La 40e édition du festival Innu Nikamu s’est révélée être la plus ambitieuse de son histoire et un des moments les plus marquants de l’année dans la région. Malgré les artifices, celui derrière sa coordination, Normand Junior Thirnish-Pilot, se dit être un homme simple, animé par le désir de rendre son peuple fier.
« Il y avait beaucoup de premières fois », se remémore Normand Junior Thirnish-Pilot, coordinateur du festival, en repensant à la 40e édition de cet été. « Des artistes d’envergure comme Bryan Adams, sur la Côte-Nord, je ne sais pas si c’est déjà arrivé. »
Le coordinateur cite le spectacle de drones qui a captivé les foules, la création d’un village éphémère, pour accueillir les campeurs sur le site et la mise en place d’un service de transport en commun entre Sept-Îles et Mani-utenam, comme d’autres ajouts marquants pour cette dernière édition du festival.
L’ajout de deux scènes supplémentaires ainsi que la création du microfestival Innu Nikamuniss ont aussi contribué au succès monstre de la dernière édition, qui a attiré un nombre record de festivaliers. Une grande fierté pour Normand Junior Thirnish-Pilot.
« Il y avait des gens qui venaient de partout. C’était beau de voir le mélange des gens qui sortaient des autobus. Il y avait des Innus, des Québécois, des personnes de toutes les origines », exprime le coordinateur. « Nos valeurs à nous, au festival, c’est de se rassembler sous la bannière de la paix et de la fraternité. On apprend à se connaître à travers les arts, à travers la musique. »
L’étincelle
Normand Junior Thirnish-Pilot a reçu la piqure d’Innu Nikamu en 2016, alors que le groupe Simple Plan était de passage au festival.
« C’est venu combler une fierté qui était là, mais que j’avais oubliée », raconte-t-il. « À ce moment-là, j’étais fier d’être Innu. J’avais l’impression, en tant que peuple, qu’on existait. Là, on nous entend et on nous écoute. »
Fort d’une carrière de policier à la GRC, Normand Junior Thirnish-Pilot commençait, année après année, à vouloir participer à la coordination du festival et à le porter encore plus loin. C’est en 2022 qu’il a pris les rênes, en tant que coordinateur.
Avec le succès des éditions 2022 et 2023 du festival, il se sentait prêt à mettre le paquet.
« Je sentais qu’on avait le vent dans le dos pour avancer. Pour Le 40e, je savais qu’il fallait aller plus haut. »
Une certaine magie
Pour contribuer à un espace de célébration sain, Normand Junior Thirnish-Pilot considère que l’absence d’alcool au festival Innu Nikamu est l’une des forces du festival.
« L’euphorie à Innu Nikamu est créée par la musique, par l’artiste qui est sur la scène et non l’alcool » abonde-t-il. « Il y a une connexion sincère qui se fait entre le festivalier et l’artiste. »
Selon lui, le festival dégage une énergie « magique », d’autant plus poignante qu’il se déroule sur l’ancien site d’un pensionnat autochtone.
« Il y a tellement eu de larmes qui ont été coulées à cet endroit, des jeunes Innus qui ne comprenaient pas pourquoi ils étaient là, pourquoi ils ne pouvaient pas parler leur langue […] Aujourd’hui, de voir des enfants courir partout, joyeux, heureux, le contraste, chaque année, moi ça me touche, ça me frappe », confie Normand Junior Thirnish-Pilot.
« Qu’on se soit réapproprié cet endroit-là pour faire quelque chose qui unit les peuples, pour moi c’est grandiose. »
Éclairer la noirceur
Pour Normand Junior Thirnish-Pilot, très peu de choses sont aussi satisfaisantes que de savoir que cette dernière édition d’Innu Nikamu a eu une portée aussi large.
« Ce qui m’a marqué, c’est que ça déborde de Uashat mak Mani-utenam et des communautés autochtones. Je voyais des gens de Port-Cartier, de Baie-Comeau, de Forestville qui ressentaient de la fierté pour un festival de musique autochtone », remarque-t-il. « C’est ce qui me touche le plus. »
S’il ressent une certaine pression pour la 41e édition, après le précédent qu’il a marqué, Normand Junior Thirnish-Pilot admet que celle-ci n’aura pas la même envergure, mais qu’elle restera toujours aussi rassembleuse.
« Tout ce qui favorise le rapprochement, la création, les arts, je pense que ça peut sauver des vies », partage-t-il. « Quand on combat la noirceur avec de la lumière, ça va toujours rayonner plus fort, plus loin. »
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