Des chercheurs s’étonnent de la bonne santé de la baie de Sept-Îles

Par Emelie Bernier 5:00 AM - 5 février 2025 Initiative de journalisme local
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Différents relevés sont effectués dans la baie par les équipes de recherche. Photo courtoisie

Qui aurait cru que les activités industrielles de la zone portuaire de Sept-Îles n’auraient que peu d’impact sur la dynamique de l’écosystème de la baie autour de laquelle elle se déploie ? C’est du moins ce que tendent à conclure différentes études menées par les membres de la Chaire ÉcoZone, une initiative de l’INREST et de l’Université Laval, que le Port de Sept-Îles appuie depuis les touts débuts. 

Émilie Saulnier-Talbot, Ph.D, professeure à l’Université Laval, a concentré ses études autour de la thématique des changements environnementaux dans les milieux aquatiques.

Elle est titulaire de la Chaire de recherche sur les écosystèmes côtiers et les activités portuaires, industrielles et maritimes ou Chaire ÉcoZone pour les intimes.  

Les activités de cette chaire, mise en place en 2020, ont un dénominateur commun : elles ont toutes comme terrain de recherche la baie de Sept-Îles et ses environs. 

« La chaire est une idée de Julie Carrière, de l’INREST, et de mon collègue Philippe Archambault de l’Université Laval. Ils ont pensé à cette chaire de recherche, en collaboration avec le Port de Sept-Îles, pour mieux connaître l’environnement de la baie, qui est très anthropisé (ndlr: modifié par les activités humaines) », explique Mme Saulnier-Talbot. « Il y a beaucoup d’activité en lien avec la ville, les grandes industries, le trafic maritime (…) Le but de la chaire est d’aller chercher des données de référence et de prendre un portrait de l’état de l’environnement de la baie, pour être en mesure d’évaluer les changements qui s’en viennent, mais aussi, mesurer les changements qui ont déjà eu lieu », résume-t-elle. 

Une équipe à l’oeuvre. Photo courtoisie

Elle-même est spécialiste de la paléoécologie, ce qui a permis de remonter le fil de l’histoire naturelle de la baie.

« En paléoécologie, on scrute les archives sédimentaires pour aller évaluer les changements dans le passé, ce qui nous donne une vision à long terme, pour voir comment le milieu a changé au cours des dernières décennies et des derniers siècles. On est remonté au moins 500 ans en arrière pour aller voir les changements environnementaux qui se sont produits dans la baie. »

Les résultats ont défié les hypothèses.

« On s’attendait à voir un “avant” et “après” l’établissement du port et des grandes industries, mais on n’a pas vraiment vu ça et le fait qu’on n’ait pas été en mesure de déceler de grandes perturbations, ça nous a surpris. Il y a des indications, oui, mais pas une grosse coupure. »

Il serait faux de dire que les industries n’ont aucun impact sur l’écosystème de la baie. 

« Il y a certains changements qu’on a pu observer, mais ce n’est pas un environnement qui est très affecté par les changements apportés par les activités humaines, étant donné que la baie est un système très dynamique avec plusieurs affluents, dont quatre rivières importantes, de forts courants marins. Il y a beaucoup de mouvement d’eau. La baie, si on veut, se nettoie d’elle-même, ce qui permet de garder son intégrité écologique », explique Mme Saulnier-Talbot.

Certes, des contaminants sont présents, mais rien à des niveaux inquiétants encore, justement parce qu’il y a ce brassage-là qui entraînent les contaminants dans le Golfe où ils sont dilués », explique la chercheuse.

La découverte d’environnements de type zostère a de quoi étonner.

« En fait, l’écosystème de la baie semble en santé ! Il y a même de grandes étendues, des prairies de zostères qui n’étaient pas là il y a quelques années et qui sont en croissance. Ce sont des environnements facilitants pour le développement de la faune : la sauvagine, les poissons, les microorganismes à la base de la toile alimentaire. »

Les impacts des changements climatiques, eux, sautent aux yeux.

« Le plus inquiétant, ce sont les changements climatiques. Je m’attendais à avoir beaucoup de difficulté à différencier les impacts anthropiques et ceux des changements climatiques, mais ces derniers sont beaucoup plus évidents. » 

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