Retours sur scène délicats : des perceptions différentes

Par Emy-Jane Déry 5:00 AM - 26 novembre 2024
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Scène de la Salle Jean-Marc-Dion. Photo courtoisie

Le retour sur scène d’artistes condamnés peut envoyer un message blessant pour les victimes de violence, estime le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. 

« Ça dépend de la victime, chaque personne est différente, mais souvent, ça peut être perçu comme si elles n’étaient pas crues, elles ne voient pas l’appui du système envers leur situation », affirme Annick Brazeau, présidente du Regroupement. 

En revanche, quand il y a perte de contrat, dénonciation dans les médias, l’effet inverse peut se produire et cela survient de plus en plus, souligne-t-elle. 

« Ça vient lancer un message dans les communautés, que la violence est inacceptable et qu’on ne se ferme pas les yeux là-dessus. » 

Encore une fois, chaque cas est différent.

« Il y a des artistes qui ne reconnaissent rien et qui continuent. Si on prend quelqu’un comme Éric Lapointe, il a fait des présences médiatiques, a reconnu certaines choses, est allé chercher de l’aide. Je pense qu’Éric Lapointe a actuellement une autre chance, ce sera à lui de l’honorer et de faire attention aux prochaines étapes. »

Initiatives

L’ADISQ a mis en place un processus pour réintégrer les artistes visés par des allégations criminelles. Depuis deux ans, elle applique une politique qui fait en sorte que chaque cas est étudié par un comité d’experts formé de criminologues, juristes… le processus est fait en collaboration avec l’organisme Équijustice. 

Éric Lapointe a d’ailleurs fait et réussi le processus. 

« Pour que les artistes reconnus coupables puissent être réadmis, ils ont une démarche à suivre pour démontrer que c’est correct, sinon ils ne pourront pas », indique Annick Brazeau, qui se réjouit de l’initiative.

Dans le même ordre d’idée, à Gatineau, la Maison de la culture a consulté les organismes pour mettre en place une grille permettant de déterminer si un artiste pouvait, ou non, revenir. 

« Ce sont des critères vraiment précis. Est-ce qu’ils ont fait la démarche de l’ADISQ, est-ce qu’ils ont reconnu leur faute, est-ce qu’ils ont été chercher de l’aide, qu’est-ce que le public en pense, le personnel des salles de spectacle a-t-il confiance ? » 

Si du progrès est notable à travers le temps, de façon générale, on sent bien que le sujet demeure délicat. Bien qu’ils n’en « remettent pas en question la pertinence », ni le Regroupement des femmes de la Côte-Nord, ni aucun de ses membres en violence conjugale sur le territoire n’a souhaité nous accorder une entrevue « ne trouvant pas l’angle pour l’aborder ».