Le groupe «Generation Sqeeze» juge inéquitable d’hausser la pension des 65-74 ans

Par Émilie Bergeron, La Presse Canadienne 1:40 PM - 4 octobre 2024
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Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s'est rendu au rassemblement mardi sur la colline parlementaire en soutien au projet de loi bloquiste C-319 sur la pension de sécurité de la vieillesse. Le groupe Generation Squeeze s'oppose toutefois à l'initiative. LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld

Un groupe de défense de l’équité intergénérationnelle a exprimé vendredi sa vive opposition à la demande du Bloc québécois pour que la pension de sécurité de la vieillesse des aînés de 64 à 74 ans soit haussée de 10 % comme cela a été le cas pour les 75 ans et plus.

«C’est maintenant le temps de reconnaître qu’un ménage de retraités ayant un revenu de 180 000 $ n’est pas vraiment le meilleur récipiendaire de rares dollars de recettes fiscales», a dit le fondateur du groupe de pression Generation Squeeze, Paul Kershaw, au cours d’un point de presse virtuel.

Il déplore aussi le soutien des autres partis d’opposition – Le Nouveau Parti démocratique (NPD) et les conservateurs – à l’initiative bloquiste. Les deux formations politiques ont appuyé cette semaine une motion de Bloc réclamant que le gouvernement donne la recommandation royale à son projet de loi C-319 sur la hausse de la pension de sécurité de la vieillesse (SV) afin que l’initiative puisse aller de l’avant.

M. Kershaw plaide pour une mesure d’aide aux aînés plus ciblée plutôt qu’une hausse allant à toutes les personnes âgées de 65 ans à 74 ans. «Il y a des retraités qui ont de la misère et soutenons les», a-t-il ajouté.

Celui qui est professeur associé à l’Université de la Colombie-Britannique estime qu’il vaudrait mieux abaisser le seuil de revenu à partir duquel la prestation de sécurité de la vieillesse doit être remboursée partiellement ou entièrement. Cela ferait selon lui en sorte que les aînés plus fortunés redonneraient à l’État de l’argent qui pourrait être redirigé vers les aînés de 65 à 74 à plus faible revenu.

À l’heure actuelle, le seuil à partir duquel un remboursement peut être demandé est de 90 997 $.

Le Bloc fait de l’adoption de son projet de loi C-319 une de ses conditions pour qu’il évite de faire tomber le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau d’ici à Noël. Il donne aux libéraux jusqu’au 29 octobre pour exaucer ses souhaits, sans quoi il menace d’amorcer des discussions avec les autres partis d’opposition pour renverser le gouvernement.

Des groupes de défense des aînés ont manifesté leur appui au projet de loi C-319, des représentants du réseau FADOQ et de l’Association québécoise des retraités des secteurs publics et parapublics s’étant notamment déplacés. Un rassemblement d’aînés à l’extérieur de l’édifice du Parlement a également eu lieu mardi.

Jusqu’à présent, les libéraux n’ont pas fermé la porte, mais ont largement défendu leur choix de se limiter à une hausse de la sécurité de la vieillesse aux aînés de 75 ans et plus. Plusieurs d’entre eux ont fait valoir au cours des derniers jours que les 65 à 74 ans ont tendance à être moins vulnérables.

Selon des données publiées en 2022 par Statistique Canada, le revenu médian de 75 et plus est de 29 200 $, contre 36 400 $ pour les 65 à 74 ans.

Au moment d’effectuer sa hausse de 10 % de la sécurité de la vieillesse pour les personnes les plus âgées, Ottawa signalait qu’«en 2018, 59 % des pensionnés de la SV de 75 ans ou plus avaient un revenu inférieur à 30 000 $, contre 52 % des pensionnés de 65 à 74 ans».

Selon le directeur parlementaire du budget, accroître le montant des pensions pour les aînés âgés de moins de 75 ans coûterait 16 milliards $ au cours des cinq prochaines années.

Le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, réfute toute idée que C-319 soit une mesure trop coûteuse. Il estime qu’Ottawa pourrait cesser de verser des subventions aux énergies fossiles et rediriger ces sommes dans des mesures telles que la hausse de la pension de sécurité de la vieillesse. Questionné sur ce point, M. Kershaw a dit être d’accord avec la proposition d’utiliser à d’autres fins l’argent des subventions à l’industrie pétrolière et gazière.