Garderie illégale : « Je n’ai jamais rien fait de mal »
Lundi, le service de garde de Patricia Boucher était sur la rue Comeau à Sept-Îles. Photo Marie-Eve Poulin
La Septilienne qui opérait illégalement un service de garde malgré trois jugements de la Cour supérieure a changé d’adresse dans les derniers jours et opérait encore lundi. « Je n’ai jamais rien fait de mal », a-t-elle clamé, rencontrée sur place par Le Nord-Côtier.
La semaine dernière, le Journal révélait qu’une Septilienne opérait un service de garde illégalement. Il est reproché à Patricia Boucher de garder jusqu’à 14 enfants à la fois, soit plus du double permis selon la Loi. De nombreuses plaintes déposées au ministère de la Famille font état d’un présumé manque de surveillance et d’enfants qui se seraient blessés. Le Tribunal dit craindre pour leur sécurité et leur bien-être.
Les jugements lui ordonnent de « fermer définitivement » et de « cesser immédiatement d’offrir des services de garde à des enfants d’âge préscolaire en contrepartie d’une contribution ».
Suite à la publication du dossier dans Le Nord-Côtier, Patricia Boucher a changé d’adresse pour continuer d’opérer un service de garde illégalement, cette fois, dans un logement de la rue Comeau.
Lundi, des parents sont allés y déposer leurs enfants.
« Je n’étais pas dans l’illégalité aujourd’hui, j’en avais six », a-t-elle dit.
Patricia Boucher affirme opérer un service de garde depuis au moins 37 ans. Elle a réitéré « qu’elle aime les enfants et son travail ».
La femme refuse de se conformer aux ordonnances du ministère de la Famille et de la Cour supérieure.
« Je le sais que oui, je n’ai pas été correcte », a-t-elle admis. « Je ne sais plus comment je vais faire pour faire mes paiements. »
Patricia Boucher chargeait en moyenne 40 $ par jour, par enfant. Lorsqu’elle en avait 14 sous sa responsabilité, elle touchait donc environ 2 800 $ brut par semaine.
« Je vais me ramasser avec plus une cenne, je vais perdre ma maison, ma voiture, j’ai pu rien, c’est pour ça », a-t-elle dit, à propos des raisons qui l’ont motivé à faire fi des ordonnances.
« Je ne suis pas une mauvaise personne. »
Blessures
« J’ai jamais battu d’enfants », a lancé Patricia Boucher. « Je n’ai jamais rien fait de mal. »
En effet, dans les documents consultés par le Journal (jugements, plaintes), en aucun temps il n’est mentionné que Mme Boucher aurait été directement violente avec des enfants.
Il est plutôt question d’enfants laissés sans surveillance et de blessures qu’elle ne peut expliquer, puisqu’elle n’aurait pas été dans la pièce au moment des incidents.
Patricia Boucher nie toutefois avoir laissé des enfants sans surveillance.
Elle admet qu’au moins deux se sont fait mordre.
« Tu te tournes la tête, ça se fait mordre, ça se fait frapper, ça arrive à la maison, à la garderie », a-t-elle dit. « Ça arrive partout des choses comme ça. »
Parmi les témoignages recueillis par le Journal, une mère a confié que son enfant se serait fracturé la clavicule au service de garde de Patricia Boucher.
« L’enfant qui est tombé était dans la chaise haute. Elle s’est détachée et est tombée », a-t-elle affirmé, à propos du bébé de moins d’un an.
D’autres plaintes déposées au ministère de la Famille alléguaient des enfants laissés dans des couches souillées.
Mme Boucher explique avoir des heures de vérification de couches et les changer au besoin.
« Il n’y a pas un enfant qui part d’ici avec les fesses rouges, qui sont toutes irritées. C’est pas vrai », dit-elle. « Je le dis et le redis, je m’en occupe des enfants. »
Démarches en cours
À la suite de nouvelles informations reçues dans le dossier de Patricia Boucher, voulant que cette dernière ait continué d’opérer un service de garde à une autre adresse que celui de l’avenue Gamache, le ministère de la Famille indique que des démarches sont en cours.
« Si cette situation est avérée, cette personne est en situation d’illégalité et s’expose à des sanctions pénales ou civiles », dit la porte-parole, Noémie Vanheuverzwijn. « Des démarches sont d’ailleurs déjà entreprises avec le Procureur général, en lien avec cette personne. »
Audrey Lepage, porte-parole du ministre de la Justice, Simon-Jolin-Barrette confirme que des démarches sont entreprises par le Procureur général.
« Un jugement sur une demande en injonction permanente a été rendu le 16 octobre dernier », dit Audrey Lepage. « Toute personne contrevenant à un ordre de la Cour s’expose à un outrage au tribunal ».
La cabinet du ministre de la Justice n’émettra pas d’autre commentaire par respect pour le processus judiciaire.
Le ministère de la Famille invite toute personne qui suspecte de la garde illégale à dénoncer la situation immédiatement.
Rappelons que la Ville de Sept-Îles a dit espérer « une intervention diligente » de la part des autorités, dans cette histoire. La femme qui n’avait pas de permis de la Ville pour mener ses opérations contrevenait également à la règlementation municipale.
D’ailleurs, le propriétaire de la résidence de l’avenue Gamache louée par Mme Boucher, où elle opérait illégalement son service de garde, a affirmé au Journal l’avoir rencontré, à la suite de la publication de l’histoire. Il dit avoir exigé qu’elle y cesse ses activités. L’homme préfère ne pas être identifié. Il a assuré qu’il n’était pas au courant de la situation.
Ni la ministre de la Famille, Suzanne Roy, ni le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barette, n’ont voulu commenter la situation.
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