Rien que la vérité sur les véhicules électriques

Par Émélie Bernier 11:59 AM - 18 octobre 2024 Initiative de journalisme local
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L'auteur Daniel Breton donne l'heure juste sur les véhicules électriques.

Il est absolument faux de prétendre que les véhicules électriques sont
« zéro émission », martèle Daniel Breton, auteur du livre 50 mythes et demi-vérités sur les véhicules électriques. L’ex-ministre de l’Environnement demeure persuadé qu’ils sont la voie de l’avenir
.  

Lorsqu’il affirme quelque chose à propos des véhicules « à batterie », Daniel Breton, président-directeur général de Mobilité électrique Canada ne parle pas à travers son chapeau. À preuve, la bibliographie de son plus récent livre compte pas moins de 20 pages. Voici ce qu’il a à dire sur quelques sujets qui préoccupent sans doute les lecteurs hors des grands centres.

Sur l’autonomie des VÉ dans les régions éloignées

« Les gens ne réalisent pas que l’autonomie médiane des véhicules électriques (VÉ) a été multipliée par 4 entre 2011 et 2023. On s’attend à ce qu’elle continue de monter. Les véhicules de 2024 ont entre 400 et 550, voire 600 km d’autonomie. J’arrive d’un voyage de 3 800 km en Nouvelle-Écosse, en Gaspésie, à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick et j’ai eu zéro enjeu de recharge. Toutes les bornes ont bien fonctionné. Le réseau de bornes se développe », explique l’auteur. Il rappelle que les automobilistes ont tendance à surestimer leurs déplacements. »  Au Canada, le kilométrage moyen annuel des automobilistes en 2019 était de 15 000. Les gens roulent moins qu’il y a 20 ans. Je roule 3 à 4 fois plus que la moyenne. Oui, en région, le réseau de recharge est moins développé parce qu’il y a moins de VÉ, mais dans les faits, 80 % des recharges se font à la maison. »

Le livre 50 mythes et demi-vérités sur les véhicules électriques est publié aux Éditions Somme Toute. 

Sur les VÉ en hiver

« Disons les vraies choses : une voiture électrique, dépendant du modèle, peut perdre de 10 % à 50 % d’autonomie en hiver », écrit Daniel Breton dans son livre. « Les véhicules neufs de nouvelles générations vont perdre entre 0 et 30 % d’autonomie. Donc, si quelqu’un doit faire entre 100 et 200 km dans sa journée, il n’y a pas d’enjeu », explique-t-il de vive voix. Il rappelle que « si les gens sont vraiment nerveux, ils peuvent acheter un véhicule hybride rechargeable ». « C’est une bonne option pour les gens moins habitués qui souhaitent faire une transition. La technologie évolue. L’hiver, tu peux partir le préchauffage à distance. Tu es dans la maison, la voiture est branchée, tu la préchauffes, la » prédégivres « et l’électricité vient alors de la maison, ce qui n’a pas d’impact sur l’autonomie. »  

Sur la consommation d’électricité globale de la flotte de VÉ

Le Québec compte présentement 300 000 voitures électriques et hybrides rechargeables, soit 5 % de la flotte de véhicule sur les routes. « En Norvège, en 2022, 23 % de la flotte était électrique et la demande en électricité a augmenté de 1,4 % seulement. Les gens ont tendance à beaucoup exagérer la demande d’électricité liée aux VÉ. Le défi est plus l’augmentation de la population, du nombre de commerces, de maisons, des industries. Le vrai défi de la demande d’électricité ne viendra pas des véhicules. L’objectif pour 2032 est d’avoir 2,5 millions de véhicules et selon les calculs, on parle d’une augmentation de la consommation d’électricité de 6 % par rapport à 2023 », explique Daniel Breton. Hydro-Québec et la Régie de l’énergie travaillent à l’instauration d’un tarif différencié pour « encourager à se charger la nuit ». « Avec la technologie de recharge bidirectionnelle, les VÉ vont faire partie de la solution. Ils vont représenter une partie du réseau d’Hydro-Québec. Quand il va y avoir un pic, on va potentiellement prendre l’électricité des batteries pour alimenter le réseau plutôt que d’importer de l’électricité à fort prix », s’enthousiasme l’auteur. 

Daniel Breton. Photo courtoisie

En cas de pannes, les VÉ pourront carrément « devenir des sources d’énergie ». « Si tu as un Ford F150 Lightning et qu’il y a une panne, tu vas être capable de voir en temps réel quelles bornes publiques fonctionnent (les pompes à essence, elles, ne fonctionneront pas) et aller te charger pour ensuite alimenter ton frigo, ton ordi, ta télé à la maison. Avec les nouveaux véhicules, tu peux alimenter une maison en électricité de 3 à 10 jours. Je considère qu’en 2035, les génératrices à essence vont devenir obsolètes. » 

Sur les dommages écologiques liés à l’extraction des minerais nécessaires à la fabrication des batteries

« D’abord, il y a exactement 0 % de métaux rares dans les batteries de voitures électriques alors qu’il y en a dans tous les systèmes antipollution de toutes les voitures à essence. Pour ce qui est des minéraux critiques — lithium, graphite, nickel, cobalt, phosphate, fer, manganèse —, l’extraction minière pour fabriquer des VÉ a un impact écologique, c’est certain. Cela dit, si on compare l’utilisation de ressources entre un VÉ et un véhicule à essence, le gaspillage de ressources est de 300 à 400 fois plus élevé pour un véhicule à essence. Pour une raison fort simple : les  composantes de batterie peuvent se recycler à 98 %. Le pétrole qu’on brûle est recyclable à 0 %. » 

Il est d’ailleurs « en faveur de l’accélération de l’extraction minière » dans la province et au pays. « Et c’est l’ancien ministre de l’Environnement qui parle. Il faut faire ça évidemment de la façon la plus intelligente et respectueuse de l’environnement possible. Mais le » pas dans ma cour « me dérange de plus en plus. On est d’accord avec les VÉ, les énergies renouvelables, tant que ça n’a pas d’impact sur notre quotidien ? Il faut que les gens soient conscients de l’impact de leur consommation. »   

Sur la compagnie Northvolt en difficulté :
est-ce que le Québec et le Canada ont
bien fait d’investir dans la filière batterie ?

« De 2017 à 2023, au Canada, les ventes de véhicule à essence ont diminué de 32 %. Personne ne me demande ce qu’on va faire avec les usines de véhicules à essence. Mais si le Québec et le Canada n’avaient pas investi à développer une filière de production de véhicule et de batterie de véhicules électriques, légers et lourds, il n’y aurait plus d’industrie automobile au Canada d’ici quelques années parce que c’est une industrie en déclin rapide. » 

Sur l’accès aux véhicules en région

« À court terme, 90 à 95 % de l’inventaire de VÉ se retrouve dans les régions urbaines, c’est un vrai enjeu. Les constructeurs automobiles vont devoir approvisionner les régions plus éloignées en VÉ pour atteindre leurs objectifs. C’est un processus évolutif. » 

Le livre 50 mythes et demi-vérités sur les véhicules électriques est publié aux Éditions Somme Toute. 

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