des différentes problématiques liées à l’assurance-emploi.

Ils ont pu faire connaissance avec le nouveau ministre de l’Emploi et du Développement de la main-d’œuvre, Steven MacKinnon, qui a remplacé Randy Boissonnault après le remaniement ministériel de décembre dernier.

La directrice générale d’Action-Chômage Côte-Nord, Line Sirois, indique que la rencontre s’est déroulée avec un ton plus cordial que le même exercice avec l’ancien ministre Boissonnault.

« Il nous dit qu’il comprend nos enjeux et qu’il ne nous oubliera pas, mais on n’a pas eu de promesses ou d’engagements qui feraient qu’il y aurait des améliorations à court terme », rapporte-t-elle au Journal.

Incertitude

Pour Line Sirois, les menaces de guerre commerciale avec les États-Unis ont jeté de l’ombre sur les besoins des travailleurs saisonniers de chez nous.

« On parle beaucoup d’aider les entreprises, mais notre demande c’est davantage d’aider les travailleurs d’entreprises saisonnières. On est intervenu pour dire qu’il ne faut pas oublier qu’on a déjà des problématiques chez nous », mentionne la directrice.

Cette dernière souhaite que le gouvernement se prépare davantage à répondre aux contrecoups de potentiels ralentissements économiques.

« Il est beaucoup question des grandes industries, mais les petits commerçants aussi vont devoir mettre des gens à pied, car ça va les toucher indirectement », estime-t-elle.

Selon Mme Sirois, les industries des pêches et du bois d’œuvre, qui occupent une place importante dans l’économie nord-côtière, sont également dans l’incertitude face aux impacts qu’auront les menaces de guerre commerciale sur leurs employés.

Pas de réforme

Action-Chômage Côte-Nord exige depuis des années une réforme majeure de l’assurance-emploi, mais celle-ci se fait plutôt attendre au profit d’ajustements temporaires depuis la pandémie de COVID-19.

« Elle doit être mise en place même si on sait qu’il n’y en aura pas à court terme », clame Line Sirois qui croit que ce purgatoire administratif et politique nuit aux travailleurs en générant de l’anxiété qui « doit être arrêtée ».

« Les gens ne savent pas trop si ça va toucher leur emploi ou pas. Quand on a une bonne assurance qui vient combler ce besoin-là, les gens sont moins anxieux et ils se disent qu’ils vont être capables de passer à travers », laisse-t-elle entendre.

Campagne électorale

Line Sirois se déçoit du peu d’intérêt qui est montré pour l’assurance-emploi en marge des élections fédérales futures, à savoir le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilièvre, et le candidat à la chefferie du Parti libéral du Canada, Mark Carney.

« Ni l’un ni l’autre n’en a parlé », se désole-t-elle. Pourtant, il s’agit d’un enjeu « qui ne comble plus les besoins » en raison d’un déficit dans la caisse d’assurance-emploi, selon l’intervenante nord-côtière.

« On revendique toujours la même chose, peu importe si on vient du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse ou du Québec. Ce n’est plus le filet de sécurité sociale qu’il a déjà été », croit Line Sirois.

Cette dernière révèle que les organismes et les syndicats sont à l’écoute, et qu’Action-Chômage Côte-Nord va « interpeller tous les partis politiques durant la campagne électorale ».

Conseil d’appel

Une refonte administrative de processus d’appel des dossiers à l’assurance-emploi affectera positivement les travailleurs, dévoile Mme Sirois.

Lorsqu’un dossier est en appel après un premier refus, il est acheminé au tribunal de la sécurité sociale qui sera bientôt transformé en conseil d’appel.

« À la place d’avoir une personne comme avec le tribunal, le conseil sera formé d’un représentant des travailleurs, un représentant des entreprises et un représentant de la commission de l’assurance-emploi », dit-elle, soulignant qu’il s’agira d’une démarche « plus juste » envers les travailleurs.

Il n’y a pas pour l’instant de représentant de la Côte-Nord en vue pour le conseil. « Il n’y a que dans quelques grandes villes où les gens vont pouvoir faire appel en présentiel, ce qui risque d’entraîner des différences de traitement dans les dossiers, car c’est moins évident de débattre quand on est devant une caméra », illustre-t-elle.

Line Sirois tend quand même à croire que ce changement sera positif. « C’est sûr qu’il y aura des ratés, et le forum des commissaires est là pour ça. On espère qu’il va toujours avoir place à l’amélioration dans le temps », termine-t-elle.

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires