Centre de prévention du suicide Côte-Nord 

Côte-Nord : quand la vie compte plus que tout

Par Anne-Sophie Paquet-T. , Anne-Sophie Paquet-T. 4:00 PM - 28 janvier 2025
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Six employés du Centre de prévention du suicide de la Côte-Nord. Photo Anne-Sophie Paquet-T.

« Mieux vaut prévenir que mourir » est le slogan de la semaine de la prévention du suicide sur l’ensemble de la province. La petite équipe du Centre de prévention du suicide (CPS) Côte-Nord le résume entièrement. Cette véritable fourmilière a accepté d’ouvrir les portes au journal pour parler de son travail. 

Tout le monde en poste, une vigie est orchestrée si un appel entre. Ne jamais manquer l’appel d’une personne est plus qu’important, c’est prioritaire. D’ailleurs, le CPS Côte-Nord est souvent cité en exemple sur son efficacité parmi tous les centres du Québec.

Nathalie St-Louis est aux premières lignes dans ce genre d’intervention. Celle qui prend plusieurs appels en une journée est à l’autre bout du fil pour désamorcer une crise ou tout simplement pour écouter une personne qui a pris son courage à deux mains en composant le 1-866-APPELLE.

C’est également elle qui écoute des proches inquiets qui sont à la recherche d’aide et de soutien. Parce que oui, cette ligne est ouverte à tout le monde préoccupé pour lui-même ou une personne de son entourage de près ou de loin. Toutes les raisons de s’inquiéter sont bonnes et elles sont accueillies au CPS Côte-Nord.

Mme St-Louis est habituée à tous les types de clientèle. Elle travaille avec une grille d’évaluation sous les yeux, ce qui lui permet de comprendre le degré de risque. Elle s’assure d’être la première main tendue et, par la suite, elle instaure un filet de sécurité pour l’appelant. Parfois, elle communique avec un proche, d’autres fois elle entre en contact avec un organisme pour faire d’autres démarches d’aide pour le bénéficiaire. Dans tous les cas, elle prend en charge le demandeur et ne le laisse jamais tomber. Le temps n’existe pas, c’est la vie qui compte. 

« Il y a beaucoup plus de positif que de négatif dans mon travail », explique rapidement Nathalie St-Louis. Une panoplie de gens lui demande souvent comment elle réussit à faire ce travail, mais elle prétend que les victoires sont nombreuses, en plus de la gratitude qu’elle peut recevoir à la fin des appels. 

En plus de toutes ces tâches, elle procède journellement à des appels de relance pour prendre des nouvelles des appelants et s’assurer qu’ils vont bien avec des suivis téléphoniques. 

Dans quelque temps, un service d’hébergement d’urgence ouvrira ses portes pour s’assurer de la sécurité d’un appelant afin que la personne ne reste pas seule. C’est prouvé et nommé au CPS Côte-Nord, être entouré et écouté sont des clés de succès pour retrouver un sens à la vie.

De la détresse importante pour les personnes trans et les personnes en situation d’itinérance 

Gladys Tremblay, directrice générale de l’organisme, explique qu’en plus des formations offertes régulièrement aux employés, les personnes engagées n’ont jamais moins qu’une technique en éducation spécialisée. De plus, un colloque annuel permet de discuter de différents enjeux sur tous les territoires pour y apporter des solutions.

Maude Cloutier, responsable au soutien clinique au CPS Côte-Nord s’est rendue à cet évènement récemment et la réalité de nouvelle clientèle se fait voir partout. « Les personnes trans appellent beaucoup chez nous et partout dans les autres CPS », confirme-t-elle.

L’équipe d’intervention va chercher les formations appropriées pour pouvoir les aider. Les organismes d’aide pour la communauté LGBTQIA+ sont rares, c’est pourquoi le CPS de la région a trouvé des solutions. 

Les appels des personnes en situation d’itinérance sont également de plus en plus nombreux. « Il y en a de plus en plus de façon visible », souligne Mme Cloutier. L’équipe qui souhaite les aider a de la difficulté à le faire puisqu’elles possèdent rarement un téléphone et/ou une adresse. « La pénurie de logements est un gros enjeu ici », se désolent à l’unanimité les employés du CPS Côte-Nord. 

Des formations pour tous 

Nathalie St-Louis se déplace sur le grand territoire nord-côtier afin de former les citoyens et/ou travailleurs qui désirent être mieux outillés pour aider et repérer les signes de détresse et intervenir au besoin. « Ils sont nos yeux et nos oreilles », précise la directrice générale de l’organisme. 

Maude Cloutier, pour sa part, quitte régulièrement le Centre pour aller former des intervenants du milieu. Policiers, infirmiers, travailleurs sociaux, éducateurs spécialisés et tous professionnels qui doivent intervenir à l’occasion avec des personnes qui ont des idées suicidaires sont formés par elle. « C’est pour avoir un langage commun », précise-t-elle. 

En plus de tous ses services, le CPS Côte-Nord offre du soutien en entreprise lors de la perte d’un collègue. Les gens affectés par un suicide ou un accident sont pris en charge par l’organisme pour prévenir de la détresse psychologique.