C’est un « coup de chance » de dernière minute qui a sauvé la découverture en gynécologie envisagée pour plus de trois jours à Sept-Îles et qui forçait le CISSS Côte-Nord à organiser le transfert de patientes en autobus.
Jeudi matin, Le Nord-Côtier a appris que devant l’absence planifiée de gynécologues de vendredi matin à lundi soir, le CISSS Côte-Nord organisait le transfert de patientes enceintes à terme, en autobus, vers Québec. Dans une note interne, dont Le Journal a obtenu copie, des directives en ce sens étaient données.
Le CISSS Côte-Nord maintient qu’il n’a jamais été question de transférer ces patientes à Québec, mais plutôt, à Baie-Comeau.
Dans le plan qui se mettait en branle, une ambulance aurait suivi l’autobus voyageur nolisé et une infirmière aurait accompagné les patientes à bord, pour assurer la sécurité de l’opération, confirme le CISSS Côte-Nord. Les patientes (entre 25 et 30) auraient aussi pu choisir de s’y rendre par leur propre moyen.
À deux gynécologues sur un besoin de quatre, le CISSS se retrouve avec une vingtaine de semaines de découvertures dans l’année. C’est-à-dire, durant lesquelles la présence d’aucun gynécologue à Sept-Îles n’est prévue.
Il y a longtemps que celle initialement planifiée du 28 février au matin au 3 mars en soirée est connue.
« Nous avons contacté tous les gynécologues dépanneurs au Québec. Nous les avons sollicités par écrit, par téléphone. Nous avons tenté de déplacer des semaines de travail, ça ne fonctionne pas », a expliqué Dr Jean-François Labelle, directeur des services professionnels et de l’enseignement universitaire au CISSS Côte-Nord.
Le CISSS s’est ensuite tourné vers Santé Québec et le ministère de la Santé, pour de demander de l’aide. Des négociations entre les deux instances et la Fédération des médecins spécialistes, ainsi que l’Association des obstétriciens gynécologues du Québec ont eu lieu.
« Ils nous ont confirmé, dans les derniers jours, que non, il n’y en avait pas d’options et que nous n’aurions pas de support par un gynécologue externe et que nous ne pourrions pas avoir d’aide supplémentaire », a rapporté Dr Labelle.
Il n’y avait pas non plus moyen de déployer une équipe d’urgence. Pendant plus de trois jours, il n’allait pas être possible de faire une césarienne à Sept-Îles, si des complications se présentaient.
« Quand tu n’as pas de gynéco sur place, tu prends des risques pour les patientes et pour les bébés à venir. S’il arrive quelque chose, on ne pourra pas intervenir, car nous n’avons pas la qualification pour le faire », illustre Dr Labelle.
Devant l’impasse, un plan de contingence prévoyant le transfert de patientes par autobus vers Baie-Comeau a été déployé.
« C’est du jamais vu. En 30 ans, je n’ai jamais eu vent d’une telle situation sur la Côte-Nord », dit Dr Labelle.
Quelques patientes ont eu le temps d’être contactées jeudi matin, afin de recevoir la recommandation d’un transfert, avant que « par hasard », une chirurgienne dépanneur dont la présence était prévue cette semaine lève la main, pour dire qu’elle était en mesure de faire des césariennes, au besoin.
« C’est un coup de chance. Si cette chirurgienne qui vient cette semaine ne faisait pas d’obstétrique et de césarienne, nous n’aurions pas pu offrir le service et il aurait fallu transférer tout ce monde-là », affirme Dr Labelle.
La prochaine découverture prévue du 8 au 14 mars n’est toujours pas réglée.
« On va planifier pour le pire et continuer de travailler pour trouver des solutions en parallèle », dit le Dr Jean-François Labelle.
« On ne parle pas de 3-4 jours, c’est plutôt une semaine au complet. Faudra voir le volume de patientes, si Baie-Comeau est en mesure de l’absorber et si ce n’est pas le cas, avec quel centre on fait affaire, où envoie les patientes. »
Le cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, n’a pas souhaité commenter la situation, indiquant « suivre la situation de près » et référant plutôt à Santé Québec, qui de son côté, n’a pas encore donné suite à nos demandes d’entrevue.
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