Le Canada doit se préparer à la prochaine urgence sanitaire, selon des experts
Un travailleur de la santé observe à travers une vitre de protection un de ses collègues qui s'occupe d'un patient atteint de la COVID-19 à Toronto le mardi 25 janvier 2022. Un groupe d'experts affirme que le Canada doit tirer les leçons de la pandémie de COVID-19. LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette
Le Canada doit tirer les leçons de la pandémie de COVID-19 et doit agir «dès maintenant pour se préparer à la prochaine urgence sanitaire», selon un groupe d’experts composé de médecins et de chercheurs.
Le Dr Fahad Razak, un médecin torontois qui fait partie de ce groupe d’experts, souligne que la plupart des scientifiques pensent que ce n’est «qu’une question de temps» avant qu’une autre crise sanitaire mondiale ne frappe.
Dans son rapport, intitulé «Il est temps d’agir», le groupe fait valoir que la surveillance des maladies, les données sur les hospitalisations et les résultats de recherche doivent être communiqués beaucoup plus efficacement entre les provinces, les territoires et le gouvernement fédéral.
Le Dr Razak, qui est clinicien interniste à l’Hôpital St Michael’s de Toronto, soutient qu’il est essentiel de partager beaucoup plus rapidement les informations sur la santé avec le public, afin de renforcer la confiance de la population envers le réseau de la santé et de lutter contre la désinformation.
Dans son rapport, le groupe note également que le Canada doit s’attaquer aux inégalités entre les personnes les plus durement touchées lors des situations d’urgence, comme les personnes racialisées, les communautés autochtones, les sans-abri et les résidents des établissements de soins de longue durée.
Il est nécessaire d’investir davantage dans la recherche sur la manière de mieux prioriser et soutenir ces groupes, notamment en répondant à leurs besoins de santé sous-jacents, font valoir les experts.
Selon le Dr Razak, le Canada devrait aussi créer un groupe consultatif scientifique unique et permanent — ce qui a été fait au Royaume-Uni — au lieu d’essayer de rassembler cette expertise au milieu d’une épidémie. M. Razak était d’ailleurs le directeur scientifique de la Table consultative scientifique COVID-19 de l’Ontario.
«On ne peut pas faire grand-chose au milieu d’une crise. Les gens sont désespérés, les infrastructures ne fonctionnent pas aussi bien en cas de crise», mentionne-t-il en entrevue.
«Une grande partie de ce que nous avons vu à l’échelle mondiale lorsque nous avons comparé les réponses (à la pandémie) suggère que la préparation est l’élément essentiel.»
Les experts préviennent dans leur rapport que «l’absence de protocoles d’urgence préexistants pour fournir des avis scientifiques a entraîné des retards, alors que le temps de réaction est essentiel en cas d’urgence». À leur avis, une meilleure coordination est nécessaire à «l’échelle de tous les ordres de gouvernement».
Le fait que des groupes consultatifs scientifiques fédéraux et provinciaux communiquaient séparément a donné lieu à de «multiples volets d’avis», «parfois contradictoires», peut-on lire dans le document rendu public vendredi dernier.
Le rapport du groupe indépendant a été demandé par Santé Canada.
Selon le Dr Razak, le Canada peut être fier de certains aspects de sa gestion de la pandémie de COVID-19, entre autres l’utilisation de la surveillance des eaux usées pour détecter la quantité de virus présente dans les communautés.
«Nous avons été l’un des pays pionniers et nous l’avons certainement fait progresser à une échelle supérieure à ce que de nombreux autres pays ont pu réaliser», affirme-t-il.
Mais certaines provinces, dont l’Ontario, ont maintenant procédé à des coupes importantes dans leurs programmes de surveillance des eaux usées, laissant de nombreuses communautés avec «presque aucune donnée», déplore-t-il.
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