Des haltes-chaleur pour les gens en situation d’itinérance dans Sept-Rivières

Par Marie-Eve Poulin 5:01 AM - 3 décembre 2024
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Centre d'intervention Le Ronpd-Point

Le Centre d’intervention le Rond-Point chapeaute le projet de halte-chaleur, à Sept-Îles.

Deux haltes-chaleur verront le jour d’ici quelques semaines à Sept-Îles et Port-Cartier. Les ressources accueilleront chacune jusqu’à dix personnes en situation d’itinérance. 

Une roulotte de chantier (12 par 40 pieds) sera installée sur le terrain du Centre d’intervention le Rond-Point, à Sept-Îles. 

« La roulotte va contenir dix lits de camp, un bureau d’intervention et deux ressources pour les accueillir », explique Dominique Leclerc, co-directrice du Rond-Point.

On souhaite que deux ressources soient présentes toute la nuit.

« On veut une ressource psychosociale sur place pour gérer les crises », dit-elle. « On veut aussi un veilleur de nuit, pour faire des rondes à l’extérieur et s’assurer qu’il n’y a personne en détresse, ou qu’il n’y a pas de bris ou dommages qui se font. » 

L’espace est divisé de manière à pouvoir accueillir des hommes et des femmes, en toute sécurité. 

Des casiers seront à la disposition des usagers, afin qu’ils puissent y déposer leurs effets personnels. Des bouteilles d’eau et de petites collations seront offertes. 

Un espace sera destiné aux animaux, puisque plusieurs personnes en situation d’itinérance ont des chiens.

La halte sera ouverte de 22 h à 8 h.

« À partir de 8 h, on va pouvoir les accueillir dans notre établissement, au Rond-Point », dit Mme Leclerc. « Ils vont pouvoir avoir le déjeuner et du support avec notre personnel, qui est déjà en place dans notre milieu. » 

La halte ne peut accueillir que dix personnes, mais à Sept-Îles, on estime que le nombre d’itinérants se chiffre à plus du double. Ce sera premier arrivé, premier servi. Un système de rotation et de triage sera effectué par l’intervenante, afin de permettre à tous les gens dans le besoin d’en profiter. 

« De plus, certaines personnes ne ressentiront pas le besoin de dormir, mais plutôt de se réchauffer quelques heures pour ensuite repartir », dit Dominique Leclerc. « C’est une première année, nous allons nous ajuster au fur et à mesure, afin de trouver la formule la plus gagnante. »

Les démarches vont bon train.

« On souhaite une ouverture le plus tôt possible », dit la co-directrice du Centre d’intervention le Rond-Point. « Je suis encore dans les démarches pour les permis de la Ville, on complète les démarches avec les assurances, on a accepté les soumissions pour la roulotte et pour une toilette chimique à l’extérieur », précise-t-elle. 

Les conditions de la Ville mentionnent que cette halte-chaleur ne peut être en fonction que pour une durée de six mois l’hiver et doit être enlevée l’été. 

Dominique Leclerc mentionne que des projets d’autofinancement sont prévus, dans l’objectif d’offrir une solution plus stable et à long terme.

« On va peut-être envisager un vrai refuge, dans les trois à cinq prochaines années. »

Le projet chapeauté par le Centre d’intervention le Rond-Point est estimé à 187 000 $, incluant les ressources humaines et tout le matériel nécessaire. 

Port-Cartier

« La visite d’un sans-abri cet automne, ça m’a comme sonné les cloches un peu », raconte le maire Alain Thibault. « Je me suis dit qu’il fallait absolument faire quelque chose. » 

Il était conscient que l’itinérance était présente à Port-Cartier, mais n’en connaissait pas l’ampleur. Il a fait appel à l’organisme Hom’asculin, pour connaître la situation sur le terrain. Il a mis sur pied un comité regroupant des organismes, afin de venir en aide à ces citoyens dans le besoin. 

Le projet dirigé par le Carrefour Jeunesse emploi Duplessis est similaire à celui de Sept-Îles. Roulotte de chantier, toilette chimique, un agent de sécurité et un intervenant seront sur place. Les lieux seront aménagés pour accueillir des hommes et des femmes. La halte-chaleur sera ouverte de 20 h à 8 h. 

La roulotte sera installée sur l’île Patterson, de manière à être près des services. L’endroit a aussi été choisi en fonction de l’acceptabilité sociale, pour éviter d’être au cœur d’un quartier résidentiel. « On veut bien faire les choses », dit le maire. 

Pour l’instant, le projet de halte-chaleur est d’une durée de six mois. Les besoins seront réévalués après cette période, afin de déterminer si un service plus permanent est nécessaire. 

« Pour le moment, ce qui urge, c’est de leur fournir un endroit à la chaleur, pour permettre de passer l’hiver sécuritairement », dit Alain Thibault. 

Besoin criant

Du côté de Sept-Îles, cette solution a été apportée à la table de concertation sur l’itinérance composée d’une quarantaine d’organismes allochtones et autochtones de la région (CISSS, Ville de Sept-Îles, SQ, SPUM, Uauitshitun, etc.). 

« On s’entend que le problème est criant », dit Dominique Leclerc.

Elle rapporte qu’environ de cinquante à soixante personnes sont en situation d’itinérance à Sept-Îles, incluant le couchsurfing, soit des gens qui dorment ici et là chez des connaissances.

« Selon la SQ, il y aurait une quinzaine de personnes allochtones. Selon la SPUM, tout autant de personnes autochtones. Donc, une vingtaine de personnes dans la rue à Sept-Îles », dit Mme Leclerc. 

À Port-Cartier, le maire rapporte que six personnes soit quatre hommes et deux femmes seraient en situation d’itinérance.