La pénurie de pharmaciens s’accentue dans les hôpitaux de la Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault , Johannie Gaudreault jgaudreault@journalhcn.com 6:00 AM - 4 février 2025
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Julie Racicot et Linda Vaillant, respectivement présidente et directrice générale de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec. Photo A.P.E.S.

Un an plus tard, la situation ne s’améliore pas dans les hôpitaux de la Côte-Nord quant à la pénurie de pharmaciens d’établissement. 54 % des besoins sont non comblés dans les urgences et ce chiffre s’élève à 100 % en dialyse rénale. 

C’est ce que démontre la dernière enquête* menée par l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (A.P.E.S.), dont les données ont été dévoilées le 4 février. L’an dernier, à pareille date, on estimait la découverture à 34 % dans les urgences régionales. Il s’agit donc d’une augmentation de 20 % en un an.

Du côté de la dialyse rénale, la situation est au statu quo. « Il s’agit d’une découverture complète dans ce secteur de soins, en dépit de la vulnérabilité des patients dialysés », se désole l’A.P.E.S, par voie de communiqué.

Selon l’Association, cette pénurie a de lourdes conséquences sur le système de santé nord-côtier. « Celle-ci nuit à l’offre de soins pharmaceutiques et à l’usage optimal des médicaments. De plus, elle prive le réseau de professionnels en mesure d’améliorer l’accès aux soins de santé », indique-t-on.

Les soins pharmaceutiques consistent en la prise en charge de la médication par un pharmacien présent à l’unité de soins ou à la clinique ambulatoire. Les pharmaciens sont essentiels dans les urgences, mentionne l’A.P.E.S, puisque des études démontrent qu’un nombre considérable de visites sont dues à des problèmes liés aux médicaments.

« Le manque de pharmaciens contribue au temps d’attente lors des consultations à l’urgence et dans certaines cliniques ambulatoires, à la durée des hospitalisations, ainsi qu’aux risques d’incidents et d’accidents médicamenteux et d’effets indésirables liés aux médicaments », explique Julie Racicot, pharmacienne et présidente de l’A.P.E.S.

« En revanche, la présence du pharmacien dans l’équipe soignante permet d’accélérer la prise en charge de patients et l’atteinte des résultats avec la thérapie médicamenteuse, ce qui contribue à un meilleur fonctionnement du système de santé », poursuit-elle.

Négociations

Depuis près de deux ans, soit depuis le 31 mars 2023, l’entente de travail des pharmaciens des établissements de santé du Québec est échue. « Faute d’intérêt de la part du gouvernement, la négociation n’est pas commencée et donc les discussions entourant les enjeux majeurs vécus sur le terrain sont sur la glace », clame l’Association.

Selon elle, la performance du réseau et l’accessibilité aux soins de santé se trouvent directement affectées par « l’inertie du gouvernement ».

L’A.P.E.S. demande au gouvernement d’entreprendre la négociation pour discuter de moyens de favoriser l’attractivité de la profession de pharmacien d’établissement, le recrutement et la rétention de pharmaciens partout au Québec, et notamment en région.

Outre des conditions de travail attrayantes et la valorisation de la profession, l’organisation croit qu’il faut mettre en place des solutions de soutien pérennes entre les établissements en sévère manque d’effectifs et ceux ayant plus de facilité à recruter.

Sur un autre plan, il est demandé au gouvernement de travailler avec les facultés de pharmacie pour faciliter l’accès au programme de maîtrise en pharmacothérapie avancée (nécessaire pour pratiquer dans les hôpitaux), particulièrement en région, entre autres par l’enseignement à distance.

« […] La négociation menant au renouvellement de l’entente de travail des pharmaciens d’établissement doit commencer. Ces discussions permettront également d’améliorer l’accès aux soins et les soins eux-mêmes pour les nombreux patients qui, comme les pharmaciens d’établissement, n’en peuvent plus d’attendre », conclut Linda Vaillant, pharmacienne et directrice générale de l’A.P.E.S.

« Si le gouvernement ne bouge pas, nous n’aurons d’autres choix que d’entreprendre des actions », ajoute-t-elle.

* L’enquête de l’A.P.E.S. est menée auprès des départements de pharmacie des établissements de santé du Québec. Sur 43 départements, 40 ont participé à cette enquête en 2024, soit un taux de réponse de 93 %. L’enquête couvre l’exercice budgétaire des établissements de santé allant du 1er avril 2023 au 31 mars 2024. Les besoins en pharmaciens pour offrir des soins pharmaceutiques dans les secteurs ciblés ont été calculés à partir de ratios émanant soit de l’A.P.E.S., soit du ministère de la Santé et des Services sociaux.