Violences conjugales: Ottawa pressé de mettre en œuvre toutes les mesures de C-21

Par Émilie Bergeron, La Presse Canadienne 11:30 AM - 25 novembre 2024
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La directrice des affaires juridiques de l'Association nationale Femmes et Droits, Suzanne Zaccour, au cours d'une conférence de presse à Ottawa, le 23 janvier dernier. LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld

Des défenseurs d’un plus grand contrôle des armes à feu tirent la sonnette d’alarme et exhortent Ottawa à mettre en vigueur des dispositions de sa loi C-21 visant à protéger les victimes de violences conjugales.

Même si près d’un an s’est écoulé depuis que le projet de loi C-21 a obtenu la sanction royale, les mesures visant à empêcher des individus considérés dangereux d’avoir un permis d’arme à feu ne sont toujours pas devenues réalité.

«C’est absolument urgent que ces mesures entrent en vigueur parce que (…) il est question de la vie et de la sécurité des femmes et des enfants. On pense que le gouvernement devrait prioriser ces mesures et non pas les laisser flotter», a dit en point de presse Suzanne Zaccour, directrice des affaires juridiques de l’Association nationale Femmes et Droits.

Des proches de victimes de violences conjugales s’étaient déplacés pour l’occasion. Tara Graham, qui a raconté avoir perdu sa mère aux mains d’un conjoint violent, s’est désolée que les meurtres de la sorte soient loin d’être des cas isolés.

La directrice de l’Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation, Myrna Dawson, a affirmé que depuis 2018, au moins 219 femmes et filles ont été assassinées par armes à feu. Cette façon de tuer est utilisée dans environ le tiers des meurtres de femmes chaque année, a-t-elle précisé.

Nathalie Provost, qui a survécu à la tuerie de Polytechnique, a souligné qu’il n’existe aucun échéancier pour l’implantation des mesures de C-21 qui ne sont toujours pas en vigueur.

Sur le web, le gouvernement du Canada se limite à indiquer que celles-ci doivent être mises à oeuvre «plus tard».

«Certaines mesures sont déjà en vigueur, tandis que d’autres entreront en vigueur plus tard pour permettre le développement de nouveaux systèmes ou l’élaboration de nouveaux règlements, ou pour mobiliser les provinces et les territoires, les partenaires autochtones et les intervenants», peut-on lire.

Les groupes de défenseurs des femmes violentées ont aussi demandé aux chefs de tous les partis d’opposition de s’engager à la mise en œuvre des dispositions de la loi C-21.

Mme Provost a voulu envoyer un message spécifique au chef conservateur Pierre Poilievre.

«Il pense que nous parlons d’armes à feu parce que nous sommes contre les propriétaires d’armes à feu. Nous ne le sommes pas. Nous sommes pour la sécurité des Canadiens, des femmes et des enfants», a-t-elle soutenu.

Les conservateurs se sont opposés à C-21 tout au long de son étude parlementaire.