Chronique de Réjean Porlier ǀ Justin Trudeau et la démographie
Justin Trudeau avait visité l'Aluminerie Alouette en 2019. Photo archives
Une société peut être développée, astucieuse, intelligente, mais si elle ne fait pas le poids démographiquement, elle finit par en payer le prix. C’est vrai pour une région, une province ou même un pays. La Côte-Nord est bien placée pour en parler, alors que son faible poids démographique lui coûte année après année élection après élection, la simple ouverture sur son territoire.
Le territoire est vaste, c’est vrai, mais son occupation est fondamentale. Sans doute direz-vous que j’ai déjà couvert le sujet à quelques reprises, mais je continue de penser qu’il devrait davantage attirer notre attention, parce qu’en dépendent beaucoup de choses, à commencer par notre droit au chapitre.
Quelqu’un peut-il me dire s’il y a un début de plan d’action digne de ce nom pour renverser la tendance démographique des dernières années ?
Une question qui demeure sans réponse alors que la situation continue de s’aggraver. Après tout, ça doit bien faire une vingtaine d’années qu’on en parle et la dégringolade se poursuit. Mais qu’est-ce que ça va prendre pour qu’on s’y intéresse enfin ? Qui sont nos porteurs de ballon dans ce dossier ? Qui donc s’y consacre un tant soit peu ?
Les Autochtones ont payé le fort prix du renversement démographique, alors qu’on les isolait sur leur propre territoire pour mieux les déposséder. L’histoire nous apprendra aussi que de peuple fondateur, les Canadiens français se sont retrouvés minoritaires et ont dû trimer dur pour sortir de leur asservissement, une grande noirceur paralysante.
Les actuelles relations Canada/États-Unis en disent long sur le respect qu’impose notre poids démographique. Dans un contexte où la démocratie et les règles internationales priment, tous les pays devraient pouvoir tirer leur épingle du jeu, mais face à des autocraties qui n’hésitent pas à bafouer ces règles pour élargir leur empire, David a raison de craindre l’imposant Goliath. D’autant plus que c’est un David passablement amoché et malmené de l’interne qui se présente à la frontière.
D’ailleurs, il s’agit là de notre plus grande faiblesse ; de vrais hommes d’État auraient rapidement convenu que d’afficher publiquement notre division interne, alors que la menace est à nos portes, est la pire des stratégies.
D’ailleurs, il s’agit là de notre plus grande faiblesse ; de vrais hommes d’État auraient rapidement convenu que d’afficher publiquement notre division interne, alors que la menace est à nos portes, est la pire des stratégies.
Si les politiciens d’ici ont regardé de haut le Mexique, prêts à le laisser tomber dès les premières menaces de Trump, ils auraient beaucoup à apprendre de cet aplomb dont la Présidente mexicaine a fait preuve. Un aplomb et un courage qui nous fait tellement défaut.
Quand je vois Justin Trudeau dire qu’il est un bagarreur, il a plutôt fait la démonstration de son manque d’orgueil, s’accrochant jusqu’à la toute fin à ce pouvoir, plaçant bien loin derrière l’intérêt du pays. Bientôt, il aura amplement de temps pour prendre tous ses selfies ou, le terme est sans doute mieux choisi, ses égoportraits ou portrait d’égo !
Peut-être était-ce là la vraie stratégie de Justin Trudeau, lorsqu’il faisait entrer à grande porte tous ces immigrants ; accroître son poids démographique pour espérer avoir plus d’impact dans ses relations internationales. Jusqu’à ce qu’il en perde le contrôle, la politique en immigration du premier ministre l’a plutôt bien servi, jouissant sans contredit d’une prime à l’urne, résultat de cette nouvelle population.
S’il a conservé cet appui, la médiatisation des dérapages en matière d’immigration au Canada, comme un peu partout dans le monde, a suscité énormément de craintes et mis en lumière le laxiste et l’incapacité de plusieurs gouvernements à réagir promptement. Des craintes que d’autres politiciens ont su transformer en peur et en faire leur cheval de bataille. Quand les gens ont peur, ils cherchent des leaders déterminés.
Si Justin Trudeau s’accrochait au pouvoir, je suis persuadé qu’il était d’abord animé par une quête personnelle, celle de marquer l’histoire. S’il nous arrive encore d’évoquer les années de gouvernance de son père, pour les meilleures et les pires raisons, Justin, à son grand dam, sera vite oublié. Il aura abordé tous les thèmes importants, surfant d’une conférence à l’autre, fier comme un paon, mais son empreinte n’aura été qu’en surface.
En fait, il se sera imposé comme le grand libérateur… du cannabis !
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