Nutshimit-Shipek, un an plus tard

André Michel, Julie Carrière, la chargée de projet Innue Marie-Danielle Pinette-Vollant et la coordonnatrice, Claudie Meilleur. Photo Émélie Bernier
Les Innus doivent être aux premières loges des projets qui concernent leur territoire et le Centre d’expertise Nutshimit Shipeku veut contribuer à les outiller, afin de donner aux savoirs ancestraux une place de choix.
En septembre 2023, l’Institut Nordique de Recherche en Environnement et en Santé au Travail (INREST) et le conseil de bande Uashat Mak Mani-Utenam (ITUM) annonçaient conjointement la naissance du Centre d’expertise Nutshimit Shipeku (CENS).
Un an plus tard, les premières pierres de l’édifice sont posées, notamment avec l’embauche d’une ressource issue de la communauté.
« Ça prend du temps, mais ça se concrétise », se réjouit Julie Carrière, de l’INREST. « On va travailler ensemble sur des projets qui vont répondre aux besoins des communautés autochtones et intégrer les savoirs ancestraux dans toutes les démarches du CENS. »
Cette façon d’envisager la collaboration plaît au biologiste d’ITUM, André Michel, également directeur du bureau de la protection des droits et du territoire.
« C’est bien beau de dire qu’on tient compte des connaissances traditionnelles, mais c’est rarement vrai dans la pratique. Le centre d’expertise Nutshimit Shipek va vraiment considérer le savoir des Innus sur l’ensemble de leur territoire : Nutshimit, l’intérieur des terres, la forêt, et Shipek, l’eau salée, la mer. »
La participation active de membres de la communauté dans les évaluations environnementales préalables à tous projets, par exemple, est nécessaire, affirme M. Michel.
« Quand une compagnie a des projets, il y a des firmes environnementales qui viennent. Maintenant, on s’assure qu’aucune étude ne se fait dans le territoire sans la collaboration des gardiens du territoire, qui sont les yeux d’ITUM et qui s’assurent de la surveillance et de la protection du territoire », dit-il. « Mais nous devons développer notre propre expertise scientifique. Au lieu que l’argent sorte des communautés, nous voulons être partie prenante de ce qui se passe sur notre territoire. »
« Le but n’est pas de remplacer les firmes-conseils, mais de réaliser des projets de recherche et de développement, de collectes de données, de soutien technique scientifique tout en intégrant les savoirs autochtones, la formation et le mentorat », précise Mme Carrière.
Les Innus seront appelés à jouer leur rôle de leader dans les projets menés par le CENS.
« On ne veut pas juste que les Innus regardent, collaborent ou participent. On veut qu’ils soient capables de diriger, de gérer et pour ça, il faut commencer en les formant à la base », estime-t-elle.
Pas d’études ? Pas de problème !
« Ça ne prend pas nécessairement un bac, une maîtrise ou une technique pour leader un projet. Si quelqu’un veut apprendre, ce que ça prend, c’est une logique. Ce qui est important, c’est qu’ils se sentent acceptés, égaux, qu’ils soient capables de conseiller leur communauté pour le développement des projets », avance Julie Carrière.
Parmi les projets sur la table du CENS, l’étude des impacts des changements climatiques sur la biodiversité du Nitassinan et sur la gestion des pêches.
« On en est à structurer le financement pour commencer en 2025. Il faut en premier lieu avoir un portrait, savoir s’il y a une migration des espèces et pour ça, il faut des inventaires », indique la femme d’affaires.
Elle ne cache pas ses ambitions pour le CENS.
« À la base, c’est ITUM et l’INREST qui sont cofondateurs, mais les projets visent l’ensemble du Saint-Laurent, de Québec à l’Arctique, donc toutes les communautés riveraines vont être appelées à collaborer avec nous si elles le souhaitent. »
Horizon
Horizon, des contenus marketing présentés par et pour nos annonceurs.