Chaire ÉcoZone : le Port de Sept-Îles « partenaire d’exception »

Par Emelie Bernier 4:48 AM - 5 février 2025 Initiative de journalisme local
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Pierre D. Gagnon, président-directeur général du Port de Sept-Îles, Carole Girard, directrice au développement philanthropique de la Faculté de foresterie, géographie et géomatique, Patricia Cloutier-Maden, finissante à la maîtrise en géographie, Neha Joshi, finissante au doctorat en géographie, Sabrina Allard, finissante à la maîtrise en géographie, Charlène Lefebvre, diplômée à la maîtrise en biologie, Lydiane Bélanger, finissante à la maîtrise en biologie, Philippe Archambault, professeur au Département des sciences et de génie et cotitulaire de la chaire, et Émilie Saulnier-Talbot, professeure dans les facultés de Foresterie, géographie et géomatique et des Sciences et de génie à l’Université Laval et cotitulaire de la Chaire lors de la remise des Prix de la réussite ÉcoZone par le Port de Sept-Îles à l’Université Laval. Martine Lapointe

D’aucuns pourraient se demander quel est l’intérêt, pour une zone industrielle comme le Port de Sept-Îles, de financer les recherches de scientifiques, dont les découvertes risquent de contribuer à mettre en place des restrictions pour protéger l’écosystème dans lequel elle se trouve.

Il appert que le Port de Sept-Îles est un « partenaire d’exception », souligne Emilie Saulnier-Talbot. 

« Pierre D. Gagnon, le PDG, a toujours été très ouvert à ce type d’activité de recherches-là. Parfois, dans les universités, on peut avoir des doutes sur les motivations des entreprises qui vont financer la recherche, mais le port n’a pas d’agenda. Nous avons carte blanche », explique Mme Saulnier-Talbot, visiblement reconnaissante.

Pierre D. Gagnon le confirme.

« Cinq ans avant la Chaire, on avait initié l’Observatoire de la baie de Sept-Îles. On avait compris que c’était aussi important de faire de l’acquisition de connaissances scientifiques que des quais, ou des infrastructures de béton. Quand tu connais ton environnement, tu peux poser les bons gestes et agir de façon appropriée au niveau d’un écosystème précieux comme la baie. Oui, il y a de l’activité économique, mais il faut s’assurer que ce qu’on fait est durable pour les générations futures et la meilleure façon est de connaître l’état de lieux », explique le PDG.

C’est dans cette optique que le Port n’a pas hésité à « ouvrir le grand terrain de jeux de la baie aux scientifiques de la Chaire ».

« On n’influence pas, on est générateur de capacité financière pour aller chercher les talents qui vont faire des maîtrises, des doctorats, sur notre terrain », indique M. Gagnon.

Outre un financement de 100 000 $ par an sur 5 ans, le Port offre également des bourses aux mérites aux étudiants qui mènent à terme leurs travaux.

« C’est un montant pour les remercier de leurs efforts. À l’Université Laval, on nous a dit que c’était une première. Il faut être audacieux un peu ! », sourit le gestionnaire.

Car le Port, insiste-t-il, a beaucoup à gagner de ces recherches. 

« Être capable d’avoir des scientifiques qui étudient notre milieu, démontrent les impacts de l’activité anthropique, nous disent qu’on doit surveiller tel ou tel élément, c’est précieux et on va s’en servir pour prendre des actions, afin d’améliorer les choses. Il faut pas avoir peur de ce qu’on va apprendre : il faut ouvrir nos espaces pour avoir du talent, de la matière grise qui travaille avec nous et nous propulse dans l’acquisition de connaissances. On en a jamais assez ! »

La baie de Sept-Îles, un grand «terrain de jeux» pour les chercheurs. Photo Vincent RIOUX-BERROUARD

Pierre D. Gagnon confirme que l’intérêt pour renouveler l’alliance est bien réel.

« Absolument ! Je ne peux pas faire d’annonce, mais on souhaite élargir, au niveau des activités de la chaire, pour que ça rayonne encore plus large. On a des discussions avec d’autres partenaires. On a déjà le nom de la prochaine phase… Franchement, on est choyé d’avoir des personnes de talent comme ça, ça vaut de l’or ! C’est très précieux pour nous, dans notre compréhension de notre milieu et la gestion pérenne de nos installations. »

Et si la recherche met en lumière que certains aspects des activités menacent l’écosystème ?

« Ils vont pouvoir corriger, s’améliorer. Les résultats peuvent servir à soutenir le port et les industries qui n’ont pas intérêt à ce que leur environnement se détériore, jusqu’à menacer leurs opérations », conclut Émilie Saulnier-Talbot.

Saluer la réussite

Les récipiendaires des Prix de la réussite ÉcoZone ont un point en commun: la baie de Sept-Îles est le grand laboratoire à ciel ouvert où elles ont mené et complété leurs travaux de recherche. 

En décembre dernier, le Port de Sept-Îles (PSI) et les facultés de Foresterie, géographie et géomatique et de Sciences et de génie (FSG) de l’Université Laval dévoilaient le nom des étudiantes lauréates des prix de la réussite ÉcoZone, remis uniquement suite au dépôt des mémoires.

Un don philanthropique de 50 000 $ du Port de Sept-Îles a permis de donner naissance à ces prix.

Rappelons que le PSI a financé également les cinq premières années de Chaire ÉcoZone pour un montant de 100 000$ par an.

Quatre candidates à la maîtrise et une au doctorat se sont vu décerner une bourse  

Neha Joshi, au doctorat en géographie, a concentré ses recherches sur l’évaluation des impacts anthropiques historiques et de la diversité actuelle des foraminifères dans la Baie de Sept-Îles (Canada) à l’aide d’une analyse multi-proxy et d’approches bioindicatrices. 

Charlène Lefebvre, à la maîtrise en biologie, a plutôt articulé ses travaux autour de ” l’Évaluation du potentiel des pigments comme bioindicateurs de la diversité bactérienne et algale dans un milieu côtier anthropisé”.

À la maîtrise en géographie, Sabrina Allard, a cherché à “comprendre l’écosystème hivernal des zones portuaires subarctiques : le microbiome et les diatomées de la baie de Sept-Îles”.

Lydiane Bélanger a consacré sa maîtrise en biologie à “l’analyse spatiale et temporelle de la diversité microbienne dans la Baie de Sept-Îles”.

Finalement, Patricia Cloutier-Maden, à la Maîtrise en géographie (FFGG), a fait l’étude paléotempestologique de la rive nord du golfe du Saint-Laurent.

” Le succès des étudiantes de la Chaire ÉcoZone démontre combien ce type de partenariat entre divers acteurs du milieu peut être important pour la formation de qualité de la relève scientifique au Québec “, a commenté  Philippe Archambault, cotitulaire de la Chaire ÉcoZone.