Parler ça fait du bien

Par Marie-Eve Poulin 12:00 PM - 15 novembre 2024
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Maison Oxygène de Sept-Îles.

La santé et le bien-être des hommes sont au cœur d’une campagne de sensibilisation. Parler ça fait du bien, vise à normaliser les demandes d’aide des hommes. 

« Il n’y a pas une solution miracle qu’on peut déployer demain matin pour régler, une fois pour toutes, le fait que les hommes consultent moins les ressources que les femmes », dit Edmond Michaud, directeur général Hommes Sept-Îls et Maison Oxygène Jack Monoloy. 

Le modèle traditionnel masculin est à l’opposé de ce que ça prend pour consulter des ressources. « Si on veut correspondre à ce qu’est “un vrai homme”, on va être réservé, en contrôle, montrer qu’on est fier, être endurant, indépendant », dit M. Michaud. « Ce que ça prend, si tu veux être capable d’entrer en démarche d’aide, il faut dévoiler sa vie privée, renoncer au contrôle, afficher ses faiblesses, se montrer vulnérable, exprimer ses émotions. » 

On parle d’un inconfort identitaire profond et non d’orgueil, ce qui rend difficile la demande d’aide. C’est pourquoi le Regroupement provincial en santé et bien-être des hommes (RPSBEH) lance sa campagne de sensibilisation, afin de sensibiliser aux difficultés vécues par les hommes et faire avancer le dialogue autour de leur santé et de leur bien-être. 

Accessibilité

« On pourrait très bien se dire “les services sont là, ils sont disponibles, on ne refuse personne. Si les hommes ne viennent pas, c’est leur choix, c’est leur problème” », dit-il. « On fait fausse route quand on fait ça. Parce que ça a des impacts sur tout le monde, quand un homme ne va pas bien. »

Edmond Michaud croit que tout le monde devrait se poser la question :

« En quoi il contribue à renforcer un inconfort pour les hommes, ou en quoi il contribue à renforcer le confort des hommes à consulter les ressources ? » 

Le système est majoritairement composé de femmes. « Un homme qui rentre là-dedans peut avoir le sentiment que c’est peu adapté à sa réalité masculine », dit Edmond Michaud. « Le sentiment d’être compris, d’être écouté, sera moins au rendez-vous. » Cela ne signifie pas que les efforts ne sont pas mis pour s’adapter à recevoir les hommes. « C’est par la force des choses que ça se produit comme ça », dit-il. 

M. Michaud croit que la formation est essentielle pour faciliter l’accessibilité aux hommes dans les services d’aide. 

« La manière de faire des relances. Quand un homme est placé sur une liste d’attente, qu’est-ce qui va faire en sorte qu’il ne reviendra pas dans les services, si on ne le rappelle pas », illustre-t-il. « La manière de faire de l’accompagnement et des références. » 

En chiffres

–  Au Québec, trois fois plus de détresse est vécue chez les jeunes pères de 18 à 24 ans, par rapport à l’ensemble des pères.

– 54 % des jeunes de cette même tranche d’âge rapportent avoir une consommation abusive d’alcool ou de drogues.

– De 3 à 4 fois plus d’hommes que de femmes s’enlèvent la vie. 

– Cette même proportion est portée à avoir des comportements violents en contexte conjugal, est en situation d’itinérance, fait des études moins poussées, vit de la criminalité, etc. 

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