Port-Cartier : il se suicide une journée après son congé de l’hôpital

Centre hospitalier de Port-Cartier. Photo archives
Un jeune homme de 23 ans en peine d’amour s’est enlevé la vie à Port-Cartier, 24 h après avoir été hospitalisé pour une tentative de suicide. Le coroner se questionne sur les services qu’il a reçu.
« Quand une personne décède par suicide une journée après avoir eu son congé hospitalier par suite d’une tentative de suicide, il est permis de se demander si le patient a obtenu tous les services nécessaires à son état », soulève le coroner Bernard Lefrançois, dans son rapport d’enquête déposé le 14 novembre.
L’individu de 23 ans s’est enlevé la vie le 25 janvier 2024. C’est son ex-conjointe qui l’a découvert. Elle allait chez lui pour récupérer certains de ses biens, à la suite d’une séparation récente qu’il encaissait difficilement.
Le jeune homme s’était pourtant rendu au Centre hospitalier de Port-Cartier à deux reprises, dans les cinq jours précédents le drame.
Le 20 janvier, il y est arrivé en ambulance, après avoir fait ce qui s’apparentait à une crise de panique dans un lieu public.
Puis, deux jours avant le drame, ce sont les policiers qui l’ont amené. Après avoir reçu un signalement d’une proche s’inquiétant de propos suicidaires qu’il aurait tenus, ils se sont rendus à son domicile, où ils l’ont trouvé inconscient.
Sa vie n’était alors pas en danger, mais il avait consommé plusieurs médicaments et de l’alcool, selon les faits rapportés dans son dossier médical.
« Il a dit aux ambulanciers qu’il voulait dormir éternellement. Mais il a dit au médecin qu’il ne voulait pas mourir, mais juste réussir à dormir, d’où sa prise de médicaments », explique le coroner, dans son rapport.
À ce moment, le jeune homme a été gardé au Centre hospitalier et soigné pour une tentative de suicide.
« Souriant »
Le médecin de l’urgence a contacté un psychiatre de garde à l’Hôpital de Sept-Îles, qui selon la description de l’état qu’on lui a fait du patient, n’a pas vu de drapeau rouge dans cette situation. Il n’a pas non plus vu la nécessité d’un suivi psychiatrique ou psychologique.
Le 24 janvier, vers 2 h du matin, le médecin a revu l’homme de 23 ans. À ce moment, il l’a décrit comme allant « extrêmement bien », « souriant » et « extrêmement coopérant ».
Il a conclu qu’il allait pouvoir quitter. Il a reçu son congé vers midi.
« Rien n’indique qu’il a été accompagné à sa sortie », note le coroner.
Le jeune homme aurait ensuite tenté de rassurer son entourage et son ex-conjointe, sur le fait qu’il ne souhaitait pas mettre fin à ses jours. Il a texté avec cette dernière, de 23 h à minuit.
Le matin, il ne lui répondait pas au téléphone. C’est là qu’elle s’est rendue chez lui, comme prévu, et qu’elle l’a retrouvé inconscient dans son garde-robe. Il est décédé d’une asphyxie.
Des impressions
« L’impression que laisse la lecture du dossier médical est que le personnel médical s’est fié uniquement aux impressions rassurantes laissées par le patient », écrit le coroner. « Son décès le lendemain de son congé hospitalier suggère que M. avait probablement des visées suicidaires au moment de sa sortie », poursuit-il.
En novembre dernier, le coroner Lefrançois a recommandé que le CISSS Côte-Nord « révise la qualité de la prise en charge et des soins prodigués au cours du mois de janvier 2024 à la personne décédée et, le cas échéant, de mettre en place des mesures appropriées en vue d’améliorer la qualité de la prise en charge des usagers en pareilles circonstances ».
Questionné à savoir si des mesures avaient été mises en place depuis, le CISSS de la Côte-Nord a simplement répondu par courriel qu’il « assure les suivis requis afin d’appliquer la recommandation intégralement ».
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