« C’est un signe avant-coureur, quelqu’un qui dit que ça va bien tout d’un coup. C’est un signe », insiste la coordonnatrice de la maison Tshimisthin, Christine Aster, en réaction au décès tragique de Billy-Jack Jourdain.
Billy-Jack Jourdain, un jeune Innu de 23 ans, s’est enlevé la vie, il y a près d’un an jour pour jour à Port-Cartier. C’était 24 h après avoir été hospitalisé au même endroit, pour une tentative de suicide.
Le coroner a enquêté sur la situation. Sa famille dénonce l’absence de filet de sécurité à sa sortie.
Christine Aster, coordonnatrice de la Maison Tshimishtin, le centre de prévention du suicide de Uashat mak Mani-utenam, estime qu’un meilleur encadrement aurait sans doute dû avoir lieu, après sa sortie du centre hospitalier.
« [Il faut] faire un bon suivi, accompagner la personne, référer la personne, même si on pense qu’elle va bien », a-t-elle martelé, en entrevue avec Le Journal.
En effet, le rapport du coroner note que le médecin avait qualifié Billy-Jack Jourdain de « souriant » lors de sa dernière évaluation et que le psychiatre estimait qu’il ne nécessitait pas de suivi psychiatrique ou psychologique.
« S’il avait été mieux encadré, peut-être s’ils l’avaient référé à nous… On n’a pas donné de service à ce jeune homme, malheureusement. Il n’est jamais venu demander de l’aide par chez nous », se désole-t-elle.
Des préjugés
Ce genre d’incident illustre certaines lacunes du système de santé, selon Christine Aster.
« Je dirais, malheureusement, qu’il y a encore cette mentalité, qu’on ne nous prend pas au sérieux en tant que Premières Nations », affirme la coordonnatrice.
« C’est souvent en lien avec la consommation. Ils se disent : “Ah, il est en état de consommation, il va dégriser, ça va être correct après” », poursuit-elle. « Il y a encore des préjugés. »
La maison Tshimisthin offre un service d’hébergement culturellement sécurisant pour les personnes issues des Premières Nations traversant des périodes de crise.
Dans les cas où les patients ne présentent pas un risque immédiat, le centre offre un service d’hébergement pour une durée maximale de 14 jours. Durant cette période, une évaluation des besoins du patient est effectuée et des interventions sont mises en place.
« C’est sûr que pour les premiers temps, on va les laisser tranquilles. On va laisser désamorcer la crise, les laisser se reposer », explique Christine Aster. « Souvent quand ils arrivent, ils sont exténués, ils font juste dormir, dormir, dormir. »
Suivi
À partir de l’évaluation, la maison Tshimishtin s’assure que le patient a accès à un filet de sécurité dès son départ. « On va faire des relances téléphoniques, on lui demande qu’il nous appelle. »
Le centre collabore notamment avec des intervenants des premières lignes pour assurer un suivi, une fois que le résident quitte la maison, dans un espoir de couvrir tous les angles morts.
En plus d’un personnel 100 % autochtone, la maison Tshimishtin permet aux résidents de s’exprimer dans leur langue. Un atout essentiel.
« La maison existe pour pas qu’il y ait une barrière de la langue. […] On se comprend, on sait d’où on vient. On partage un traumatisme intergénérationnel. On ne juge pas et ils sont bien accueillis. »
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