Limite du nombre d’étudiants étrangers : « une jambette » au Cégep de Sept-Îles

Par Vincent Rioux-Berrouard 2:43 PM - 26 février 2025
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Au niveau collégial, un maximum de 29 200 demandes de sélection temporaire pour études sera accepté au Québec. La mesure est dénoncée par le Cégep de Sept-Îles. Photo Sylvain Turcotte

Le Cégep de Sept-Îles pourrait être forcé de refuser des étudiants étrangers, en raison des nouvelles cibles imposées par le gouvernement du Québec.

Québec a rendu publics, mercredi, les quotas qu’il compte imposer pour réduire le nombre d’étudiants étrangers dans la province. Auparavant, aucune limite n’était fixée.

Le décret d’une durée d’un an a pour objectif de réduire le nombre de demandes qui pourront être reçues en 2025-2026, dans les réseaux de la formation professionnelle et du collégial.

Pour le Cégep de Sept-Îles, le nombre maximal de demandes d’un Certificat d’acceptation du Québec (CAQ) sera de 65 pour le Diplôme d’études collégiales (DEC) et de 10 pour l’Attestation d’étude collégiale (AEC).

« Ça représente un frein direct à notre développement. C’est vraiment une jambette qui est faite au Cégep de Sept-Îles, par rapport à toutes les démarches qui sont faites depuis des années, pour le recrutement international », affirme Pierre-Étienne Beausoleil, directeur adjoint des études/Services aux étudiants.

S’il fait le calcul, le Cégep de Sept-Îles a déjà atteint son nouveau quota, alors qu’il espérait plus d’étudiants. 

Actuellement, il y a une centaine d’étudiants internationaux au Cégep de Sept-Îles, dont certains pour qui le CAQ est à renouveler. Des étudiants français et africains avaient déjà été acceptés par le Cégep et sont dans le processus pour obtenir un CAQ. L’établissement collégial a également des ententes avec des établissements internationaux, pour en accueillir. 

« En date d’aujourd’hui, on va devoir prendre décision pour refuser certains étudiants ou mettre fin à des ententes à l’international (…) L’impact, il est majeur », dit M. Beausoleil.

Pour lui, cette annonce pourrait avoir des conséquences dans la communauté. Plusieurs de ces étudiants étrangers se tournent vers des programmes comme Soins infirmiers, Technologie de maintenance industrielle, Informatique ou Techniques d’éducation à l’enfance.

« C’est de la main-d’œuvre, des gens qualifiés qu’on arrive à recruter et qui répondent à des besoins des entreprises, mais qu’on va devoir refuser », dit Pierre-Étienne Beausoleil. « Tout ça vient brimer la communauté d’avoir des services dans quelques années. »

Désavantagé

Le Cégep de Sept-Îles se juge désavantagé par cette mesure, par rapport à d’autres institutions scolaires. Le gouvernement a décidé de reconduire le nombre de CAQ qui avait été octroyé l’année précédente. Le Cégep de Sept-Îles constate que certaines institutions auront donc un quota très élevé d’étudiants.

« Pourquoi ? Parce que nous on fait des vérifications importantes. On passe des entrevues et on s’assure de la capacité financière de l’étudiant, pour qu’il ne soit pas en situation de précarité », affirme le directeur adjoint des études.

Ce travail de vérification méticuleux ne serait pas fait de la même façon dans tous les cégeps.

« La différence qu’on a par rapport à d’autres établissements, qui sont souvent dans de grands centres, est que ceux-ci débordent. Le nombre d’étudiants internationaux a moins d’impact, tandis que nous, il en va de la survie de nos programmes », poursuit-il.

Au 1er octobre 2024, les résidents non permanents représentaient près de 615 000 personnes. De ce nombre, environ 129 000 (21 %) sont des étudiants étrangers.

« Bien que la venue des étudiants étrangers contribue notamment au rayonnement des établissements d’enseignement du Québec, à la viabilité des régions et à stimuler la recherche et l’innovation ; la hausse du recrutement dans les dernières années a mis en évidence les limites de cette approche », affirme le gouvernement par voie de communiqué, pour justifier sa décision.