Les inégalités sociales prennent de l’ampleur, dénoncent trois organismes de la Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault 12:39 PM - 20 février 2025
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Line Sirois, directrice générale d'Action-Chômage Côte-Nord, Michel Savard, coordonnateur de la Table des groupes populaires de la Côte-Nord, et Marie-France Imbeault, coordonnatrice de l'APIC Haute-Côte-Nord, ont dénoncé les iniquités sociales lors de la Journée mondiale de la justice sociale, le 20 février, à Forestville. Photo Johannie Gaudreault

« La justice sociale est en train de disparaître », se désole le coordonnateur de la Table des groupes populaires de la Côte-Nord, Michel Savard, en cette Journée mondiale de la justice sociale. 

Réunis au sous-sol de l’église de Forestville, le 20 février, la Table des groupes populaires, Action-Chômage Côte-Nord et l’APIC Haute-Côte-Nord ont dénoncé l’augmentation des inégalités sociales. « Nous sommes loin de célébrer », lance M. Savard. 

Selon ce dernier, les crises se multiplient et s’intensifient. « Les gouvernements favorisent encore les intérêts du privé et des grosses compagnies plutôt que d’assurer le bien commun », dénonce-t-il. 

L’accès au logement, l’augmentation du coût de la vie, la nourriture qui coûte de plus en plus cher, la crise climatique sont notamment pointés du doigt par les trois organismes communautaires de la région. 

« La justice sociale ne devrait pas laisser personne de côté. Tout le monde devrait avoir le droit d’avoir un toit, d’avoir accès à de la nourriture, à une éducation de qualité et d’être capable de faire vivre sa famille de façon adéquate », rappelle Michel Savard. 

Les organismes ont profité de la Journée mondiale de la justice sociale pour dénoncer le glissement qui est en train de se produire au niveau des programmes sociaux et de l’environnement. « On dirait que c’est devenu moins important que ce l’était. Présentement, ce qu’on voit, c’est plus une course à l’armement plus qu’une guerre vers le réchauffement climatique. C’est assez inquiétant », soutient le coordonnateur de la Table des groupes populaires de la Côte-Nord.

Sur le terrain, les intervenants sont à même de constater une augmentation de la pauvreté. « La difficulté d’avoir accès à du logement, par exemple, ça ne s’était jamais vu aussi grave que ça ne serait-ce que sur la Côte-Nord », illustre M. Savard avec désarroi. 

Le milieu communautaire doit donc travailler davantage auprès de la population et se voit transférer une charge sociale qui ne cesse d’augmenter. Malgré tout, le financement gouvernemental n’est pas au rendez-vous, selon Michel Savard.

« Je vois des collègues de travail tomber au combat. C’est des burn-out, des fatigues, des congés de maladie, etc. parce qu’ils font des 50-60-70-80 heures par semaine sans les ressources. Ils sont toujours en train de courir après des solutions et des alternatives qui vont faire la différence », témoigne-t-il.

De l’incertitude

Action-Chômage Côte-Nord a organisé un café-rencontre avec les citoyens le 19 février et la directrice générale Line Sirois a reçu des témoignages d’incertitude en lien avec les récentes décisions du président Trump.

« Les gens qu’on rencontre sont terriblement inquiets et frustrés. Il y a une montée de violence verbale sur notre page Facebook parce que les gens sont anxieux », déplore-t-elle. 

Selon cette dernière, des aides aux entreprises ont été annoncées, mais les citoyens sont mis de côté. « On parle d’aider les entreprises, ceux qui ont de grosses fortunes, mais qu’est-ce qu’on fait des gens chez nous qui sont présentement dans le trou noir ? »

Line Sirois croit qu’il est important de mettre en place des mesures pour atténuer le trou noir, un message que martèle l’organisme depuis plus de 20 ans.

« Bientôt, ce sera de nouvelles personnes qui seront en chômage, qui vont vivre la pauvreté. Le coût de la vie, ça n’a juste pas de bon sens. On répète le même message depuis 22 ans, on va le répéter aussi longtemps que le gouvernement n’aura pas entendu les besoins qu’on a en région qui ne sont pas les mêmes qu’en ville », martèle la directrice générale. 

Des besoins grandissants

Chez l’Association pour la protection des intérêts des consommateurs (APIC) Haute-Côte-Nord, les demandes sont en constante augmentation.

« Il faut refaire les budgets et accompagner les gens dans cette démarche. Ce n’est pas évident parce que j’ai beaucoup de personnes, même des familles, qui pleurent. Elles ne savent plus où s’orienter », constate la coordonnatrice Marie-France Imbeault.

La situation est pire que jamais, croit-elle. « Ça vient nous chercher en tant qu’organisme. Ça me fait mal au cœur de voir ça. On voudrait aider tout le monde », laisse tomber Mme Imbeault en précisant que le coût de l’alimentation est une des difficultés qui revient le plus souvent chez les citoyens qu’elle rencontre. 

Mobilisation

Les trois organismes communautaires sont clairs : il faut se tourner vers la mobilisation pour tenter de renverser la situation. « Si on se fit à l’histoire, c’est à travers les luttes sociales et la mobilisation qu’on a pu faire des gains sociaux. Je pense que c’est encore une solution qui peut fonctionner », conclut Michel Savard.

En plus de la conférence de presse, les organisateurs ont invité la population à un buffet des solidarités à 11 h 30.