Justin Trudeau pourrait annoncer sa démission d’ici mercredi, selon le Globe and Mail
Le premier ministre Justin Trudeau lors d'un événement des Fêtes du caucus national à Ottawa, le 17 décembre 2024. M. Trudeau pourrait annoncer sa démission lundi ou mardi. LA PRESSE CANADIENNE/Spencer Colby
La semaine qui s’amorce lundi pourrait marquer un moment décisif sur la scène politique fédérale, puisque, selon le quotidien «The Globe and Mail», le premier ministre Justin Trudeau pourrait annoncer qu’il quitte son poste de chef libéral d’ici mercredi.
Selon trois sources qui se sont confiées anonymement au «Globe and Mail», M. Trudeau devrait faire une annonce concernant son avenir politique d’ici mercredi, jour où une réunion du caucus libéral est prévue. Il pourrait donc annoncer sa démission lundi ou mardi, mais les sources du «Globe and Mail» n’ont pu préciser le moment exact.
La Presse Canadienne n’a pas confirmé de manière indépendante les informations du «Globe and Mail». Les sources du «Globe» ont obtenu l’anonymat puisqu’elles n’étaient pas autorisées à discuter publiquement de la question.
De plus en plus de députés libéraux réclament publiquement le départ de M. Trudeau, alors que les sondages continuent de placer les libéraux loin derrière les conservateurs en prévision des prochaines élections fédérales, qui doivent avoir lieu au plus tard à l’automne.
Cette fin de semaine, le député de London-Centre-Nord, Peter Fragiskatos, a à son tour demandé à M. Trudeau de partir. En entrevue avec le «London Free Press», il a fait valoir que ses électeurs étaient désormais massivement favorables à la démission du premier ministre.
Le 29 décembre, une lettre du caucus libéral de l’Atlantique demandant à M. Trudeau de démissionner de son poste de chef du parti a été partagée publiquement par le député néo-brunswickois Wayne Long, qui affirme depuis l’automne que M. Trudeau devrait démissionner.
Dimanche, de retour à Ottawa après des vacances en Colombie-Britannique pendant les Fêtes, M. Trudeau a laissé entendre qu’il s’en tenait à la routine habituelle, et ce, malgré le fait que les députés libéraux lui demandent de démissionner et que les trois principaux partis d’opposition ont tous affirmé qu’ils prévoyaient de renverser le gouvernement à la première occasion.
Dans une publication sur X, M. Trudeau a soutenu que le gouvernement libéral avait réduit les frais de garde d’enfants pour près d’un million de Canadiens. «En 2025, on continuera sur cette lancée», a-t-il écrit dimanche après-midi. Selon l’horaire officiel du premier ministre, M. Trudeau doit participer lundi à une réunion virtuelle du comité du cabinet chargé des relations canado-américaines.
Une réunion du caucus libéral mercredi
Les députés fédéraux ne devaient pas revenir à Ottawa avant la rentrée parlementaire à la Chambre des communes, le 27 janvier. Les élus libéraux ont cependant été encouragés à assister à la réunion du caucus prévue mercredi en personne.
Dans une lettre, publiée en ligne par CBC News, la présidente du caucus national des libéraux, Brenda Shanahan, a indiqué qu’en raison du court préavis pour la réunion, les députés seront autorisés à y assister virtuellement, mais qu’il sera attendu d’eux qu’ils soient seuls dans un espace confidentiel fermé, le visage visible à tout moment à l’écran.
La pression sur M. Trudeau pour qu’il démissionne s’est intensifiée après la démission surprise de la ministre des Finances, Chrystia Freeland, le 16 décembre.
Avant la pause des Fêtes, le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a déclaré à La Presse Canadienne que M. Trudeau allait prendre le temps de réfléchir à son avenir. M. Trudeau lui-même est toutefois resté silencieux sur ce sujet depuis la démission de Mme Freeland.
Plusieurs options pour la suite
Cela signifie que les prochaines semaines à Ottawa pourraient se dérouler de plusieurs manières.
Si M. Trudeau démissionne, une disposition de la constitution stipule que le caucus libéral peut être consulté sur la personne qui deviendra le chef intérimaire.
Mike Crawley, qui a été président du Parti libéral pendant un mandat à partir de 2012, a noté que la première décision à prendre serait de nommer ou non un chef intérimaire. M. Crawley a précisé qu’il ne parle pas au nom du Parti libéral.
Il a expliqué que la décision reviendrait au conseil d’administration du parti, mais que, «en pratique, le conseil prendrait certainement en considération une recommandation venant du caucus».
La direction du parti doit convoquer une réunion dans les 27 jours pour établir les règles d’une course à la direction. M. Crawley croit qu’une telle réunion serait probablement convoquée «beaucoup plus rapidement que cela».
La constitution ne contient aucune règle dictant la durée d’une course à la direction, bien que les candidats doivent recueillir les signatures nécessaires et remettre une lettre de nomination écrite au président du parti au moins 90 jours avant le vote.
M. Crawley a souligné que la situation actuelle, dans laquelle le gouvernement libéral minoritaire pourrait tomber à tout moment, ajoute à la complexité d’une éventuelle course à la direction.
«Je n’envie ni le président actuel du parti ni le conseil d’administration qui doivent considérer ces options, car c’est difficile», a-t-il reconnu.
Le spectre d’une motion de censure
Bien que ce ne soit pas au parti de décider si le gouvernement tombera, il doit décider «ce qui est le mieux pour le parti en ce qui concerne la course à la direction, mais en même temps, je pense qu’il doit également examiner les mesures d’urgence qu’il met en place pour s’assurer qu’en cas de chute du gouvernement, il y ait un chef qui puisse diriger le gouvernement pendant cette campagne électorale».
Il n’existe aucun mécanisme au sein du Parti libéral permettant au caucus de destituer M. Trudeau de son poste de chef dans ces circonstances. Cela signifie que, si M. Trudeau choisit de rester en poste, il pourrait mener le parti aux prochaines élections, qui doivent avoir lieu d’ici octobre.
Mais, étant donné la promesse des partis d’opposition de déclencher des élections anticipées, les Canadiens pourraient se rendre aux urnes beaucoup plus tôt.
La semaine prochaine, les conservateurs prévoient de présenter une motion de censure au Comité des comptes publics, qui pourrait être mise aux voix à la Chambre des communes dès le 30 janvier.
Dans une déclaration envoyée par courriel, le leader de l’opposition à la Chambre des communes, Andrew Scheer, a accusé M. Trudeau de «s’accrocher désespérément au pouvoir».
À son avis, M. Trudeau devrait déclencher des élections «maintenant qu’il a perdu la confiance de la majorité des députés à la Chambre des communes.
«Des dizaines de députés de Justin M. Trudeau, y compris son ancienne vice-première ministre et ministre des Finances, n’ont plus confiance en lui», a tranché M. Scheer.
Que M. Trudeau démissionne ou non de son poste de chef libéral, le gouvernement pourrait demander la prorogation pour mettre fin à toutes les activités de la Chambre des communes.
En 2008, le premier ministre de l’époque, Stephen Harper, avait notamment prorogé le Parlement peu avant un vote de censure qui aurait pu entraîner la défaite de son gouvernement conservateur minoritaire.
— Avec des informations de David Baxter
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