Donner une voix à la jeunesse autochtone

Par Lucas Sanniti 4:35 PM - 4 février 2025 Initiative de journalisme local
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Saige, Rain, Legend et Jade Mukash, les soeurs cries du documentaire Ninau Auassat : Nous, les enfants. Photo courtoisie

Dans son nouveau film intitulé Ninan Auassat : Nous, les enfants, la documentariste, Kim O’bomsawin, laisse la jeunesse autochtone être le porte-étendard de son propre avenir. 

« Je voulais donner l’opportunité aux jeunes d’être leurs propres experts, parce que trop souvent on parle à leur place », explique Kim O’bomsawin, en entrevue avec le Journal.

Le documentaire suit le quotidien de trois groupes d’enfants de nations différentes. Que ce soit à travers un photoshoot improvisé entre des sœurs cries de Whapmagoostui, dans le Nord-du-Québec, une sortie de pêche à Manawan entre trois jeunes garçons, ou encore une expédition sur le territoire à Pessamit, Kim O’bomsawin dresse un portrait captivant de cette jeunesse pleine d’ambition.

« Ça fait longtemps que je me promène aux quatre coins du Québec et du Canada dans nos communautés, alors j’ai un regard différent de ce qu’on peut voir dans les médias ou entendre dans la société en général », témoigne la réalisatrice. 

Alors que Kim O’bomsawin déplore les préjugés souvent associés à une jeunesse autochtone en proie aux dépendances ou au décrochage scolaire, les protagonistes de ce documentaire se révèlent débrouillards, indépendants et animés par des rêves et des aspirations.

« C’est sûr qu’ils ont des barrières plus importantes que les jeunes qui vivent en villes, mais, pour cette raison, c’est encore plus important de leur donner la chance de s’exprimer », explique la réalisatrice. « On voit que, quand on leur donne la parole, ils sont assez formidables. »

Kim O’bomsawin, la réalisatrice de Ninan Auassat : Nous, les enfants. Christinne Muschi

La mission d’informer

Kim O’bomsawin n’a pas toujours été la cinéaste chevronnée qu’elle est aujourd’hui. Au départ, ce sont ses études en sociologie qui lui ont donné le pouvoir de renouer avec sa propre histoire.

« Ce qui a marqué tout mon parcours d’étude, c’est ce besoin de me reconnecter à mon identité abénaquise », dit-elle. « J’ai eu ce grand besoin de combler ce vide. La sociologie a été un beau véhicule pour moi afin de faire de la recherche, voyager dans les communautés et retourner chez moi avec un objectif. »

C’est en participant à une série documentaire, lors de son parcours, qu’elle a découvert le pouvoir du dispositif cinématographique.

« Lui, il a le pouvoir de rentrer dans le salon des gens », réalise-t-elle. « Si j’arrive à faire des documentaires qui mettent de l’avant nos réalités, peut-être qu’on va mieux se comprendre. »

Dans sa quête de représenter les réalités de ces enfants et jeunes adultes, Kim O’bomsawin considère être plus proche de sa mission avec ce documentaire.

« Mon objectif premier c’était que ces jeunes-là soient fiers et qu’ils se regardent et se disent : “Ah oui, c’est vrai, nous aussi on est beaux et on est bons, et nous aussi on vaut la peine.” »

Ninan Auassat : Nous, les enfants sera présenté à plusieurs reprises lors du Festival CinéSept.