Gilles Bélanger succède à Éric Caire en tant que ministre du Numérique

Le premier ministre François Legault, en compagnie du nouveau ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Gilles Bélanger, dans le bureau de la lieutenante-gouverneure, Manon Jeanotte, le 28 février 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot
Le premier ministre François Legault fait monter en grade un député d’arrière-ban, Gilles Bélanger, en le nommant ministre de la Cybersécurité et du Numérique en remplacement d’Éric Caire.
M. Caire a démissionné jeudi dans la foulée du fiasco SAAQclic, affirmant être devenu une «distraction» pour son gouvernement.
Élu en 2018 dans Orford, Gilles Bélanger était l’adjoint parlementaire de M. Legault, puis du ministre des Finances, Eric Girard. Il était notamment responsable du déploiement d’internet haute vitesse en région.
«Gilles a réussi (…) à étendre internet haute vitesse partout», s’est félicité M. Legault, vendredi matin, après l’assermentation de son nouveau ministre au bureau de la lieutenante-gouverneure, Manon Jeanotte.
«C’est quelqu’un qui a beaucoup agi pour notre gouvernement, (…) un homme d’affaires aguerri», a-t-il ajouté, vantant l’expérience de M. Bélanger «au Québec et aux États-Unis dans le développement de systèmes».
Le nouveau ministre du Numérique hérite d’une responsabilité «importante», a-t-il dit. «En 2025, il faut protéger nos données, développer nos systèmes informatiques», a énuméré le premier ministre.
De son côté, M. Bélanger s’est dit «excité» par ce qui l’attend. «Le premier ministre (…) me donne toute une responsabilité. C’est vraiment excitant. (…) Je vais commencer par prendre connaissance des dossiers et je pourrai vous revenir», a-t-il affirmé aux journalistes.
Gilles Bélanger a notamment été formé en mathématique et en génie industriel. Il a travaillé comme consultant pour Coopers & Lybrand (devenu PricewaterhouseCoopers) avant d’occuper le poste de PDG d’une firme-conseil, pour le groupe BGW, puis BGM.
L’opposition n’est pas apaisée
Sa nomination n’a toutefois pas calmé la grogne des partis d’opposition, qui ont continué vendredi de demander des comptes au gouvernement en lien avec les coûteux ratés dans le virage numérique à la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ).
La semaine dernière, la vérificatrice générale du Québec a déposé un rapport percutant qui faisait état d’un dépassement de coûts d’au moins 500 millions $ dans le dossier de SAAQclic.
Éric Caire, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, et son prédécesseur, François Bonnardel, ont répété qu’ils n’étaient pas au courant du cafouillage de SAAQclic et qu’on leur avait caché des choses.
La vérificatrice générale n’a pas été en mesure de dire si oui ou non les ministres concernés avaient été bernés.
Vendredi, à Montréal, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon n’a pas hésité à utiliser les termes corruption et surfacturation pour exiger à nouveau une commission d’enquête publique sur ce qu’il qualifie de «désastre de déploiement».
Il s’est livré devant les journalistes à un calcul rapide et sommaire pour démontrer que le coût de 1,2 milliard $ représente, au tarif très généreux de 200 $ de l’heure pour des informaticiens, pas moins de 6 millions d’heures facturées.
Or, a-t-il illustré, même si 100 personnes facturaient 2000 heures par année pendant 10 ans, cela ne donnerait que 2 millions d’heures. «Je ne vois pas, mathématiquement, comment on peut arriver à 1,2 milliard $ en termes de temps investi par des informaticiens», a-t-il plaidé.
«Vraisemblablement, nous sommes devant un cas de surfacturation, un cas où une entreprise, un peu à l’image des extras dans le temps de la commission Charbonneau, a surfacturé l’État québécois», a-t-il avancé.
M. St-Pierre Plamondon a noté au passage que Mme Guilbault a interpellé l’Unité permanente anticorruption (UPAC) en début de semaine.
«Lorsqu’on appelle l’UPAC, c’est qu’il y a un acte criminel potentiellement en jeu. C’est qu’on est devant, potentiellement, de la corruption», a-t-il soutenu, soulignant que la firme SAP avait obtenu la part du lion du contrat après avoir elle-même préparé l’appel d’offres.
La députée libérale Michelle Setlakwe s’est alarmée, vendredi, que les Québécois se retrouvent «face à un gouvernement qui a été incapable de livrer une simple plateforme fonctionnelle pour les permis de conduire sans dépassements de coûts historiques».
Gilles Bélanger doit «initier sans attendre une commission d’enquête publique sur la transformation numérique de l’État», a insisté le député Haroun Bouazzi, de Québec solidaire.
«Ça va être zéro tolérance», dit Legault
Depuis deux jours, François Legault a changé de discours: il admet que la crise à la SAAQ suscite «des inquiétudes, avec raison».
«Il y a des questions qui continuent de se poser de toutes sortes. Moi, je vais être très clair avec les Québécois: ça va être zéro tolérance, je veux savoir tout ce qui est arrivé dans ce dossier-là.
«On va aller au fond des choses et on va prendre les moyens qui sont nécessaires», a-t-il déclaré, vendredi. Il a refusé de répondre aux questions des journalistes.
La veille, à La Tuque, M. Legault avait laissé entendre qu’il pourrait demander à pousser les enquêtes afin de s’assurer que ses ministres ont dit la vérité. Il a cependant rejeté l’idée de déclencher une enquête publique.
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