Un chercheur de la Côte-Nord parmi les plus cités au monde en 2023

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 22 octobre 2024
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Sébastien Simard est un des chercheurs les plus cités au monde en 2023. Photo courtoisie

Sébastien Simard, originaire de Sacré-Cœur, est un des chercheurs qui figure dans le top 2 % des scientifiques les plus cités au monde en 2023, selon la liste publiée le 16 septembre par l’Université de Stanford.

Professeur en psychologie à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), M. Simard ne s’attendait pas du tout à figurer sur cette liste. « En fait, ce n’est pas quelque chose que je surveillais », dit-il en entrevue avec le Journal Haute-Côte-Nord. C’est une collègue qui lui a appris la nouvelle après que l’UQAC ait annoncé cette mention. « C’est une belle surprise », commente-t-il.

Le chercheur a quitté son patelin il y a déjà plusieurs années, lorsqu’il avait 17 ans, pour aller étudier. Il a commencé ses études postsecondaires à Chicoutimi avant de partir à Québec pour l’université. Il y habite encore aujourd’hui, mais il a également un pied-à-terre à Chicoutimi pour assurer ses fonctions de professeur. 

« J’ai un profil atypique un peu comme professeur, c’est-à-dire que j’ai été d’abord clinicien et j’ai travaillé en recherche à Québec. J’ai travaillé dans deux centres hospitaliers spécialisés et c’est juste en 2017 que j’avais le goût de faire quelque chose de différent et il s’est ouvert un poste à l’UQAC », relate Sébastien Simard qui a encore de la famille et des amis à Sacré-Cœur.

On ne peut déterminer pour quelles études précisément il a été cité le plus souvent, mais selon son intuition, il s’agit de ses travaux portant sur la peur de la récidive chez les personnes atteintes de cancer. M. Simard s’est spécialisé en psycho-oncologie, il travaille donc avec les gens qui ont reçu un diagnostic de cancer. 

« Quand je faisais de la clinique, ce que je me rendais compte, c’est que les gens avaient peur que le cancer revienne ou qu’il progresse. Ça affecte leur qualité de vie, ça les rend vraiment anxieux. Quand je regardais dans la littérature, il n’y avait pas grand-chose d’écrit là-dessus et comme clinicien, je me rendais compte que c’était difficile à traiter », se remémore le chercheur. 

Ce sont ces constats qui l’ont dirigé vers ce projet de recherche. « Pour étudier un phénomène, il faut être capable de le mesurer. Il n’existait pas encore d’outils pour mesurer la peur de la récidive, c’est ce que j’ai commencé par faire, donc développer un questionnaire sur la peur de la récidive », explique-t-il. 

Au fil des années, son outil est devenu le plus utilisé à travers le monde. « Il est traduit en une douzaine de langues. Il a été adapté pour les enfants, pour les parents, pour les proches », témoigne Sébastien Simard en ne manquant pas de rappeler que c’est un travail d’équipe. 

Le Sacré-Coeurois d’origine a également œuvré sur d’autres projets de recherche en psycho-oncologie, notamment sur l’insomnie et la dépression. Tous ces travaux lui ont permis de se retrouver sur la liste du top 2 % des chercheurs les plus cités au monde en 2023. « Mon objectif c’est que les patients vont pouvoir avoir de meilleurs services », lance le docteur en psychologie depuis 2008. 

Entre médecine et psychologie

La psycho-oncologie n’était pas l’objectif premier de Sébastien Simard. Il voulait plutôt devenir psychologue scolaire et travailler auprès des enfants dans les écoles. Avec ses études, il a développé son profil plus tourné vers le côté clinique et il s’est intéressé davantage à la santé mentale et la psychopathologie, entre autres.

« J’ai hésité entre la médecine et la psychologie, mais je détestais trop la chimie. Alors finalement, je n’ai pas été vers la médecine. Mais j’ai toujours été intéressé par les problématiques qui touchent la santé physique aussi », se rappelle-t-il. 

C’est le hasard de la vie qui l’a mené vers le traitement des gens atteints de cancer. « Pendant mes études, il s’installait une des premières équipes au Québec sur la psycho-oncologie. J’ai rejoint cette équipe-là et c’est comme ça que j’ai développé cet intérêt. J’en ai fait mon profil de carrière », raconte M. Simard. 

En ce qui concerne sa recherche sur la peur de la récidive, elle se poursuit toujours actuellement. « Il y a encore beaucoup de choses à faire, assure le professeur universitaire. On est à essayer de mieux comprendre encore et à tester des interventions psychologiques. On est en train aussi d’adapter l’outil à d’autres populations. »

Un de ses étudiants s’intéresse présentement à adapter l’outil à des personnes ayant subi un accident vasculaire cérébral ou un infarctus, par exemple. « Je pense que les gens qui ont d’autres maladies chroniques ont aussi peur que la maladie progresse ou qu’elle revienne », poursuit le psychologue qui se réjouit que son outil puisse servir à d’autres patients. 

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